Dans le dernier bulletin municipal (« les feuillets », juillet 2017, n° 65), Michel Willemann, maire de Hochstatt, évoque la polémique portant sur les dangers des compteurs Linky,
Le commentaire liminaire donne le ton en établissant un parallèle avec un tout autre sujet, méthode peu élégante pour tenter d’assimiler les opposants à des contestateurs grincheux et de toute éternité, rebelles invétérés et systématiques à toute forme de progrès..
Puis, dans la foulée, après cette ouverture bonhomme en apparence mais néanmoins suintante de mépris, notre échevin revendique, mais un peu tard, la neutralité dans l’affaire, autant que l’impuissance, en s’abritant derrière les autorités de tutelle et en s’y soumettant de fait (que fera-t-il donc le jour où la loi rétablira l’esclavage ?) sans s’appesantir sur l’étonnant paradoxe consistant pour les communes à être propriétaires des compteurs (il ignorait ce fait jusqu’à la confrontation avec les opposants pas si farfelus que ça) sans pouvoir intervenir en aucune manière sur le choix de ceux-ci.
L’utilisation de l’expression « certains » pour désigner les nombreuses personnes qui s’interrogent à juste titre et pour des raisons multiples sur le bien-fondé des compteurs « communicants » relève encore d’un procédé douteux, cherchant à les marginaliser et à les discréditer.
Le premier de nos édiles conclut en faisant une confusion magistrale entre libertés individuelles et santé publique : nous lui rappelons au passage que les communes sont effectivement en capacité d’intervenir en matière de règlementation de circulation de certains types de véhicules, quand ils constituent une source de pollution ou une nuisance sonore (cf. les récentes restrictions de circulation dans les grandes villes).
Mentionnons encore la feuille volante supplémentaire, qui revendique elle aussi l’impartialité, tout en affirmant péremptoirement qu’ « aucune étude « sérieuse » ne prête à ce compteur tous les maux dont on l’accuse ». Aucun argument « contre » n’est cité, mais les voilà tous retoqués en bloc sans le moindre égard pour l’absence de parti-pris affiché.
Existe-t-il une étude « sérieuse » – hormis la communication intéressée et succincte d’Enedis, qui ne mérite pas l’appellation d’ « étude » – qui réfute de façon argumentée les objections émises à l’encontre des compteurs Linky, autrement que par de simples dénégations ?
Qu’appelle-t-on d’ailleurs ici « étude sérieuse » ? Celle menée par les industriels eux-mêmes et les prestataires qui escomptent des retours de bénéfices en termes d’économie de gestion ? A l’instar des garanties d’innocuité de leurs produits reprises telles quelles par les pouvoirs publics sur la simple foi de conclusions établies par les fabricants de pesticides et d’OGM ? N’a‑t-il pas fallu batailler longuement avant de pouvoir établir que les glyphosates Monsanto sont effectivement cancérigènes, sans d’ailleurs avoir pour autant mis en échec définitivement les lobbies concernés ?
Une telle étude, pour être « sérieuse », ne peut être menée qu’en toute indépendance
En un mot, la présentation du dossier Linky dans le bulletin en question est proprement caricaturale et orientée.
L’impartialité proclamée est de pure façade, pour ne laisser aucun doute sur le choix vers lequel doit pencher « l’intelligence » !
On serait en droit d’attendre d’une telle publication qu’elle fasse place à la pluralité des argumentaires, voire au débat contradictoire, seul marqueur de démocratie réelle, concept auquel notre maire semble décidément étranger : l’expression de la citoyenneté ne saurait être confinée au seul ramassage de papiers gras un jour par an sur le ban communal…
Daniel MURINGER
NDLR:
Dans toute la France, des collectifs anti-linky se créent pour lutter contre la désinformation autour de l’installation de ces soit-disants compteurs intelligents. Nous publions ci-dessous le travail fait par le collectif Stop-Linky du Sud Morbihan… A quand un collectif Sud-Alsace?
https://stoplinkynonmerci.org/?-Ce-qu-il-faut-savoir-sur-le-compteur-Linky-
Bonjour,
Bravo pour votre article que j’approuve totalement.
Les maires qui acceptent le débat contradictoire méritent le respect. (v. conseil municipal de la ville de CASTRES en video).
Il faut un peu de courage.
Les citoyens qui se questionnent ont le droit d’être informés en toute transparence sans être ridiculisés.
Cordialement,