La radio publique badoise SWR3 rend compte de la visite de médecins spécialisés dans la médecine de catastrophe à leurs collèges strasbourgeois, de sorte à en informer précisément leurs autorités.
Les médecins allemands explicitent ce que l’on sait déjà, sans toutefois le dire tout haut : tous les patients ne peuvent être ventilés. Les conditions d’accueil sont si tendues que les patients atteints du virus et âgés de plus de 80 ans, reçus dans un état critique, ne sont pas ventilés et sont placés dans les unités de soins intensifs.
Selon le rapport, depuis le 21 mars, ces malades n’auraient reçu que des soins de fin de vie et des soins palliatifs. Essentiellement des analgésiques et des somnifères, de sorte qu’ils ne survivront pas à la maladie.
Il en va de même pour les personnes gravement malades dans les maisons de retraite.
Un patient admis par heure
Par ailleurs, le CHU de Strasbourg doit admettre toutes les heures un patient nécessitant une ventilation artificielle.
Les patients dépendent de ces appareillages pendant environ deux à trois semaines.
Au moment de la visite des médecins, le 23 mars, le CHU de Strasbourg disposait de 90 postes de ventilation disponibles. Selon les informations, ils devraient être portés à 200 par la conversion des salles d’opération.
Il est également précisé que bon nombre de ces malades souffrent de plusieurs infections. On mentionne notamment des maladies fongiques ou des surinfections bactériennes.
Les médecins et les infirmières malades continuent de travailler… même malades !
Afin de pouvoir soigner les malades, les infirmières et les médecins seraient autoriser à poursuivre leur travail, même infectés par le coronavirus, à condition qu’ils soient asymptomatiques.
Pour ce qui concerne la protection du personnel soignant, les médecins allemands relèvent que de toute évidence, on ne peut toujours pas fournir suffisamment de masques de protection au personnel.
Réaction du Bade-Wurtemberg et du CHU de Strasbourg
Un porte-parole du ministère de l’Intérieur du Bade-Wurtemberg a confirmé la réception du rapport médical, et indiqué que les informations récoltées seront évaluées rapidement.
Le CHU de Strasbourg a également commenté ledit rapport. Ainsi le chef du service anesthésie chirurgicale, Paul Michel Mertes, a précisé que l’âge n’était pas le facteur décisif pour décider d’une ventilation. Il a fait référence aux critères médico-éthiques de l’hôpital, selon lesquels la décision serait prise en fonction de la gravité de la maladie, et non en fonction de la limite d’âge du patient.
Que faire si tous les patients ne peuvent être traités en Allemagne ?
Comme en France, les médecins italiens et espagnols ont dû décider qui peut ou ne peut pas être traité. Des réglementations ont déjà été établies pour l’Allemagne – si cela devait se produire.
Ainsi, des recommandations d’action ont été prises. Elles indiquent que les patients ayant une probabilité de survie plus élevée ou un meilleur pronostic global seront prioritaires, dans le cas il n’y aurait pas suffisamment de lits de soins intensifs disponibles.
La perspective n’est toutefois pas d’actualité, compte tenu le nombre de lits disponibles en standard dans toute l’Allemagne (plus de 6000) contre 3000 en France, et 2500 en Italie.
L’Allemagne comptait 220 morts du COVID19 le 25 mars, contre plus 1300 en France, plus de 4000 en Espagne, et plus de 7500 en Italie.
Le nombre de tests effectués par ce pays étant porté à 500 000 par semaine, contre 50 000 en France.
L’Allemagne hospitalise des patients français
Comme il y a actuellement suffisamment de places de réanimation en Allemagne, une aide a été offerte. Plusieurs hôpitaux du Bade-Wurtemberg et de Rhénanie-Palatinat ont déjà accueilli des patients français. La Suisse a également accueilli des patients français.
L’article original en langue allemande sur SWR3