A l’occasion de la manifestation contre la réforme des retraites du mardi 17 décembre, notre collaborateur, Christian Rubechi, s’est entretenu avec Perrine PRIVEL, du mouvement ANV-COP21, présente dans les rangs des manifestants.
Mais auparavant, le mouvement nous a suggéré d’assister à la fête du « sinistre Noël alsacien », selon la formule du groupe local de Mulhouse, lequel a entrepris de sensibiliser le public sur le dossier Stocamine au marché de Noël, en se parant d’un masque circonstancié:
Rencontre avec Perrine PRIVEL
A écouter la jeune activiste du jeune Mouvement non violent ANV-COP21 créé en 2015 pour veiller au respect des accords de Paris, le vert, le jaune et le rouge semblent bien être des couleurs à marier.
Le vert, évidemment, pour un mouvement issu d’Alternatiba, qui défraie régulièrement la chronique sociale par ses actions non violentes et fortement symboliques contre des sociétés identifiées par le mouvement comme complices, voire acteurs, de projets et d’investissements néfastes pour le climat et l’environnement.
Ainsi des actions diverses contre la banque Société générale accusée d’investir massivement dans des activités hautement « climaticides », polluantes, sources de dégâts environnementaux majeurs (actions des chaises « empruntées » dans les locaux de diverses agences, actions « serpillières » pour nettoyer symboliquement les halls d’entrée d’agences de la dite banque, interdiction d’accès à la tour de la Défense siège de la S.G – et en même temps l’accès aux tours Total et EDF – avec Greenpeace et les Amis de la Terre, actions contre les gaz de schiste, etc……).
La liste des actions du Mouvement s’allonge régulièrement…. mais n’oublions surtout pas l’action « décrochage » des portraits officiels du président Macron, empruntés dans quelques mairies ; actions qui ont donné lieu à des poursuites devant les tribunaux à la demande de certains maires mais qui ont eu le grand mérite de dénoncer notre Jupiter – de fait plutôt divinité à double face comme Janus -, et ses postures/impostures en matière d’écologie.
Pour ANV-Cop 21, au bouton nucléaire aurait donc succédé le « bouton climatique », déclencheur potentiel d’une apocalypse due au réchauffement climatique et aux errements environnementaux.
Le combat symbolique et pacifique contre les complices et acteurs de ces dérives, ceux qui sont susceptibles d’appuyer sur « le » bouton, est donc à l’ordre du jour.
Le mouvement climat rappelle volontiers que plus de la moitié des sommes investies en assurances- vies pour assurer un confort de vie future à nous-mêmes ou à des proches l’est dans des entreprises participant à la destruction de nos systèmes sociaux : près de 15% des sommes collectées au titre des assurances-vie seraient affectées au financement de ces entreprises d’hydrocarbures ou d’extraction de minerais qui hypothèquent l’avenir en aggravant le dérèglement climatique, en menaçant les conditions de vie sur la Terre…Un comble pour des assurances vie, on en conviendra !
La véritable « Assurance – vie Climat » serait donc de contribuer par des dons aux associations engagées, comme Alternatiba et ANV Cop21, pour répondre à l’urgence écologique et climatique.
ANV- Cop 21 évoque aussi volontiers les traditions du don de 10% des revenus propres comme le prescrivent des traditions juives, chrétiennes, musulmanes, pour défendre l’intérêt général….
Mais le jaune aussi est bien présent dans la palette des actions « climat, en particulier dans les expressions de solidarité avec ANV-Cop 21 constatées devant les Tribunaux – y compris récemment à Mulhouse – ou dans diverses manifestations sur la voie publique.
Le vert n’était pas la couleur dominante sur les ronds points et les convictions écologiques des Gilets jaunes pourraient être interrogées ?
Peut – être, mais pas leur solidarité avec la mouvance « écolo » et particulièrement avec ceux qui, comme eux le sont déjà, pourraient être demain victimes d’une véritable répression politique dont leur non violence pourrait ne pas les protéger.
Mais le rouge ? Le rouge du mouvement ouvrier, le drapeau « social » ? Après l’appel à soutenir les mouvements sociaux contre la réforme des retraites, la dénonciation, dans des termes que ne désavoueraient pas les syndicats de salariés, de la récente réforme de l’assurance chômage qui pénalise les travailleurs pauvres et les précaires, après la dénonciation des baisses de certaines cotisations sociales et le refus d’en augmenter d’autres au détriment des comptes de la Sécurité sociale, après la dénonciation de la dégradation de l’Hôpital public au profit des systèmes privés d’assurances santé, le rouge est bien lui aussi dans la palette, à côté du vert et du jaune.
Faudrait-il y rajouter le noir ?
Quelle couleur, sinon le noir profond, évoquent les travaux de 1972 du Club de Rome et son rapport célèbre sur le thème « Halte à la croissance », aux conclusions réaffirmées en 2012 ?
Impuissance politique, effets sur le réchauffement climatique des gaz à effet de serre, appels à décroissance radicale, sont plus que jamais d’actualité et le rapport actualisé du Club, qui regroupe nombre d’experts reconnus, va dans ce sens d’une catastrophe annoncée.
Et comment ne pas évoquer le rapport du GIEC 2018 ou les appels onusiens récents – dont celui du Secrétaire général – pour agir d’urgence au niveau mondial contre le changement climatique.
Certains se prépareraient à défendre par la force leurs intérêts, à protéger leurs avantages face à la révolte des milliards d’humains potentiellement affectés qui seront touchés par un futur effondrement dû à la diminution des ressources, à la dégradation de l’environnement, au désastre programmé et même daté par les experts du Club de Rome, si le « business as usual » continue avec les impacts dénoncés : surconsommation des ressources mondiales, dégradation climatique, saccage de l’environnement (voir l’article de J.P Basquiat dans Médiapart du 8 avril 2012).
Certes le mélange des couleurs est un art difficile, tous les peintres vous le diront !
La perception même des couleurs donne lieu à des théories scientifiques diverses, et la confrontation Newton et Goethe du début du 19ème siècle sur la valeur physique ou largement psychologique des paramètres couleurs n’est pas si lointaine.
Pour tous les acteurs, pour les camps des solidarités, il faudra bien réussir le difficile mélange du vert, du jaune, du rouge, marier ces couleurs pour qu’il y ait un avenir, pour voir la vie… en rose ! chantait déjà Edith Piaf.
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