Quelques 500 tracts distribués rapidement devant la gare de Mulhouse ce 18 décembre, journée mondiale des migrants. 

 Symbolique, oui…mais pas que.…

 Les mil­liers d’en­fants, de femmes et d’hommes accablés.e.s par les vio­lences, les dan­gers de mort sur les routes de l’exil, ne laissent plus indif­fé­rents une opi­nion publique recrue  de men­songes, de phan­tasmes, de cal­culs élec­to­raux de poli­ti­ciens minables, de désinformation.

 Le mépris des droits humains, la cri­mi­na­li­sa­tion des béné­voles, les finan­ce­ments de camps de tri en Libye, l’a­ban­don de mil­liers de mineurs tota­le­ment iso­lés aux hasards et dan­gers de la rue, inter­rogent de plus en plus une opi­nion publique qui évo­lue rapi­de­ment sur ces sujets, qui com­prend la réa­li­té des drames et l’in­di­gence des poli­tiques publiques pro­po­sées – en France notamment.

 500 asso­cia­tions et col­lec­tifs natio­naux vou­laient d’a­bord affir­mer ce 18 décembre que ces poli­tiques de chasse au migrant, de vio­la­tion des droits humains élé­men­taires ne sont pas conduites en notre nom.

 La France de l’ac­cueil s’est mise en mou­ve­ment par ses mobi­li­sa­tions de citoyens soli­daires et res­pon­sables, eux…

Les dis­po­si­tifs les plus répressifs

 Mais ce gou­ver­ne­ment, celui de Mon­sieur Macron, pré­pare un pro­jet de loi qui dur­cit encore les condi­tions d’ac­cueil des migrants; il invente des dis­po­si­tifs qu’au­cun gou­ver­ne­ment n’a­vait encore osé ima­gi­ner (éloi­gne­ment vers des pays de tran­sit, refou­le­ment pur et simple à la fron­tière fran­co – ita­lienne, dis­po­si­tif de ren­voi mas­sif de sans – papiers mais aus­si de deman­deurs d’a­sile, contrôles poli­ciers jusque dans les centres d’hé­ber­ge­ment sociaux ou d’a­bri d’ur­gence, redé­fi­ni­tion de la notion de pays sûrs, réin­ven­tion des centres d’as­si­gna­tion à rési­dence à proxi­mi­té des aéro­ports, mobi­li­sa­tion de dis­po­si­tions  issues du dis­po­si­tif anti – ter­ro­riste pour se dis­pen­ser du contrôle judi­ciaire tels les contrôles au faciès, les zones de contrôles fron­ta­liers élargies…).

 Outre que nombre de ces dis­po­si­tions sont en contra­dic­tion avec des dis­po­si­tions légales natio­nales et euro­péennes, avec nombre de conven­tions inter­na­tio­nales signées par la France, elles sont pré­sen­tées par le loca­taire de l’E­ly­sée comme un dis­po­si­tif ration­nel, équi­li­bré humain…« effi­cace » en somme.

 En fait il s’a­git désor­mais de sous – trai­ter la demande d’a­sile, ses garan­ties légales natio­nales et euro­péennes,  ses prin­cipes fon­da­teurs même, à des pays tiers (Tur­quie comme réfé­rence et Tuni­sie, Maroc, Algé­rie, Niger, Mali sans doute demain).

Le dis­tin­guo entre « deman­deurs d’a­sile » et « migrants éco­no­miques » cher à Emma­nuel Macron ne cache même plus la réa­li­té de poli­tique de ren­voi sys­té­ma­tique des uns comme des autres.

Le mur légis­la­tif : une ter­rible régression

Carine Fou­teau, dans un article repris par « Media­part » évoque à juste titre le « mur légis­la­tif » construit par le Ministre de l’Intérieur.

Le Défen­seur des droits observe par ailleurs que le dis­po­si­tif de ren­voi touche par­ti­cu­liè­re­ment les étran­gers malades et cite l’é­loi­gne­ment de per­sonnes dont les patho­lo­gies ne peuvent pas être trai­tées dans leur pays d’o­ri­gine; il sou­ligne « la régres­sion par­ti­cu­liè­re­ment ter­rible et une atteinte au droit fon­da­men­tal le plus essen­tiel, le droit à la vie ».

Plus d’un an après la des­truc­tion de la jungle de Calais, des experts de l’O.N.U viennent de rap­pe­ler à la France la néces­si­té d’oc­troyer de l’eau potable aux migrants, de ces­ser la mal­trai­tance orga­ni­sée à leur encontre.

La ques­tion est désor­mais de savoir jus­qu’où ira ce Pré­sident pour, « en même temps » expul­ser, inter­dire, oublier nombre d’en­ga­ge­ments inter­na­tio­naux de la France, impo­ser aux pays d’o­ri­gine récal­ci­trants, notam­ment afri­cains, des réad­mis­sions de leurs natio­naux, par ce qu’il faut bien nom­mer un chan­tage aux aides finan­cières publiques au déve­lop­pe­ment et « en même temps » cacher la réa­li­té de sa poli­tique qui semble désor­mais ébran­ler quelques cer­ti­tudes dans les rangs même de sa majorité.

En Alsace comme ailleurs le  pro­ces­sus natio­nal de ren­contres, débats, mobi­li­sa­tions est désor­mais  lan­cé, avec l’en­semble des per­sonnes impli­quées aux côtés des migrant.e.s pour éla­bo­rer des pro­po­si­tions, une poli­tique alter­na­tive au niveau natio­nal comme au niveau euro­péen, les Etats géné­raux des migrations. 

 Il faut le rejoindre…

 C.R