Pho­to de Mar­tin Wilhelm

A l’initiative de nom­breuses orga­ni­sa­tions, asso­cia­tions, par­tis poli­tiques, syn­di­cats*, des « Marches pour les Liber­tés » ont eu lieu dans tout le pays ce same­di 12 juin. Il faut évi­dem­ment saluer ces appels qui montrent qu’il y a encore des femmes et des hommes prêt (e) s à s’engager pour défendre les valeurs de liber­tés et de démocratie.

A Mul­house, ce sont plus de 200 par­ti­ci­pants qui se sont retrou­vés square des Liber­tés (tout proche du tri­bu­nal) pour un ras­sem­ble­ment sui­vi d’une mani­fes­ta­tion dans les rues de la ville.

Si dans cer­taines inter­ven­tions, c’est sur­tout la menace du Ras­sem­ble­ment Natio­nal qui était dénon­cé, de nom­breuses ban­de­roles et affi­chettes, dénon­çaient plus lar­ge­ment toutes les atteintes aux liber­tés consta­tées ces der­nières années. « Ensemble, contre l’Etat poli­cier » fai­sait une réfé­rence impli­cite à la déci­sion du Conseil d’État qui a annu­lé ce jeu­di quatre dis­po­si­tions du sché­ma natio­nal de main­tien de l’ordre, en vigueur depuis sep­tembre 2020. 

Un mani­fes­tant a éga­le­ment lu tout ou par­tie d’un contre-argu­men­taire sur le RN (repro­duit ci-des­sous), publié par l’U­nion com­mu­niste liber­taire (UCL), laquelle édite le men­suel « Alter­na­tive liber­taire », que l’on trouve dans tous les bons kiosques à journaux. 

Le jeu (dan­ge­reux) joué par le gou­ver­ne­ment et M. Macron avec ses affi­dés pour sur­jouer la ques­tion de la sécu­ri­té à des seules fins élec­to­rales a été maintes fois évo­qué lors des prises de parole au départ de la manifestation.

A l’examen des forces pré­sentes lors de cette ini­tia­tive natio­nale, on mesure bien que la gauche est à la tête de cette mobi­li­sa­tion salu­taire. Et comme nous sommes en période élec­to­rale, il est assez clair que la droite s’aligne sur une rhé­to­rique sécu­ri­taire qui n’est pour­tant pas de la com­pé­tence régio­nale ou départementale.

L’insécurité ne progresse pas

Comme le note le Centre d’observation de la Socié­té, « l’insécurité ne pro­gresse pas mais la socié­té y est plus sen­sible ». Le Centre ajoute que « le sen­ti­ment d’insécurité peut expri­mer « une pré­oc­cu­pa­tion qui se cris­tal­lise sur la cri­mi­na­li­té, mais qui la dépasse lar­ge­ment ». Il est sen­sible à la média­ti­sa­tion : l’élection pré­si­den­tielle de 2002 avait été mar­quée par une forte pous­sée du sen­ti­ment d’insécurité, alors que les faits ne met­taient pas en avant d’évolution notable. Il en est de même en 2020 ».

Nous allons donc avoir droit jusqu’aux élec­tions pré­si­den­tielles à un concert bien orches­tré entre M. Macron, Mme Le Pen, les can­di­dats de la droite et d’une par­tie de la social-démo­cra­tie (tou­jours à l’affût d’opportunismes élec­to­raux) pour faire du « sen­ti­ment » d’insécurité le thème cen­tral des élections.

Pen­dant ce temps, les réformes liber­ti­cides et anti-sociales vont être allè­gre­ment relan­cées, mais ne seront pas au centre des débats.

D’autres manifestations populaires en vue

Cela dit, peut être que cette diver­sion est illu­soire : selon un son­dage Odoxa Back­bone-Consul­ting, réa­li­sé pour Le Figa­ro et France Info, un retour de la réforme des retraites pour­rait inci­ter les Fran­çais à des­cendre dans la rue. 60% d’entre eux, sont farou­che­ment oppo­sés à une mise en place de la réforme d’i­ci à 2022. Le rejet est una­nime au sein de la popu­la­tion active et de tous les élec­to­rats, à l’ex­cep­tion des par­ti­sans de La Répu­blique en Marche. A ces der­niers, on pour­rait recom­man­der l’écoute de Georges Bras­sens, « Le temps n’y fait rien à l’affaire… »

Il ne fau­drait pour­tant pas croire que la seule dénon­cia­tion des méfaits de la poli­tique gou­ver­ne­men­tale ou des choix poli­tiques de l’extrême droite suf­fisent à inver­ser les ten­dances poli­tiques actuelles.

Et la gauche à une sacré res­pon­sa­bi­li­té dans le désen­chan­te­ment poli­tique que nous connais­sons actuel­le­ment. Voir des anciens ministres des gou­ver­ne­ment Jos­pin et Valls dans les mani­fes­ta­tions ont quelque chose de pathé­tique. Et la divi­sion per­sis­tante et appa­rem­ment insur­mon­table des par­tis se récla­mant de la gauche ne per­mettent pas de déga­ger une poli­tique alternative.

Il y aura encore de nom­breuses occa­sions de mani­fes­ter pour les liber­tés et les droits sociaux dans les pro­chains temps… Jusqu’à épui­se­ment des combattants ?

*Entre autres : Mou­ve­ment LGTB, Ligue des Droits de l’Homme, PCF, EELV, l’Appel inédit, NPA, LO, ATIK, FSU, Soli­daire, CGT…)

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