Ces élections législatives sont une petite lumière au fond du tunnel démocratique que nous offre la 5e République. En 2017, celle-ci nous a livré ce qu’il y avait de plus absurde : l’élection d’un individu sans ligne politique claire, sans avoir jamais assumé un mandat électoral, sans avoir exercé une responsabilité dans la gestion d’une collectivité territoriale ou d’un mandat législatif. Or, on sait que c’est avec ce parcours que les femmes et hommes politiques font leurs études en démocratie : être candidat à une élection ne serait-ce que communale, vous oblige à vous frotter aux citoyens qui peuvent ne pas être tendres avec vous… Cela s’appelle le métier qui rentre !
LA FAILLITE DE LA 5e RÉPUBLIQUE
Avec l’élection de M. Macron en 2017, la 5e République a fait la démonstration de l’absurdité fondamentale qui la caractérise et que François Mitterrand avait dénoncée dans son livre « Le coup d’État permanent ». Concentrer tous les pouvoirs entre les mains d’une seule personne est non seulement antidémocratique mais surtout dangereux. M. Macron, qui se voulait Jupitérien (tout est dit !) voulait et veut encore régner en solitaire : d’autres avant lui l’ont également fait, certes.
Mais M. Macron, avec son inexpérience démocratique, a également montré un mépris pour tout ce qui n’émane pas de lui : en cinq ans, il a liquidé les corps intermédiaires, a considéré l’Assemblée nationale comme une chambre d’enregistrement de ces décisions, à snobé les syndicats, les associations. Pire, il a traité la population comme des « manants », digne de l’Ancien Régime. La démocratie au sens littéral du terme, a été bafouée dans une dimension qu’on pensait quasiment impossible !
Pour M. Macron et ses séides à l’Assemblée nationale, le peuple ne peut qu’accepter les décisions du Génie qui nous gouverne ! La partie qui, elle, s’y oppose ne peut être que rangée dans deux catégories : soit les idiots qui n’ont rien compris ou alors, pire, les complotistes, les fomentateurs de fausses nouvelles…
Cet exercice du pouvoir est dévastateur pour la cohérence d’un pays : ces clivages artificiellement construits par la Macronie et repris par l’immense majorité des médias, créent un climat de défiance à l’intérieur d’une société dans lequel tout le monde se méfie de tout le monde.
L’absence de contrepouvoirs, voulue par E. Macron et facilitée par les dispositions de la 5e République est, ainsi, un danger pour la démocratie.
ET UNE ALTERNATIVE SURGIT…
Avouons-le, peu de personnes y croyaient ou même l’espéraient. M. Macron avait pourtant réussi à mettre hors-jeu la droite et le PS, avait choisi son « ennemie », Mme Le Pen pour obtenir une victoire aisée aux présidentielles. Mais Jean-Luc Mélenchon, avec un habile sens politique, a su comprendre que le peuple de gauche n’avait pas disparu dans le désastre du socialisme au pouvoir et que les citoyens avaient besoin d’une respiration démocratique.
Le mouvement des Gilets jaunes avait exprimé, parfois confusément, cette attente. D’autres mouvements sociaux, moins médiatisés avaient aussi alertés : on ne peut pas reprocher au personnel soignant de ne pas avoir alerté sur la crise de l’hôpital et d’avoir même énoncé les solutions indispensables.
Aujourd’hui, la réalité s’impose : même les médias qui disaient pis que pendre de ces manifestants, sont obligés d’acter que l’hôpital est bien malade…
Mais toutes ces alertes ont été superbement méprisées par monarque au pouvoir. Non, je m’égare : il a fait de multiples réunions, de conférences, de simili-concertations… pour rien. Ou si peu…
Cela n’a fait qu’ajouter au malaise ressenti dans notre pays et renforcé ce sentiment que nous n’étions pas pris au sérieux par ce pouvoir.
Alors oui, M. Macron retrouve son poste de Président avec une victoire à la Pyrrhus… seuls 20% des Français en âge de voter ont approuvé son programme… déjà mis en œuvre depuis 2017 ! Oui, mais il est LE-GI-TI-ME hurlent ses afficionados… dont le Journal Unique du Crédit Mutuel…
Pourtant, la question n’est pas là : dans la 5e République, s’il n’y a que trois votants et vous récoltez deux voix, vous êtes légitimement élu ! Ce qui est, évidemment absurde ! La question n’est pas la légitimité du pouvoir, mais sa capacité à rassembler et à écouter les voix du peuple.
Ces 20% qui ont voté Macron sont contents de sa politique. Et alors ? Est-ce que cela justifie que les 80% qui ne l’ont pas fait sont des parias et que leur expression est à passer en pertes et profits ?
RÉTABLIR UN CONTREPOUVOIR : UNE COHABITATION !
Donner les pleins-pouvoir à M. Macron en lui offrant une majorité à l’Assemblée nationale signifiera une aggravation de la politique menée depuis 2017. Qui peut croire que M. Macron change quoique ce soit sinon à faire des promesses pour berner l’électorat dans cette campagne électorale.
La respiration démocratique que nous évoquons dans nos colonnes est celle offerte par la possibilité de ne pas accorder la majorité absolue ou relative aux laudateurs macroniens ! Et pour une fois, cela est possible grâce à un renouvellement du paysage politique et l’émergence de nouvelles forces à gauche, avec des militantes et militants déterminés à ne pas laisser le libéralisme continuer à détruire les conquêtes sociales et le rôle protecteur de l’État. Un État qui ne serait pas au service d’une seule classe sociale, celle de la Finance, dont M. Macron est un petit rejeton…
Une majorité de gauche à l’Assemblée nationale ne serait pas un problème mais une solution ! Contraindre M. Macron à devoir composer avec une assemblée qui ne partage pas sa politique, redonnerait du sens à un parlementarisme qui est une forme de démocratie plus crédible que le pouvoir absolu d’un président isolé dans son donjon et ses certitudes.
Il y aurait un Premier Ministre menant la politique du gouvernement et un Président qui garderait ses pouvoirs régaliens : un équilibre du pouvoir ? Non, mais un autre moyen de mener la politique avec un partage de pouvoir…
Même ceux qui n’aime pas M. Mélenchon conviendront que ne pas laisser les rênes du pouvoir au seul Président est une garantie pour éviter le « n’importe quoi » … par exemple pour la réforme des retraites !
UNE NOUVELLE MAJORITÉ POSSIBLE ET INDISPENSABLE
Il est donc possible de porter l’alliance de gauche, la NUPES, au pouvoir ! Ne boudons pas ce qui, pour une fois, nous permet d’espérer que les citoyens puissent être plus et mieux écouté.
L’Assemblée nationale se compose de députées et députés élus par un système dont l’injustice n’est plus à démontrer : le découpage des circonscriptions est un bidouillage inepte et frisant l’escroquerie !
Ainsi, dans la 5e et 6e circonscriptions de Mulhouse, on retrouve des villages alentours, tous bien conservateurs voire frontistes qui sont censés annihiler le vote des quartiers populaires ! Grâce à ce système, la droite peut espérer rafler les sièges… et une partie importante des citoyens n’auraient pas de représentants à l’AN !
LE RENARD ET LE CAMÉLÉON A LA TRAPPE !
Les députés sortants de ces deux circonscriptions sont des Macroniens invétérés. Les yeux fermés ils votent tout ce que leur Chef leur demande ! Quitte à raconter n’importe quoi à leurs électeurs quand ils rentrent dans leur bercail !
M. Fuchs, (le renard) joue au rusé en promettant ici ce que les gens attendent, toujours prêt à écouter les associations, à faire bonne figure lors d’inauguration d’un Schiffalafascht quelconque ! Mais à Paris, au milieu de son groupe de député, il vote des lois qui mettent en cause ses promesses alsaciennes.
Demandez donc à ceux qui animent le dossier Stocamine combien le double-langage du Fuchs-Renard leur sort par les yeux.
M. Becht (le caméléon) est un modèle du genre opportuniste de la pire espèce politique, celle qui vous amène à désespérer de la nature humaine. Fort de son compagnonnage avec M. Macron sur les bancs de l’ENA, il ne pense qu’à une chose : obtenir un siège de ministre. Pour cela, il fait preuve de toutes les allégeances possibles à M. Macron, multipliant les responsabilités à l’Assemblée nationale.
Comme La République en Marche ne disposait pas de députés vraiment compétents, M. Becht a offert ses services pour verrouiller les commissions au sein du Parlement. Pas de quoi lui laisser beaucoup de temps pour sa circonscription. Son agilité politique lui semble un atout : il est passé du Parti Socialiste à la droite (pour être élu en Alsace, c’étaient les conditions à un moment donné), puis au Macronisme (ne pas louper la vague de 2017), il récidive… pour enfin obtenir le maroquin qui satisferait son insatiable ambition…
POUR UN VOTE UTILE DE DÉPUTÉS QUI S’ENGAGENT !
Le nombre important de candidat est un risque d’éparpillement des voix… Or, la montagne à gravir pour obtenir une majorité contrepouvoir à M. Macron est haute… et seule la NUPES pourrait la gravir. Mais pour cela il faut voter utile dès le premier tour.
Nous avons eu l’occasion et l’aurons encore, d’évoquer la fraîcheur et l’envie de servir qui caractérisent les candidates de gauche dans les deux circonscriptions concernées. Les engagements pris devant les électeurs devront être respectés.
Un des enjeux évident est l’avenir du système de santé que l’état des hôpitaux haut-rhinois illustre parfaitement. Victime d’un système politique qui est l’ADN du Macronisme, l’hôpital doit sortir des obligations de résultats du mode libéral : soigner est un coût et ne peut être source de profits… à moins de faire comme les groupes privés contrôlant les EHPAD.
Rien que cet enjeu capital et vital pour notre pays devrait nous convaincre d’élire une majorité ne suivant pas les objectifs de M. Macron qui, restent, quoiqu’il en dise, les mêmes que ceux de son précédent quinquennat durant lequel il a continué, malgré la pandémie, à fermer des lits d’hôpitaux, à réduire le personnel, à supprimer les crédits.
Il n’y a pas de fatalité à subir cette purge encore une fois durant cinq ans. C’est, entre autres, l’enjeu des élections législatives de dimanche prochain.