« Que d’eau, que d’eau ! », aurait déclaré le Maréchal de Mac Mahon, 3ème président de la République française en 1875, devant les inondations de la Garonne.
On savait ce président (le nôtre) ennemi du beau temps et ses premières images médiatiques le montraient souvent dégoulinant de pluie et lunettes embuées, au hasard de défilés ou de commémorations officielles.
Pas découragé par les intempéries il a poursuivi depuis quatre ans son chemin en essayant d’éviter orages et gouttes pour enfin proposer – imposer la trop fameuse loi « El Khomri », dernière version politique de l’attitude d’un Gribouille politique se jetant à l’eau pour éviter d’être mouillé par les éclaboussures de son triple échec économique, social et politique.
Mais les risques sont désormais d’une toute autre conséquence et nous concernent tous: il s’agit maintenant de naufrage programmé.
« Nuits debout », grèves, manifestations populaires, quelques élus de la République, c’est un profond mouvement populaire qui s’oppose depuis des mois à l’entreprise de sabordage de nos droits sociaux et aux dérives de notre système démocratique qui, lui aussi, prend l’eau.
Comble d’ironie ce sont les protestataires qui sont calomniés, désignés à la vindicte de « l’opinion publique » comme « terroristes », « enragés » et donc, comme le chien dans l’expression populaire, menacés d’être noyés.
L’heure n’étant plus aux demi mesures et les nuages noirs s’accumulant dans le ciel au moment de « l’Euro », c’est maintenant de foudres légales (et policières…) que sont menacés tous ces jeunes et moins jeunes, lycéens et étudiants, salariés, chômeurs ou précaires, pauvres et riches (parfois…), mal pensants, tous contestataires d’un ordre sociétal par trop injuste.
Mais manifestations et expressions de tous ordres d’un trop plein d’indignation qui déborde ne dissuadent pas notre président de continuer sa navigation entre les écueils pour atteindre l’île de toutes les félicités, l’île de sa réélection.
Certes ils ne sont plus très nombreux à vouloir embarquer sur son radeau de la Méduse et quelques concurrents essaient de mettre à l’eau leur arche de Noé.
Mais nous en sommes maintenant aux inondations et crues du siècle, aux risques de glissements de terrains, à l’inondation de villes et de voies de communication.
Il devient urgent d’endiguer et d’écoper (non, non pas avec celui – là), de colmater les voies d’eau.
Il devient urgent de trouver un cap et même un capitaine; il devient surtout urgent que les citoyens mouillent leur chemise pour éviter dérive, échouage, naufrage.
Et même s’il faut suer un peu de sang et d’eau, mais pas pour n’importe qui et n’importe commen…
Et puisque ce Président semble waterproof et que, décidément, il ne veut pas mettre d’eau dans son vin et écouter les gueux, il faut lui rappeler encore et encore que tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse (comme disait déjà ma grand-mère).
Les lettrés pourront rajouter qu’il faut se méfier de la devise « Fluctuat nec mergitur », car ce n’est pas celle de la République…
Christian Rubechi