Dernière ligne droite avant le premier tour des élections législatives de 2022. Les augures officiels du pouvoir s’affolent quelque peu, il se pourrait que Jupiter n’ait pas la majorité absolue… malgré les efforts des médias à sa botte…
Nous étions bien loin de cet affolement quand nous avons suivis deux candidates de la NUPES dans leur campagne ! Nous y avons vu tout à fait autre chose : un enthousiasme, un dynamisme, un élan optimiste, encouragés par un accueil jamais indifférent mais très souvent chaleureux et respectueux des citoyens.
Dans la 5e circonscription, Nadia El Hajjaji et son remplaçant Axel Renard, nous racontent leur expérience du matin avec les commerçants de l’avenue Aristide Briand.
« Nous avons eu, là comme ailleurs, un bon accueil, avec des personnes curieuses de notre programme et de nos propositions » nous assure Nadia El Hajjaji. « Comme durant toute la campagne, nous avons un excellent contact avec les habitants. C’est vrai dans les quartiers populaires comme les Côteaux, mais également dans les autres, plus proches du centre-ville. Même dans les villages aux alentours, souvent plutôt acquis à la droite, nous avons eu des échanges très positifs et avons très rarement senti une hostilité » poursuit-elle.
Le maître-mot : confiance !
Les deux candidats de cette nouvelle gauche se sentent confiants pour le vote de dimanche prochain et ne craignent pas trop une importante abstention que pourtant les instituts de sondage envisagent en lisant dans leur marc de café…
« J’assure ma troisième campagne législative », rappelle Nadia El Hajjaji. « Les deux autres fois, je n’étais pas candidate mais simple militante soutenant activement le candidat de mon parti. Je n’avais pas rencontré auparavant un tel intérêt pour des législatives. Cela fait des années que j’arpente cette circonscription, jamais je n’ai connu un tel accueil dans les porte-à-porte ou dans les rassemblements citoyens. La réélection de M. Macron a été très mal vécue et l’appel de Jean-Luc Mélenchon de faire des législatives un 3e tour des présidentielles a été entendu. Cela me donne confiance ? »
Axel Renard, très impliqué auprès des jeunes, surenchérit : « Je ressens la même dynamique auprès de la jeunesse. Lycéens et étudiants se sentent de plus en plus concernés par la politique et leur regard se tourne volontiers vers nous car nous apparaissons comme la seule alternative à une politique ultra-libérale qui assombrit leur avenir et qui est incarnée par Emmanuel Macron ».
Leur confiance est renforcée par la discrète campagne menée par leur adversaire macronien, Olivier Becht. Déjà si souvent absent de sa circonscription durant le mandat précédent, le député sortant ne s’aventure pas trop sur le terrain à la rencontre des citoyens. Le bilan de son Chef serait-il donc difficilement défendable ? En tout état de cause, ses seules apparitions publiques se font dans des quartiers dans lesquels il ne risque pas d’être embêté… Comme quoi, le courage n’est pas l’apanage du copain de classe de M. Macron…
Une campagne originale
Les candidats NUPES, au contraire, n’ont pas hésité à arpenter les terres hostiles à la gauche dans certains villages cossus de la banlieue mulhousienne… Tout comme ils utilisent d’une manière originale et nouvelle en politique, les réseaux sociaux pour s’adresser au plus grand nombre et surtout les plus jeunes générations. Il est clair, quoi qu’on puisse en penser, qu’être présent sur Tik-Tok est essentiel et permet de toucher même des jeunes qui ne sont pas encore en âge de voter ! « Mais ils voteront un jour », assure Nadia El Hajjaji. Qui nous montre sur son téléphone le compte de ce réseau dont des petites vidéos ont été vues plus de 200.000 fois !
La NUPES, est un « coup politique » dans le cadre d’une élection ? Et après ? Les deux candidats n’éludent pas la question. « Oui, nous avons réussi à faire l’union en quelques jours après des années de défiance voire d’hostilité. Je vois cela comme une force car il y a une prise de conscience que la gauche ne peut pas décevoir une nouvelle fois ses électeurs. Nous avons tiré les enseignements des erreurs commises sous le gouvernement Hollande et Valls et la NUPES est la réponse aux attentes de des millions de citoyens qui exigeaient une union des partis se réclamant de gauche. Ceux qui récusent cela resteront sur le bord du quai, nous nous sommes montés dans le train qui est à présent sur les rails et pour longtemps, nous ferons tout pour cela ».
Et malicieusement, elle rajoute : « Le train s’arrêtera bien dans une prochaine gare. Cela permettra à ceux qui ont loupé le départ, de monter dans les voitures. »
En attendant, ils devront courir après le train… à moins qu’ils préfèrent monter dans le tortillard de M. Macron…
Un nouvel art de faire de la politique…
Autre terrain, autre ambiance dans la 3e circonscription, à Altkirch où la candidate Priscille Silva organisait une réunion publique dans la Halle au Blés. Là, également nous constatons ce que la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale, apporte de neuf dans le débat politique.
Loin des envolées lyriques des meetings de la gauche d’antan et ses discours interminables avec l’inévitable thèse-antithèse-synthèse et la kyrielle de promesses électorales, nous sommes dans une ambiance beaucoup plus intimiste avec une candidate qui accueille la centaine de personnes avec une intervention très personnelle, dont le message essentiel est : « Je fais de la politique et j’ai choisi la NUPES parce que cela me permet de développer mes convictions profondes. » Nous sommes loin des ambitions personnelles ou de la volonté de construire une carrière qu’a si bien illustré le député sortant Reitzer.
Résumé dans un slogan « Cultiver le vivant », Priscille Silva développe ce concept en s’appuyant sur les sens différents de « cultiver » (se cultiver et cultiver la terre) pour affirmer son attachement à l’évolution des individus dans un monde assaini dans lequel la culture intellectuelle et celle du champ sont d’une seule et même nature. Tout comme sa célébration du « vivant » se décline autour de l’humain, de l’animal, du végétal, résumant parfaitement l’approche originale du programme de la NUPES sur les questions sociales, environnementales et culturelles.
Priscille Silva sait développer des arguments dans lesquels son parcours et ses analyses personnelles rejoignent ce programme qu’elle souhaite défendre une fois élue à l’Assemblée nationale.
Ouvrant la discussion à d’autres candidates de NUPES dans le Haut-Rhin, elle invite Christelle Garel, candidate dans la 4e circonscription, à parler des différentes formes de précarité. Puis à Léonie Hébert (6e circonscription) pour une intervention sur les enjeux du réchauffement climatique et nous sommes bien loin d’une écologie culpabilisatrice du citoyen : pour une fois, on parle bien d’un changement de société nécessaire pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris n’hésitant pas à annoncer les nécessaires nationalisations de certaines entreprises pour les soustraire aux règles du libéralisme échevelés d’un Macron. La SNCF est particulièrement citée, tant la question des transports est essentielle dans la lutte contre l’émission des gaz à effet de serre. …
Quentin Trépaud, le suppléant de Priscille Silva, précise dès lors les engagements pris par la NUPES en matière d’agriculture, d’industrie et de démocratie, là également en profonde rupture avec la politique menée actuellement par le gouvernement de Mme Borne.
Ce qui est frappant, c’est l’adéquation entre les convictions personnelles, leur parcours parfois professionnels, parfois associatif, deux à la fois, et les 650 propositions du programme de gauche ressuscité ! Tout cela donne une crédibilité à ces candidats dont le profil est bien éloigné de celui des politiciens professionnels parfaitement en mesure de tenir un double discours sur tous les sujets…
Très applaudi, Joseph Siméoni, représentant du PCF, a appelé à soutenir fortement cette dynamique qu’il constate lors de la campagne tout en rappelant que ce qui reste à combattre dans le contexte actuel à un nom : le capitalisme.
A la fin de cette soirée, on peut réellement parler d’un vent nouveau qui souffle sur la politique. Et la conclusion de Priscille Silva est elle aussi rafraîchissante. Consciente de se lancer en politique dans une terre de droite, elle définit ainsi son action : « Planter des graines qui germeront tôt ou tard… »
Elle ne limite donc pas son engagement aux seules législatives. Elle est là pour durer…
Constatons que même dans des champs hostiles, la fleur peut surgir du sol…
Michel Muller et Martin Wilhelm
Enregistrement des échanges entre les candidates et soutiens de la NUPES, lors d’une soirée débat hier à Altkirch :







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