En vue des élec­tions muni­ci­pales de 2020 à Mul­house, la rédac­tion d’Alterpresse68 convie ici l’en­semble des can­di­dats sus­cep­tibles de vou­loir affi­cher leurs pro­grammes, à l’oc­ca­sion du scrutin. 

Pour ini­tier cette rubrique, nous publions ci-des­sous le texte de la tri­bune pro­po­sée par Loïc Mine­ry, tête de liste MU2020.

Muni­ci­pales 2020 à Mul­house : un triple défi éco­lo­gique, social, démo­cra­tique et une indis­pen­sable transformation

Dans un peu plus de 6 mois se tien­dra un scru­tin phare de la vie publique de notre pays. A Mul­house, l’élection muni­ci­pale de mars pro­chain doit, et c’est un préa­lable, renou­ve­ler à la fois le per­son­nel poli­tique aux affaires, les pra­tiques en cours et le conte­nu doc­tri­nal. Par­ler de conte­nu appa­raît d’ailleurs comme exa­gé­ré, compte-tenu des ater­moie­ments, des virages à 360° et autres recu­lades qui ont émaillé le der­nier man­dat rott­ne­rien. Désor­mais, pro­mettre le chan­ge­ment, tout le monde peut le faire. En revanche, remettre à plat la vision qui pré­side à la gou­ver­nance de la cité du Boll­werk selon des logiques inédites, peu osent s’y ris­quer. C’est que faire de la défense de l’environnement, en arti­cu­lant lutte contre le chan­ge­ment cli­ma­tique, pro­tec­tion du vivant et construc­tion d’un grand plan de rési­lience ter­ri­to­riale, une cause urgente et ardente, ne peut tolé­rer les petits pas ou le ver­dis­se­ment mal­hon­nête des dis­cours. Pro­té­ger nos terres, notre eau, pré­ser­ver notre air c’est répondre pré­ci­sé­ment à la crise sani­taire que nous subis­sons et recon­qué­rir une qua­li­té de vie hélas bien entamée.

Un autre impé­ra­tif per­met­tra de rapi­de­ment sélec­tion­ner les pro­jets les plus valables : le devoir d’humanité et de soli­da­ri­té. Les défis sociaux sont immenses dans notre ville. Trop de frac­tures, déjà béantes, se creusent encore. Redon­ner du pou­voir de vivre à ceux qui ont trop peu, refu­ser la pré­ca­ri­té et le mal-loge­ment, impli­quer toutes et tous dans un pro­jet de par­tage et d’équité, ce sont certes des grands mots mais que nous éri­ge­rons en prin­cipes car­di­naux de notre action, au-delà des simples incantations.

La démo­cra­tie, tout le monde en remet une louche mais les faits sont têtus. Com­ment accep­ter qu’à deux reprises les Mulhousien.ne.s aient été spolié.e.s de leur choix. Pour construire une légi­ti­mi­té, on ne désigne pas un maire en conclave, on élit une per­son­na­li­té et son équipe au suf­frage uni­ver­sel direct, point barre. Pour vivi­fier la démo­cra­tie locale et la rendre active, on doit accep­ter et encou­ra­ger les pro­po­si­tions citoyennes, pas les orien­ter ou les finan­cer au rabais. En résu­mé c’est une cohé­rence qu’il s’agit de culti­ver et non d’invoquer, ce sont une vision et un conte­nu lucides qui sont à intégrer.

Ville et agglo­mé­ra­tion, finie la récréation !

La ville n’est pas une île. Elle est le noyau cen­tral et bouillon­nant d’une agglo­mé­ra­tion hété­ro­clite. Il est impen­sable de déci­der contre 38 autres ou folie de vou­loir vas­sa­li­ser des com­munes péri­phé­riques. L’intercommunalité n’allait pas de soi mais elle est là. Emaillée de crises incom­pré­hen­sibles au com­mun des mor­tels, son his­toire labo­rieuse nous oblige à lui des­si­ner un futur dési­rable. Outre l’épineuse ques­tion de la fis­ca­li­té locale, son pro­jet de « ter­ri­toire rési­lient » et sa capa­ci­té à « faire socié­té » seront les clés de sa réus­site à moyen/long terme. Mais là encore, à l’instar de la ville centre, le per­son­nel poli­tique aux manettes semble dépas­sé. Obnu­bi­lés par une rigueur bud­gé­taire para­ly­sante, répé­tant à l’envie se battre pour l’attractivité éco­no­mique du ter­ri­toire sans se ques­tion­ner sur la per­ti­nence des acti­vi­tés accueillies, et ayant tout récem­ment cédé aux sirènes du macro­nisme, le vais­seau inter­com­mu­nal et ses prin­ci­paux déci­deurs s’éparpillent. Pour­tant l’heure est grave. Faute de volon­té poli­tique par­ta­gée, les sur­faces com­mer­ciales comme les lotis­se­ments ne cessent d’avancer et d’avaler les terres fer­tiles. Faute d’inspiration et de culture éco­lo­gique, les dépla­ce­ments res­tent scan­da­leu­se­ment car­bo­nés et les trans­ports col­lec­tifs sous-cali­brés. Faute de cou­rage, et à rebours des pres­sions citoyennes, trop d’élus pra­tiquent une ges­tion à la petite semaine, se conten­tant de satis­faire les inté­rêts trop par­ti­cu­liers de leurs administrés.

Par­lons politique(s)

L’agglomération mul­hou­sienne n’est pas qu’un archi­pel iso­lé. Nos vies sont aus­si tra­ver­sées par des pré­oc­cu­pa­tions qui dépassent le cadre de notre ter­ri­toire vécu. Les marches pour le cli­mat en sont le par­fait exemple, appe­lant par-delà les contin­gences admi­nis­tra­tives une action déter­mi­née et en actes pour refu­ser l’inéluctabilité des crises cli­ma­tiques, sani­taires ou encore liées à l’extractivisme et à l’érosion de la bio­di­ver­si­té. Nos contem­po­rains ont conscience des réper­cus­sions qu’ont nos modes de vie sur les plus vul­né­rables, dans le monde rural au Niger, dans les pro­vinces pauvres de Chine, dans la capi­tale du Ban­gla­desh, Dac­ca. D’aucuns savent que ce modèle génère des dépla­ce­ments contraints, qu’une loi inique, sobre­ment appe­lée « asile et immi­gra­tion » et votée à l’unisson par nos par­le­men­taires alsa­ciens, tente de refou­ler. Pour, Bru­no Fuchs et Oli­vier Becht, dépu­tés char­més par les atours modernes de la macro­nie. Ne l’oublions pas, ne les oublions pas.

A un autre niveau, le rai­dis­se­ment des valeurs est illus­tré par les votes du conseil dépar­te­men­tal, avec le fameux RSA contre béné­vo­lat. La moi­tié des « béné­fi­ciaires » sont mul­hou­siens. Et donc soup­çon­nés de ne pas vou­loir tra­vailler ; résul­tat des courses, 5 conseillers dépar­te­men­taux éga­le­ment élus mul­hou­siens (vive le cumul !), tous pour. Ne l’oublions jamais, ne les oublions jamais.

La liste est poten­tiel­le­ment très longue. Des dépu­tés favo­rables au CETA, à la 5G, à l’affaiblissement des normes envi­ron­ne­men­tales, au déman­tè­le­ment du loge­ment social, au recul des pro­tec­tions pour les plus défa­vo­ri­sés… Une famille poli­tique aux manettes de la ville, les Répu­bli­cains, qui a si mol­le­ment pro­tes­té suite à la dérive droi­tière de Laurent Wau­quiez et sur­tout à l’issue d’un résul­tat cala­mi­teux lors des der­nières euro­péennes. Parions que si leur score avait été ne serait-ce que dou­blé, leur appro­ba­tion de la ligne du désor­mais ancien patron aurait été presque una­nime… En sub­stance, un conden­sé idéo­lo­gique où se bous­culent obses­sion sécu­ri­taire, concep­tion « Manif pour tous » de la famille, refus de « l’assistanat ». Bref, de quoi pul­vé­ri­ser ce qui reste de vivre-ensemble dans notre ville. Il y a des moments où l’exigence de clar­té impose de poin­ter du doigt le dan­ger que nos déci­deurs, par leur appar­te­nance par­ti­sane, font peser sur la concorde municipale.

Vous l’aurez com­pris, relier l’actualité glo­bale et les déci­sions poli­tiques natio­nales à l’action com­mu­nale, per­met de mieux sai­sir l’aridité du pro­jet muni­ci­pal ten­dance Lutz/Rottner. A un posi­tion­ne­ment hors-sol et à une vision trop mar­ke­ting du des­tin de notre ville, nous pri­vi­lé­gie­rons la constance et l’épaisseur des convic­tions, au ser­vice d’une ville qui nour­rit, où la soli­da­ri­té et le lien priment sur l’entregent.

Ce qui nous anime

D’une cer­taine façon, Mul­house, ville autre­fois « aux cent che­mi­nées » et même « Man­ches­ter fran­çais », pour­rait se tar­guer d’incarner une « Capi­tale du monde », à la croi­sée des che­mins dou­lou­reux ou plus heu­reux, mais riche et fière de sa mosaïque cultu­relle ; par son his­toire et son pré­sent tumul­tueux, presque à la ren­contre des mondes rhé­nan et médi­ter­ra­néen, la qua­li­fier de « Mar­seille de l’Alsace » serait à peine exa­gé­ré. Sa posi­tion dou­ble­ment fron­ta­lière consti­tue une autre ouver­ture sur des mondes à la fois si proches et si loin­tains. Nos amis de Frei­burg-im-Breis­gau nous ont mon­tré le che­min, par la mise en place, tam­bour bat­tant, d’une poli­tique éco­lo­gique des trans­ports et de l’habitat. Une audace bien plus ins­pi­rante que l’armada banques – assu­rances – Big Phar­ma de la richis­sime métro­pole bâloise. L’axe de coopé­ra­tion Frei­burg-Mul­house mérite d’être ren­for­cé ; nous nous y attè­le­rons en nous appuyant sur une liai­son fer­ro­viaire conso­li­dée et un ter­ri­toire post-nucléaire à se réap­pro­prier. La chose sera d’autant plus aisée que le Gemein­drat ou conseil muni­ci­pal de la ville est domi­né par des amis éco­lo­gistes et que nous avons déjà déve­lop­pé des habi­tudes de tra­vail communes.

De même, nous assu­me­rons des prises de posi­tions fermes sur des enjeux mon­diaux : nous nous décré­te­rons Zone Hors Trai­tés de libre-échange, nous condam­ne­rons le sort réser­vé aux pales­ti­niens, empri­son­nés à ciel ouvert, nous rejoin­drons les villes en tran­si­tion… . Pour le bien-être col­lec­tif, nous refu­se­rons la 5G ou l’installation sans consen­te­ment popu­laire des comp­teurs dits intel­li­gents. Nous pour­rions expé­ri­men­ter le dis­po­si­tif « 0 chô­meur de longue durée », ain­si que le « reve­nu mini­mum social garan­ti ». Nous met­trons sur pied un plan d’action pour la rési­lience et l’autonomie ali­men­taire du territoire. 

La jeu­nesse, autre grande cause de la man­da­ture, doit pou­voir s’émanciper et trou­ver à s’employer sur le ter­ri­toire mul­hou­sien. L’offre cultu­relle, les pos­si­bi­li­tés de se dépla­cer et l’accompagnement édu­ca­tif devront être étof­fés et garan­tis. L’implication citoyenne de cette jeu­nesse est un autre com­bat que nous porterons.

Sai­sir l’opportunité

Il n’est pas néces­saire de déve­lop­per davan­tage ces quelques grands axes de notre cam­pagne. Ils suf­fisent à prou­ver que nous aurons à cœur de construire bien dif­fé­rem­ment et avec déter­mi­na­tion. Et pour y par­ve­nir nous met­trons tout en œuvre. Rare­ment les éco­lo­gistes et les dif­fé­rentes com­po­santes de la gauche ne s’étaient élan­cés réunis dès la cam­pagne de 1er tour. Europe Eco­lo­gie – Les Verts, Générations.s, le Par­ti Com­mu­niste, Alter­na­tives & Auto­ges­tion, des citoyens insou­mis, des citoyens non encar­tés, notre ras­sem­ble­ment est plu­riel et ambi­tionne de chan­ger de para­digme. Jamais la ville n’a eu d’écologiste à sa tête. A la molle alter­nance depuis un demi-siècle entre social-démo­cra­tie et droite, il est temps de répondre par l’irruption d’une géné­ra­tion nou­velle et de tour­ner ensemble la page d’une ville-trem­plin pour car­rié­ristes. Mul­house mérite bien mieux. La vie ne doit plus être qu’une ques­tion de survie.

Ne nous regar­dez pas, rejoignez-nous !

Loïc MINERY

Tête de liste du ras­sem­ble­ment des éco­lo­gistes, de la gauche et des citoyens

contact@mu2020.eu