AU 68 est l’expression haut-rhinoise du collectif national des Associations Unies fondé en 2008 à la suite de l’occupation du canal Saint – Martin par les « Enfants de Don Quichotte » réunit 17 fédérations, fondations, collectifs et associations qui militent pour une politique de solidarité et pour l’effectivité du droit au logement et à l’hébergement.
Le collectif AU 68- représenté lors de leur conférence de presse commune du 27 février à Mulhouse par la Fondation Abbé Pierre Alsace, l’UNAFO, la LDH, Appuis, le Mison de la Citoyenneté Mondiale, la Cimade de Colmar, APPONA 68, a ainsi rappelé que depuis novembre 2015 leur collaboration s’inscrit dans la volonté d’agir en commun pour le respect du droit au logement, à l’hébergement, de l’aide aux personnes en grande précarité.
Ils ont souligné leur refus de se résigner à des situations qui concernent des millions de personnes en France, le refus de « mesurettes » au profit de réformes structurelles permettant une vraie fraternité, dans une démarche où leurs différences en termes d’actions et de moyens deviennent force et complémentarité.
Outre la dénonciation de situations inacceptables ils ont insisté sur leur volonté d’être aussi force de proposition et de partage d’expériences innovantes.
Le programme de la semaine organisée du 6 au 12 mars dans le Haut – Rhin (voir le lien en fin d’article) donne la mesure de leur volonté d’engagement pour une fraternité clé du lien social, née des contacts de leurs salariés et des bénévoles avec ceux qui sont confrontés à des situations d’extrême précarité sociale (emploi, logement, santé..), à la désespérance sociale.
Ils ont exprimé une volonté « politique » pour » repenser la solidarité et non pas seulement la panser « , dans une logique ambiante de remise en cause des plus exclus, de plus en plus ouvertement désignés comme « profiteurs » ; ils ont rappelé les situations administratives kafkaïennes désormais trop fréquentes où leur statut de personne se perd dans des systèmes de gestion et de contrôle à finalité de plus en plus strictement financière, où l’interlocuteur, le responsable, le décideur n’est ni joignable, ni même identifiable alors que leur survie-même est en jeu.
Ils soulignent leur refus de la résignation, des « politiques de la rustine », devant des situations inacceptables; ils dénoncent le déni, par une partie de notre société, de cette fraternité devoir impératif et condition nécessaire à la dignité de chaque humain.
Mais ce sont les mots d’ordre choisis pour leur semaine d’action -« Osez la solidarité !», « la semaine impertinente des associations « , être un « impertinent solidaire « - qui marquent le mieux la mesure de leur détermination.
Rappelons (avec Wikipédia…) que si l’impertinence est une manière irrespectueuse de parler et d’agir, qu’elle relève de l’arrogance et fut reprise au Moyen Âge par des hommes de spectacle pour dire leur fait au roi et aux grands (le personnage du bouffon…), elle fut également une forme littéraire souvent utilisée pour décrier des injustices sociales.
Mot subversif donc qu’AU68 revendique pour exprimer un retournement des valeurs dans notre société où la parole, l’acte, la pensée, le geste altruiste uniquement motivés par la fraternité humaine ou le souci du bien commun devient suspect, voire décrié.
Il serait inconvenant, en somme, de rappeler les réalités vécues, la précarité, la pauvreté, la souffrance et la peur… et les responsabilités!
Le collectif veut donc réveiller les consciences, explorer des alternatives nouvelles, inscrites dans une démarche de progrès par son action qu’il choisit de présenter comme « décalée ».
Et s’il faut donner un autre mot pour caractériser leur action, leur démarche, qu’il soit permis de reprendre celui employé par un membre d’une des associations présentes lors de cette présentation publique : « acculturation ».
Le mot est le plus communément employé pour désigner la transformation de cultures différentes en contact permanent ; certains sociologues et anthropologues ont souligné la dimension idéologique qui marque le concept: celle des rapports dominant – dominés et de la force du modèle à adopter (imposer ?) par tous.
Mais si les groupes minoritaires ne peuvent pas s’inscrire dans une démarche qu’on leur refuse de fait ?
Le collectif dénonce leur stigmatisation trop fréquente comme fraudeurs, paresseux, cas sociaux chair à statistiques…..
Soyons donc nombreux à « Oser la solidarité », à participer à la semaine impertinente des associations d’AU 68, à contribuer à leurs engagements pour rompre la logique mortifère de la relégation de millions de nos concitoyens.
Christian Rubechi
Retrouvez le programme détaillé de cette semaine sur :