« Nous allons interdire dans l’Union européenne la machine médiatique du Kremlin. » proclame la présidente de la Commission européenne Von der Leyen.
Chose faite au tout début du mois de mars. Est interdit « toute diffusion dans l’UE » des médias d’État russes Russia Today et de l’agence de presse Sputnik.
La mesure a été instantanément soutenue par le gouvernement français, dont le tropisme autoritaire ne fait que se confirmer dans la durée, y compris à l’approche des élections présidentielles.
Le Journal officiel de l’Union européenne précise que RT et Sputnik sont des médias qui, « placés sous le contrôle permanent des dirigeants » russes, mènent des « actions de propagande » et de « déformation » des faits.
Dans un communiqué, Bruxelles précisera que ces organes « menacent directement et gravement l’ordre et la sécurité publics de l’Union » !
La Présidente ira jusqu’à déclarer que la chaine chercherait à « semer la zizanie dans notre Union ».
Bigre ! L’ordre et la sécurité publique sont en jeu ! La « zizanie » nous guette ! Ces journalistes de RT doivent être si influents qu’ils pourraient à eux seuls déstabiliser le pays.
Faut-il qu’elle tremble de tous ses membres, cette pauvre Union, au point de penser que des téléspectateurs puissent se convaincre que quelque fait avéré sortirait de ce média russe, alors que chacun sait que la déesse Véritas ne s’exprime que par ses canaux habituels, que sont BFM, CNews, LCI, France Info, etc. !
Il est vrai que les citoyens de l’Union sont de si chétives personnes, modelées de porcelaine, et si foncièrement décérébrées, qu’elles ne sauraient que se placer sous le refuge du grand Vladimir Poutine, tsar de la nouvelle Russie éternelle, aussitôt qu’un journaliste de RT France lui tendrait le micro !
Cédric O, secrétaire d’État chargé du numérique doit sincèrement s’en être convaincu, lui qui s’indignait en 2019 que « […] sur YouTube, la chaîne qui a le plus de visibilité ce n’est pas BFM […] c’est RT ».
Pour des membres du gouvernement français, le contrepoint ou l’antithèse de RT, c’est donc BFM. Un sentiment pas vraiment partagé par nos amis d’Acrimed, notamment dans leur dernier article consacré à cette chaine d’information continue, intitulé : « BFM-TV et le journalisme politique : le néant au carré ».
Le cadre légal par lequel cette décision de cessation brutale et unilatérale d’un média pourtant conventionné par le régulateur audiovisuel français, révèle par ailleurs une béance juridique, et un stupéfiant arbitraire.
En matière de droit de la presse, la liberté est toujours la règle, et la censure ne doit demeurer que l’exception, dument justifiée juridiquement.
Pourtant, le cadre de l’interdiction de RT s’inscrit dans un bouquet de sanctions qui n’a même aucun rapport avec la législation relative à la presse !
Ainsi, c’est avec l’interdiction de l’espace aérien aux avions russes, et l’extension des sanctions à la Biélorussie, que la présidente de la Commission Von der Leyen a voulu interdire la chaine d’information.
Une chaine à propos de laquelle personne ne doute sérieusement du biais idéologique pro-russe. Notamment sur la situation en Ukraine, la guerre en Syrie, l’empoisonnement de l’opposant Navalny…
Financée à 99% par l’État poutinien, elle oppose souvent les intérêts de son actionnaire aux options occidentales, qu’elle critique assidument, à commencer par les choix gouvernementaux français, dont elle s’était faite la contemptrice quotidienne.
Manifestations des gilets jaunes se traduisant par des mutilations, énucléations, et violences policières extrêmes, jusqu’à la litanie absconse et liberticide des mesures sanitaires parachevées par l’avènement d’une religion vaccinale, elle-même assortie d’une logique de contrôle ou de crédit social, la chaine russe aura documenté durant plus de 4 années le visage proprement effroyable et les pratiques insensées d’un gouvernement français converti sans états d’âmes au néo-libéralisme autoritaire, un quasi-pléonasme.
Dans ces conditions, l’exécutif français voit ainsi disparaitre de son horizon politique l’une des rares sources médiatiques à diffusion nationale ayant les moyens humains et financiers d’alimenter le débat contradictoire dans la durée.
Autorité de relégation
Du côté des syndicats de journalistes, c’est sans surprise l’incompréhension et la colère qui prédominent :
« Le SNJ-CGT ne soutient pas cette demande de couper immédiatement l’émetteur de RT : cette responsabilité est celle d’une instance administrative, l’Arcom, qui a délivré un canal à RT, et de la commission de la carte de presse, qui accorde la carte de journaliste aux confrères de RT ».
« On a bien compris qu’on était en temps de guerre et que la guerre est l’ennemi de la liberté de la presse. En Russie, le dictateur Poutine est en train de liquider ce qu’il restait de presse indépendante. Et que fait-on dans les démocraties occidentales ? On fait pareil, sans débat contradictoire. »
« Avec beaucoup de mauvaise foi, la Russie pourrait affirmer que France 24, RFI et Radio France sont la représentation des intérêts français comme l’Europe semble considérer que RT n’est que la représentation des intérêts russes, pour empêcher nos confrères de travailler chez eux ou d’émettre », affirme Emmanuel Vire, son secrétaire général, chez nos confrères d’Arrêts sur images.
« Les journalistes ne doivent pas être des cibles, que ce soit pour Poutine ou pour l’Union européenne, et s’en prendre à eux est rarement une bonne idée » renchérit le SNJ, premier syndicat de journalistes dans son communiqué de presse.
Enfin, pour le syndicat FASAP-FO, « Les journalistes n’ont pas à faire les frais de la guerre ! ».
Il n’y a que la CFDT pour se féliciter de l’interdiction !
La loi n° 86–1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication (dites Loi Léotard) est le seul levier juridique qui permet d’interrompre effectivement la diffusion d’un canal de télévision, à la requête exclusive de l’autorité audiovisuelle nationale.
L’article 42–6 de cette loi précise en effet que : « L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique peut, après mise en demeure, prononcer la sanction de résiliation unilatérale de la convention conclue en application du I de l’article 33–1 de la présente loi avec une personne morale contrôlée, au sens de l’article L. 233–3 du code de commerce, par un État étranger ou placée sous l’influence de cet État si le service ayant fait l’objet de ladite convention porte atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, dont le fonctionnement régulier de ses institutions, notamment par la diffusion de fausses informations ».
Au niveau européen, Ricardo Gutiérrez (pourtant critique de la ligne éditoriale de RT), secrétaire général de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), qui rassemble de nombreux syndicats professionnels, ne dit pas autre chose : « Ursula von der Leyen annonce ça comme un fait accompli alors qu’à ma connaissance, l’Union européenne n’est pas compétente en matière de régulation des médias, elle annonce quelque chose qu’elle n’a pas la capacité de faire ».
Tout comme une bonne partie de la profession, il évoque « un précédent dangereux ». « Que le média soit jugé propagandiste ou pas, c’est un acte de censure. Fermer un média est un acte grave, qui doit reposer sur des preuves solides et des lois, afin d’éviter l’arbitraire. S’il s’agit de lutter contre la désinformation, il y a beaucoup d’autres méthodes plus efficaces. Ça nous fait entrer dans une spirale liberticide : là où l’Europe devrait défendre plus de libertés, elle applique les mêmes recettes que Poutine. »
Anthony Bellanger, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes, laquelle représente 187 syndicats et associations déclare : « On assiste tout simplement à un appauvrissement du spectre médiatique pour des raisons politiques ».
Et de rappeler le problème juridique « réellement inquiétant », constitué par le fait accompli de la Commission européenne, qui n’a, de toute évidence, pas la compétence de régulation des médias, comme on le verra ci-dessous.
« On peut imaginer que, s’il y avait eu une possibilité avant, la Commission aurait pu interdire des médias de propagande qu’on a pu voir en Hongrie, parfois en Pologne, poursuit-il. Elle s’est bien abstenue d’intervenir sur cet aspect-là. »
Il est conseillé d’interdire
Une hypocrisie dont s’accommode pourtant quelques attributaires d’un journalisme postprandial revenus de tant de renoncements.
Citons à ce titre deux personnalités emblématiques de l’espèce, vieilles carnes de la social-démocratie, parvenues à se délecter d’un bol de soupe servi sous l’ère Sarkozy.
Le premier, Jean-Luc Hees, ancien patron de Radio-France de 2009 à 2014, nommé directement par un Paul Bismuth claironnant mettre « fin à l’hypocrisie » des nominations par le CSA des dirigeants de l’audiovisuel public, en disposant lui-même des candidatures et postes.
Une preuve manifeste d’indépendance au regard du pouvoir élyséen, à rebours des pisses-copies loqueteux de RT France, tous fieffés vassaux du Kremlin !
Cependant, Hees déclarait en effet le 28 février approuver « les mesures prises par la commission européenne » portant sur l’interdiction de RT France, au micro de France Info.
Circonstance aggravante, l’homme fut également membre du « comité d’éthique de RT France ». Et explique : « Au démarrage de la chaîne, la présidente [Xenia Fedorova] avait tellement peur [de sanctions de la part du CSA] qu’elle était hyper précautionneuse, donc dans un premier temps tout s’est bien passé, nous avons reçu une mise en demeure du CSA en 2018 à propos du traitement de la guerre en Syrie et la chaîne l’a prise en compte. Pendant trois ans, j’ai eu affaire à très peu de difficultés du fait de cette observation permanente ».
Concluant par : « Tous les journalistes de cette chaîne ne sont pas vendus à Poutine. Ils essaient de faire leur métier convenablement. Je suis un observateur d’autres chaînes d’informations et il y a des mises en demeure pour certaines d’entre elles. »
Autrement dit, le biais russe est certes manifeste chez les journalistes de RT, mais il est régulé par l’autorité de contrôle. Mais alors pourquoi donc appuyer l’interdiction par la Commission européenne ?
La réponse est peut-être dans un effet de contagion par l’absurde. Dans le quotidien « L’Opinion », c’est le sinistrophobe Philippe Val, ancien directeur de France Inter (et choisi par le même Jean-Luc Hees pour le poste) qui déclare que l’interdiction de RT France et Sputnik est une bonne chose :
« Je ne me suis jamais expliqué leur autorisation d’émettre (…) Je trouve ça hallucinant qu’une dictature dont l’une des plus anciennes armes est la diffusion de fake news ait pu émettre en France. Les réseaux sociaux, eux, posent un autre problème (…) On a laissé se développer une machine de guerre contre la démocratie et ça s’appelle les réseaux sociaux. La démocratie, c’est le respect du corps de l’autre car le corps de l’autre est une réalité. Dans les réseaux sociaux, le corps de l’autre est une abstraction et on peut en faire ce que l’on veut. Et dans toutes les dictatures, le corps de l’autre est une abstraction. »
Quant au « corps » personnel et concret de Val, il est réductible à la trajectoire d’une carrière de chansonnier pétomane mué en rombière sentencieuse.
Lui qui déclame, en véritable trompe-la-mort-des-sofas : « Moi, la nature, je l’emmerde », signifiant ainsi son inclination pour une écologie « scientifique », contre l’adverse écologie « théologique » de ceux qui veulent rompre avec le capitalisme, le voici campant en toute logique les fonctions de mamamouchi de l’éditocratie pour le compte des parangons de la démocratie sociale que sont Lagardère et Bolloré.
Garanti 0% de satire et 100% de moraline acariâtre, il livrera désormais ses exhortations hebdomadaires du haut du perchoir microphonique d’Europe 1, (avec son ami va‑t’en-guerre Bernard Henri Levy ?).
Une radio périphérique dont on peut être certain qu’elle ne tiendra pas d’agenda idéologique, puisque celle-ci appartient au groupe Lagardère, lequel est contrôlé par Vivendi (donc Bolloré), à l’instar de sa soeurette télévisuelle, Cnews…
Pour Val, c’est donc un choix d’éthique journalistique située entre le doigt d’honneur et le cynisme rancunier.
On apprenait par ailleurs que la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) ‑composée notamment de journalistes- aurait décidé que les demandes de carte de presse déposées à partir du 2 mars au titre de RT France seraient rejetées. Est-ce à dire que la carte de journaliste momentanément privé d’emploi leur serait refusée ?
C’est donc une double, voire une triple peine, qui se profile désormais pour les journalistes de la chaine de télévision. Le SNJ (Syndicat national des journalistes), SNJ-CGT et la CFDT Journalistes fustigent en effet le signalement par Twitter des comptes personnels des journalistes de RT, par l’apposition de la mention « Média affilié à la Russie » !
Ceux-ci ne disposeraient d’aucun recours pour s’y opposer ou même obtenir des explications de la part de Twitter, selon les syndicats. « Alors que les journalistes de RT France sont déjà la cible de menaces de mort et d’insultes, cette étiquette collée d’autorité par Twitter les désigne encore plus distinctement et les met davantage en danger », affirment les organisations professionnelles.
Le droit de n’en avoir pas
La situation est d’autant plus absurde et paradoxale, que le règlement et la décision du Conseil européen instaurant la cessation de diffusion de la chaine d’information russe ne prive pas les journalistes du droit de continuer à publier des articles !
En effet, la décision de bannissement européen s’appuie notamment sur l’article 215 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui stipule que « le Conseil peut adopter les mesures nécessaires à la mise en œuvre des décisions prises en vertu de l’article 29 du traité UE afin d’assurer leur application uniforme dans tous les pays de l’UE », et la décision 2014/512/PESC relative au train de mesures de rétorsions prises par l’Union Européenne au moment où la Russie envahissait la Crimée, en 2014, puis la région du Dombass en Ukraine.
Le tout étant issu de l’article 29 du Traité de l’UE, qui dispose que : « Le Conseil adopte des décisions qui définissent la position de l’Union sur une question particulière de nature géographique ou thématique. Les États membres veillent à la conformité de leurs politiques nationales avec les positions de l’Union ».
A la lecture de ce dernier article, on se pince à force de se demander sur quel semblant de base juridique valable il serait ainsi possible de prononcer la disparation d’un média par voie unilatérale !
C’en est tellement évident que l’article 11 de la décision du Conseil de l’Union européenne dispose même que : « Dans le respect des droits et libertés fondamentaux reconnus dans la Charte des droits fondamentaux, et notamment du droit à la liberté d’expression et d’information, à la liberté d’entreprise et du droit de propriété tels qu’ils sont reconnus dans ses articles 11, 16 et 17, ces mesures n’empêchent pas ces médias et leur personnel d’exercer dans l’Union d’autres activités que la diffusion, telles que des enquêtes et des entretiens ».
On se résume : à partir d’une base légale improbable, une chaine de télévision est éteinte d’autorité. Ce faisant, les personnels français de celle-ci subissent des menaces de mort, sont stigmatisés par les opérateurs de réseaux sociaux à titre personnel, qui les renvoient à une affiliation russe, ainsi que procède, notamment, Twitter.
Leur canal de diffusion est interrompu sur tous les supports télévisuels et sur internet, le site sur lequel figurait les articles et dépêches est mis hors ligne par les opérateurs de télécom, mais, à en croire la décision européenne, les journalistes peuvent tranquillement mener à bien leurs enquêtes et entretiens s’ils le veulent, au nom du droit à la liberté d’expression garanti par la Charte des droits fondamentaux de l’UE !
Parce qu’elle se doit de justifier l’injustifiable, la Commission européenne défend une mesure « exceptionnelle, ciblée et temporaire ».
Aussi « temporaire » soit-il, cet oukase constitue un précédent et un attentat sans pareil pour la liberté d’expression, valeur que nous devrions revendiquer fièrement, au nom de la lutte contre les tyrannies !
Le moment est si dramatique qu’il oblige les européistes les mieux résolus à sortir du fourré et venir secourir l’exécutif européen.
Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman, le think tank européen, explique sommairement à ce sujet :
« Ce n’est une mesure pas contre la liberté de la presse. C’est contre deux médias sous influence russe. »
Le secrétaire d’État aux affaires européennes, Clément Beaune, n’en pense pas moins, lui qui s’est réjoui de voir disparaitre un média hostile au divin Macron, que son nom soit sanctifié parmi les banquiers d’affaire.
« Ces médias dans leur organisation même, dans leur objectif, font aujourd’hui de la propagande. C’était sans doute de la désinformation extrêmement biaisée jusqu’à présent. On a vu sur ces médias, RT et Sputnik, un basculement du contenu éditorial ces dernières heures. Ce n’est équivalent à aucun média qui opère sur le territoire français et européen ».
Ainsi, RT a soudainement « basculé » dans la propagande.
Voici que le gouvernement français à l’unisson de la Commission européenne, permet enfin le triomphe du journalisme objectif, certifié sans parasitage idéologique, à la manière altière et audacieuse d’un Albert Londres dénonçant le bagne de Cayenne !
Le journalisme de connivence et de révérence, si caractéristique des relations incestueuses entre pouvoir politique et éditocratie française, aurait-il vécu un coup fatal, à la faveur de ce coup d’éclat « démocratique » contre l’hydre télévisuel et propagandiste russe ?
Certainement ! Comme on le voit éloquemment ci-dessous, au travers du cirque des couvertures de la presse quotidienne régionale, à l’annonce de la (re)candidature d’Emmanuel Macron.
Ce n’est jamais que la troisième fois depuis 2017 que ces quotidiens se plient à cet exercice de critique radicale de Jupiter, Père de la Grande Nation !
La servilité est du même acabit sur France Info « Comment être contre la position d’Emmanuel Macron ? » ou BFM (à la grande satisfaction d’un Cédric O), qui s’exclame « Qui ferait mieux que Macron ? ».
Mais le mieux est encore de se convaincre du degré de liberté nationale en matière de presse, en scrutant le niveau de dépendance économique auprès de milliardaires, à laquelle elle est désormais tributaire :
Les auteurs de la carte, Marie Beyer et Jérémie Fabre, réalisée pour Le Monde diplomatique et Acrimed, comptent 18 grandes fortunes recensées aux classements Challenges et Forbes 2019, parmi lesquelles les familles Bouygues, Dassault, Baudecroux, Baylet ou Bettencourt. Sans oublier les immanquables Bolloré, Arnault, Perdiel, Pinault et Niel.
Fort heureusement, chacun parmi ces richissimes propriétaires de presse ne suit d’agenda idéologique ! Rien à voir, donc, avec les pouilleux idéologues de RT France.
Quoi qu’il en soit, le précédent est créé qui veut qu’un motif politique peut aujourd’hui emporter l’interdiction d’un média, sans respect du principe du contradictoire, et sans considération pour le principe du droit à un recours et à une défense équitable.
La menace est si manifeste qu’il est aujourd’hui loisible de se demander : quel média fera prochainement l’objet d’un tel traitement, et sur quel fondement ?
Tant il est certain que les vrais problèmes de liberté de la presse ne se posent absolument pas dans l’Union Européenne, ou en France !
Rappelons à ce sujet que les médias sont contrôlés ou muselés, en Hongrie, ou bien en Pologne, pays de l’Union Européenne, à propos desquels la Commission n’agit pas, ou si peu, que « Al Jazeera » est la voie officieuse du Qatar, « Al-Arabiya » la voie officieuse de l’Arabie Saoudite, deux médias financés par des pétromonarchies autoritaires et criminelles, mais pourtant diffusés sans aucune entraves sur les réseaux câblés et fibrés de tous les opérateurs de réseaux français et européens (mais plus au Royaume-Uni).
Voilà qui en dit long sur la splendeur décatie de nos belles démocraties libérales occidentales, leur rapport biaisé au réel, et au droit !
Qu’Emmanuel Macron se rende notamment en Arabe Saoudite au mois de décembre 2021 afin d’y placer l’achat de 80 avions rafales, alors que le Prince héritier Mohammed Ben Salman est personnellement soupçonné d’avoir commandité la disparition et le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, critique du régime saoudien, en dit également long sur l’inanité de tout discours moral de la part d’une « démocratie défaillante » à prétention universaliste, dont le Prince-président ne voit pas plus loin que le bout de son irrémédiable bassesse.
A la manière du Tsar de la Russie impériale et capitaliste, mais en bien plus Tartuffe. Un effet de la « french touch » ?
Bonsoir,
Un peu long, mais plein de mérite, cet article place la question de la liberté de la presse au cœur d’une démocratie malade de sa carence fonctionnelle et s’aggravant, pour annoncer de facto l’antinomie de l’âge d’or.
Long, mais complet, qui peut servir à qui est dans le besoin d’inspiration sur le sujet.
Absolument d’accord avec Jano et l’article excellent !
Au train où vont les choses, bientôt les 9 milliardaires qui détiennent la majorité de la presse du pays feront eux-mêmes les articles qui conviendront à la bienséance bourgeoise et capitalistique, à moins que ce ne soit des robots « intelligence artificielle » qui prennent le relais. La loi de juillet 1881 … je ne sais pas si ça parle encore à quelqu’un au niveau du CSA !
Bonne journée, bonne semaine et prenez soin de vous.