Conférence de presse originale dans la Maison de la citoyenneté mondiale. En visiophonie entre Mulhouse, Fribourg et Bâle, les responsables de l’initiative « Voisins solidaires » des trois pays ont tenu simultanément une conférence de presse en allemand et français. Pour la partie mulhousienne, Vincent Goulet a présenté la rencontre qui aura lieu les 22 et 23 septembre au Centre socio-culturel du Pax avec de forts intéressants sujets mis en débats… et en action !

Pour­quoi « Voi­sins soli­daires » (qui n’a rien à voir avec une asso­cia­tion pari­sienne un peu opaque) ? Dans la région Trois Fron­tières (Bade, Bâle, Sud Alsace) de nom­breuses ini­tia­tives de la socié­té civile (asso­cia­tions, col­lec­tifs, fon­da­tions, entre­prises de l’économie sociale et soli­daire) se sont déve­lop­pées dans l’optique de pro­mou­voir un déve­lop­pe­ment sou­te­nable, aus­si bien sur le plan éco­lo­gique que social.

Des expé­riences et com­pé­tences signi­fi­ca­tives ont été accu­mu­lées au fil du temps, mais les contacts res­taient limi­tés entre voi­sins. La bar­rière de la langue, les envi­ron­ne­ments admi­nis­tra­tifs très dif­fé­rents, le manque de temps et d’argent mais aus­si les façons dif­fé­rentes de concep­tua­li­ser le champ de l’économie soli­daire et sou­te­nable com­pliquent les coopé­ra­tions potentielles.

Pour­tant, cha­cun convient qu’il y a à apprendre des voi­sins et à don­ner une dimen­sion rhé­nane à ces activités.

La Mai­son de la Citoyen­ne­té Mon­diale (MCM) de Mul­house a pris l’initiative, avec trois asso­cia­tions fri­bour­geoises (die Fabrik, Treff­punkt et Fri­ga) et une asso­cia­tion bâloise (Kon­takts­telle für Arbeits­lose, d’une ren­contre trans­fron­ta­lière pour les asso­cia­tions de notre région.

Tout cela ne part pas de rien

Ces contacts entre asso­cia­tions de la Regio Trois Fron­tières ne sont pas rares. Des confé­rences sont régu­liè­re­ment orga­ni­sées par la Mai­son de la Citoyen­ne­té et des asso­cia­tions alle­mandes et suisses aux­quelles s’associent des syn­di­ca­listes des trois pays. La Com­mis­sion euro­péenne sou­tient une struc­ture, Eures‑T, ras­sem­blant syn­di­cats, employeurs et orga­nismes publics de l’emploi sur la thé­ma­tique du tra­vail et de ses condi­tions transfrontalières.

Mais l’initiative « Voi­sins soli­daires » a choi­sit des thèmes bien ciblés en belle com­plé­men­ta­ri­té avec les autres évé­ne­ments transfrontaliers.

Trois thèmes seront trai­tés et devraient conduire à des coopé­ra­tions futures :

  • Les jar­dins urbains
  • La lutte contre le chô­mage des plus de 45 ans
  • Le déve­lop­pe­ment sou­te­nable et la tran­si­tion éco­lo­gique et sociétale.

Les 22 et 23 sep­tembre, des confé­rences-débats thé­ma­tiques, des ate­liers de méthode pour la coopé­ra­tion trans­fron­ta­lière, un « mini-salon » et des moments cultu­rels et convi­viaux per­met­tront de poser les jalons d’une coopé­ra­tion concrète entre les asso­cia­tions des régions de Bâle, Frei­burg et Mulhouse.

Par exemple, se rendre visite pour apprendre de nou­velles tech­niques de jar­di­nage et s’échanger des semences, uti­li­ser une période de chô­mage pour renouer avec la langue du voi­sin et reprendre confiance en soi pour « rebon­dir » dans un nou­vel envi­ron­ne­ment, inven­ter des cir­cuits courts qui fran­chissent les frontières…

Ces deux jours sont gra­tuits et ouverts à toutes asso­cia­tions et per­sonnes inté­res­sées par les échanges transfrontaliers.

Une cen­taine de per­sonnes sont atten­dues (asso­cia­tions d’é­co­no­mie sociale et soli­daire, struc­tures d’in­ser­tion, groupes de chô­meurs et pré­caires, per­sonnes res­sources, étu­diant-e‑s, etc.) pour pré­sen­ter leurs expé­ri­men­ta­tions et réflé­chir à ce que nous pou­vons faire ensemble au-delà des frontières.

Cette mani­fes­ta­tion s’inscrit éga­le­ment dans le pro­gramme natio­nal « Fête des Possibles ».

Apprendre les uns des autres…

Mais qu’est-ce qui inté­ressent nos amis bâlois et badois dans la situa­tion mul­hou­sienne ? Gaby Wul­fer, de Fri­ga Fri­bourg, mou­ve­ment qui lutte depuis 30 ans pour l’insertion des chô­meurs, voit dans l’esprit soli­daire en France, un atout qu’elle sou­haite dif­fu­ser dans une Alle­magne trop encline, selon elle, à l’individualisme. Elle rap­pelle par exemple que les mesures Hartz IV prises par le chan­ce­lier Schrö­der ont des effets dévas­ta­teurs pour les chô­meurs en Alle­magne et semblent bien vou­loir ins­pi­rer M. Macron en France. Voi­là un exemple de coopé­ra­tion tout trou­vé dans cette période où la déré­gu­la­tion sociale semble être une orien­ta­tion par­ta­gée dans qua­si­ment toute l’Europe… sans résul­tats pro­bants. Car même en Alle­magne, ce ne sont pas les mesures Hartz IV qui sont la cause prin­ci­pale d’un taux de chô­mage infé­rieur par rap­port au reste de l’Europe.

Le but de ces deux jours est d’arriver à mettre sur pied des pro­jets au-delà des fron­tières, de se mettre à dis­po­si­tion d’associations pour réa­li­ser des ini­tia­tives com­munes. « Voi­sins soli­daires » sou­haitent deve­nir une plate-forme, pré­sente sur Inter­net, un lieu de docu­men­ta­tion et de sou­tien à l’action asso­cia­tive dans tous les domaines.

Pour­quoi le Rhin est-il un fleuve ? Pour pou­voir construire des ponts !

Le pro­gramme des deux jours fait bien appa­raître les thé­ma­tiques chères aux orga­ni­sa­teurs. Ain­si, le ven­dre­di 22 sep­tembre se dérou­le­ra comme suit :

De 14 h à 19 h, on pour­ra visi­ter un mini-salon avec des stands d’informations

 Après un accueil à 14 h, trois confé­rences-débats avec tra­duc­tion simul­ta­née se dérouleront.

De 14 h 30 à 15 h 30, les Jar­dins urbains par­ta­gés, situa­tion et pers­pec­tives à Bâle, Fri­bourg et Mul­house avec Sté­pha­nie Koch (Bie­nen­coop Fri­bourg), Valé­ry Boh­rer (ATD Quart Monde Mul­house) et Bri­git­ta Dig­gel­mann, Per­ma­kul­tur Gar­ten Grel­lin­gen à Bâle.

De 15 h 30 à 16 h 30, le Chô­mage des plus de 45 ans : osons la soli­da­ri­té, avec Gün­ter Melle, Nicho­las Schaff­ner et Hans-Georg Heimann.

De 16 h 30 à 17 h 30, La tran­si­tion, c’est pos­sible, mais com­ment ? avec Gré­go­ry Baïot­to (Val­lée de Muns­ter en Tran­si­tion) et Nik­las Mischo­kows­ki (Gemein­wohl-Oeko­no­mie Fribourg).

daniel

Daniel Murin­ger

Après une col­la­tion, une soi­rée artis­tique débu­te­ra à 20 h avec le Théâtre Tri­na­tio­nal qui joue­ra « Murs » et le clou sera assu­ré par Daniel Murin­ger qui inter­prè­te­ra des chan­sons alé­ma­niques, fran­çaises et alle­mandes… Seul artiste alsa­cien qui fait vivre cette culture com­mune que nous avons au-delà des fron­tières, il fait vivre cette phrase de la grande poé­tesse et écri­vaine alsa­cienne Lina Rit­ter : « Pour­quoi le Rhin est un fleuve ? Pour qu’on puisse construire des ponts… »

Le len­de­main, same­di 23 sep­tembre, trois ate­liers se dérou­le­ront à par­tir de 10 h paral­lè­le­ment avec des aides à la traduction.

Le pre­mier s’interrogera sur la bar­rière de la langue et autres bar­rières, ani­mé par Vincent Gou­let, le second por­te­ra sur les Finan­ce­ments des pro­jets et des outils qui faci­litent leur mon­tage, le troi­sième par­ler de la mobi­li­sa­tion des citoyens et des élus.

A 14 h, une syn­thèse de ces deux jours sera effec­tuée avec l’adoption d’un « Appel pour la coopé­ra­tion trans­fron­ta­lière de la socié­té civile ».

Des sou­tiens sur­tout alle­mands et suisses

Si le Conseil dépar­te­men­tal du Haut-Rhin ain­si que la M2A par le biais de la ville de Mul­house, sou­tiennent ces deux jour­nées, il faut bien recon­naître que ce sont sur­tout les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales alle­mandes et suisses qui apportent leur contri­bu­tion à l’organisation de cette jour­née. Il fau­dra bien qu’un jour nos col­lec­ti­vi­tés se mettent au niveau de leurs par­te­naires éco­no­miques, sociaux et cultu­rels poten­tiels de Bade et de Bâle.

Michel Mul­ler