La cam­pagne pour les élec­tions régio­nales s’ac­cé­lèrent: les listes sont consti­tuées et les confé­rences de presse et mee­tings se suc­cèdent pour pré­sen­ter les can­di­dats et les programmes.

Nous publions ici des articles sur trois de ces évé­ne­ments: le mee­ting de la liste « Non à l’A­cal, oui à nos Régions » (Unser Land et A&A) du 5 novembre, la confé­rence de presse d’Al­ter­na­tives et Auto­ges­tion infor­mant de sa déci­sion d’al­ler sur une liste à reven­di­ca­tions auto­no­mistes (3 novembre) et le mee­ting du Patrick Per­on pour la liste « Nos vies d’a­bord » (Front de gauche) le 7 novembre.

Cette publi­ca­tion suc­ces­sive (du plus récent au plus ancien) per­met de faire une très inté­res­sante com­pa­rai­son des thèmes et pro­po­si­tions avec des conver­gences qui semblent démon­trer que le pay­sage poli­tique alsa­cien bouge et ne sau­rait se réduire aux trois auto­pro­cla­més grands par­tis… dont on attend encore les pre­miers indices d’un programme…

photo

« NOS VIES D’ABORD »: A GAUCHE, TOUTE!

Après avoir pré­sen­té la liste haut-rhi­noise pour les élec­tions régio­nales, la tête de liste de « Nos vies d’abord », Patrick Per­on,  a tenu un mee­ting le same­di 7 novembre à Wit­ten­heim. C’était l’occasion de se faire connaître par les mili­tants du sud de l’Alsace aux­quels il n’avait pas encore pu s’adresser.

Dans une ambiance tant fes­tive que mili­tante, Patrick Per­on, maire PCF d’Algrange, en Moselle a un contact cha­leu­reux avec son audi­toire. Il rap­pelle son pas­sé d’ouvrier sidé­rur­giste, tra­vaillant à Arce­lor Mit­tal, et qui a for­gé son enga­ge­ment politique.

Après avoir  rega­gné la mai­rie de sa ville pour le PCF en 2008, il la pré­serve en 2014. Lors des élec­tions can­to­nales de 2011, il livre ses réflexions au jour­nal L’Humanité et ses pro­pos illus­trent bien la ligne poli­tique qui est la sienne y com­pris dans ces élec­tions régio­nales : «  La com­mune d’Algrange comp­tait quatre mines de fer et une usine employant des mil­liers d’étrangers venus gros­sir sa popu­la­tion. La soli­da­ri­té ouvrière était alors plus forte que le racisme de quelques-uns. Depuis, tout a fer­mé et le chô­mage rem­place le tra­vail. La pau­vre­té s’accroît dans la com­mune comme dans toute la val­lée sidérurgique.

La gauche, au pou­voir, a déçu.

L’abstention gran­dit et le FN s’engouffre dans ce déses­poir. Lors des élec­tions can­to­nales de 2011, j’ai eu comme adver­saire le can­di­dat du FN, trans­fuge du NPA et exclu de la CGT. Durant la cam­pagne, ce «conver­ti» ne sor­tait pas sans une horde de jour­na­listes à ses basques. Toutes les chaînes des télé­vi­sions natio­nales et régio­nales étaient là. Les autres can­di­dats n’existaient pas. Au pas­sage, j’ai pu consta­ter la fai­blesse des forces mili­tantes du FN.

Dans mes ren­contres avec la popu­la­tion, au porte-à-porte, j’ai écou­té des ouvriers désa­bu­sés, en colère, dégoû­tés de la poli­tique. Avec mes cama­rades, nous étions bien accueillis mais il fal­lait prendre du temps pour dis­cu­ter, pour expli­quer et par­fois convaincre de l’impasse du vote extrême droite. En revanche, nous en avons croi­sé beau­coup d’autres, tou­jours atta­chés aux valeurs de gauche. Pour cette pre­mière ten­ta­tive aux can­to­nales, j’arrivai en 2e posi­tion, tri­plant les voix du PCF et talon­nant le conseiller géné­ral socia­liste sor­tant. Une autre belle satis­fac­tion, le can­di­dat hyper­mé­dia­ti­sé du FN, que je n’avais pas ména­gé dans la cam­pagne, était éli­mi­né au 1er tour contrai­re­ment à ses certitudes. »

Une liste qui veut « don­ner » l’espoir

Avant ce mee­ting, la liste « Nos vies d’abord » pour le Haut-Rhin avait été pré­sen­tée à la presse le 30 octobre. Domi­née par les can­di­dats du PCF (dont la secré­taire fédé­rale Aline Par­men­tier est tête de liste pour le Haut-Rhin), figurent éga­le­ment des membres du Par­ti de Gauche, du mou­ve­ment Ensemble, du Mou­ve­ment répu­bli­cain et citoyen (MRC) et des ani­ma­teurs du mou­ve­ment social. Les res­pon­sables n’ont pas caché leur décep­tion de l’absence d’accord avec Europe Eco­lo­gie Les Verts (EELV) comme cela a pour­tant été le cas dans d’autres régions. « Nous avons per­du beau­coup de temps dans des négo­cia­tions pour arri­ver à un accord… que les res­pon­sables d’EELV ont fait capo­ter en fin de pro­ces­sus… Cela nous a pris beau­coup d’énergie qui aurait été néces­saire pour tra­vailler plus sur le pro­gramme » disait une par­ti­ci­pante à ces dis­cus­sions stériles.

Non­obs­tant, la liste est bien un ras­sem­ble­ment de femmes et d’hommes au-delà du Front de Gauche et qui affiche clai­re­ment son enra­ci­ne­ment à gauche : « Nous vou­lons faire de la Région un contre-pou­voir au gou­ver­ne­ment cen­tral, un point d’appui pour chan­ger de cap à gauche » décla­rait Aline Par­men­tier lors de son pas­sage dans l’émission « Un autre son de cloche » sur Radio MNE (107,7), émis­sion que l’on peut écou­ter en pod-cast sur https://www.mixcloud.com/radio-mne/un-autre-son-de-cloche-n3-avec-aline-parmentier‑t%C3%AAte-de-liste-du-pcf-pour-les-%C3%A9lections‑r%C3%A9gionales/

Se défi­nis­sant comme « ceux qui ne se résignent pas à l’austérité », les têtes de listes ciblent clai­re­ment leurs adver­saires : peu de dif­fé­rence entre la droite et le PS, tous deux res­pon­sables de la casse indus­trielle et sociale, le ministre Macron repré­sente en quelque sorte la « syn­thèse » de cette déviance libé­rale qui conduit les socia­listes à mener une poli­tique proche de celle des Républicains.

Contre cette région

Dès l’entame de son dis­cours, Patrick Per­on dénonce la loi LeNotre comme l’a fait aupa­ra­vant Aline Par­men­tier : « Nous exi­geons tou­jours un réfé­ren­dum pour remettre la déci­sion de la réforme ter­ri­to­riale entre les mains des citoyens. Nous sommes pour le main­tien de la région Alsace ».

Le maire d’Algrange enfonce le clou en met­tant cette réforme au même niveau que toutes les actions du gou­ver­ne­ment : « ce sont des déci­sions qui vont dans le sens du MEDF et des inté­rêts du capital ».

Six grandes prio­ri­tés consti­tuent le pro­gramme de la liste : com­battre les poli­tiques d’austérité, déve­lop­per l’emploi contre la finan­cia­ri­sa­tion de l’économie, pro­mou­voir l’égalité et la soli­da­ri­té entre les ter­ri­toires, la pla­ni­fi­ca­tion éco­lo­gique, le mieux vivre ensemble (éga­li­té et soli­da­ri­té entre les per­sonnes), aller vers une démo­cra­tie au quotidien.

Patrick Per­on insiste sur trois points par­ti­cu­liè­re­ment : le trans­port en se posi­tion­nant clai­re­ment contre la loi Macron qui pri­vi­lé­gie les cars en affai­blis­sant le réseau SNCF. Pour lut­ter contre cela, il pro­pose la mise en place immé­diate de l’écotaxe dans la région à des­ti­na­tion des trans­por­teurs inter­na­tio­naux et exo­né­rant les locaux. Il pré­cise que la pro­li­fé­ra­tion des par­ti­cules fines va aug­men­ter et rap­pelle que le Luxem­bourg a créé une ligne de fer­rou­tage entre Luxem­bourg et l’Espagne, exemple qu’il fau­drait suivre en France.

Dans le domaine de l’enseignement, il rap­pelle qu’en matière de gra­tui­té des four­ni­tures et des trans­ports sco­laires, que sa liste pro­pose, l’Alsace est en retard contrai­re­ment à des régions où la gauche au pou­voir a pris de telles mesures.

Sur le régime local, il consi­dère qu’il faut le conso­li­der, en met­tant sur­tout l’accent sur le seul volet de la sécu­ri­té sociale de ce régime qui en couvre pour­tant bien d’autres et tout aus­si importants.

La gauche qui monte

Mais le mes­sage des­ti­né aux mili­tants dans la salle est très poli­tiques. Cré­di­té par les son­dages de7% d’intentions de vote, Patrick Per­on pense que les 10% sont attei­gnables. Rap­pe­lons que ce résul­tat per­met­trait à la liste de se main­te­nir au second tour et d’avoir des élus. 5% per­met­trait de fusion­ner avec d’autres listes.

La tête de liste s’appuie sur ces chiffres pour appe­ler les mili­tants à redou­bler d’efforts dans la cam­pagne et démon­trer à « Hol­lande et Valls  qu’il y a une gauche qui monte »… Et d’affirmer que « la sur­prise de ces régio­nales peut venir de nous, car la vraie alter­na­tive c’est nous ».

Par­mi les ques­tions posées au can­di­dat, celle sur l’attitude au second tour était par­ti­cu­liè­re­ment atten­due par la salle. Une mili­tante n’y va pas par quatre che­mins : « Je don­ne­rai tout ce que j’ai pour faire triom­pher notre liste mais ne me deman­der pas de voter socia­liste au second tour. Je m’y refu­se­rai… ». Les applau­dis­se­ments de la salle montrent qu’elle n’est de toute évi­dence pas seule à défendre cette position.

Patrick Péron rap­pelle d’abord que Jean-Pierre Mas­se­ret, tête de liste du Par­ti Socia­liste, exclue toute fusion avec une autre liste au second tour. Le can­di­dat de « Nos vies d’abord » est lui aus­si en face des jeux poli­ti­ciens que Les Répu­bli­cains et le PS jouent main­te­nant depuis quelques scru­tins : faire du FN le troi­sième homme et miser sur un réflexe de peur qui fera voter au second tour pour un des deux lar­rons. Sauf qu’il est de moins en moins évident que cette manœuvre fonc­tionne et qu’à ce petit jeu dan­ge­reux, c’est peut être le troi­sième qui risque de l’emporter.

Selon le son­dage BVA, 60% des élec­teurs de Patrick Per­on choi­si­raient de voter PS au second tour, ce que ne manque pas de rap­pe­ler le can­di­dat. Des chiffres plus fiables, ceux des der­nières élec­tions, démontrent pour­tant que ce report auto­ma­tique des voix à gauche est de moins en moins appli­qué et que c’est sur­tout l’abstention qui devient la réponse.

Pour évi­ter ce dilemme, Patrick Per­on a une solu­tion : atteindre les 10% pour pou­voir se main­te­nir et avoir des élus… CQFD. Mais quid si tel n’est pas le cas ? Ren­dez-vous au soir du 6 décembre…

Michel Mul­ler


meeting ul

 « NON A L’ACAL, OUI A NOS REGIONS: LE REFUS DE LA FATALITE

En cette soi­rée du 5 novembre, la grande salle du Ler­chen­berg était juste suf­fi­sante pour accueillir les 60 can­di­dats alsa­ciens sur la liste « Non à l’ACAL, oui à nos Régions » et leurs nom­breux sup­por­ters. Une majo­ri­té écra­sante venue du par­ti auto­no­miste Unser Land mais éga­le­ment des can­di­dats et des mili­tant d’Alternatives et Auto­ges­tion, qui ont rejoint cette liste (voir l’article sur la confé­rence de presse d’A&A dans ces colonnes).

Thier­ry Kran­zer : l’Alsacien de New-York

Né à Col­mar, Thier­ry Kran­zer est diplô­mé en sciences poli­tiques, en anthro­po­lo­gie cultu­relle et en ges­tion d’entreprise, com­mu­ni­ca­tion et mar­ke­ting. Depuis 2001, il est atta­ché de presse fran­co­phone au Siège de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à New-York. Très impli­qué dans la défense des langues régio­nales, il déve­loppe dans ses ouvrages non seule­ment la dimen­sion « cultu­relle » de ses langues (qui serait déjà suf­fi­sante pour défendre leur ensei­gne­ment) mais aus­si la dyna­mique éco­no­mique qu’elle engendre.

Récem­ment, à pro­pos de la créa­tion de l’ACAL, il écri­vait * : « Nous pou­vons dire aujourd’hui qu’au niveau mon­dial nous dis­po­sons de don­nées empi­riques qui démontrent les liens entre iden­ti­té et com­pé­ti­vi­té et les liens entre spé­ci­fi­ci­té et crois­sance éco­no­mique.  Une enti­té bien visible, d’une noto­rié­té et d’une image pro­duit de siècles d’histoire est aujourd’hui le meilleur gage de sta­bi­li­té éco­no­mique et sociale.

L’Alsace dis­pose d’une noto­rié­té et d’une image dans le monde qui dépasse celle de nom­breux États Membres des Nations Unies. Cette image est un gage de com­pé­ti­vi­té, de visi­bi­li­té et de cré­di­bi­li­té. Diluer l’Alsace c’est diluer cette visi­bi­li­té et cré­di­bi­li­té gages de com­pé­ti­ti­vi­té.  C’est un sui­cide éco­no­mique et social à long terme. »

Dans ses pro­pos au mee­ting du Ler­chen­berg, il insis­tait par­ti­cu­liè­re­ment sur le fait qu’il ne fal­lait pas tom­ber dans la fata­li­té devant la volon­té des par­tis cen­tra­li­sa­teurs d’imposer cette ACAL. Le vote pour la liste « Non à l’ACAL » était le pre­mier pas pour défaire cette enti­té que le par­ti auto­no­miste n’est non seule­ment pas prêt à accep­ter mais qu’il veut faire dis­pa­raître s’il était ame­né à diri­ger cette Région.

Don­ner la voix à 85% de ceux qui rejettent l’ACAL

Un son­dage a révé­lé que 70% des Lor­rains, 71% des Cham­pe­nois-Arden­nais et sur­tout 85% d’Alsaciens ne vou­laient pas de ce nou­veau décou­page régio­nal. Unser Land rap­pelle qu’elle a réus­si à faire signer 110.000 habi­tants alsa­ciens pour exi­ger un réfé­ren­dum sur la consti­tu­tion de la nou­velle région. Mais M. Richert qui se décla­rait « contre » cette réforme avant qu’il ne vise la pré­si­dence de la nou­velle région (poli­ti­card tu es, poli­ti­card tu seras tou­jours…), a mépri­sé l’expression de ses conci­toyens en se pliant à la décision.

Cette posi­tion ferme et claire d’Unser Land lui a per­mis de mon­ter une liste sans trop de pro­blème pré­cise Andrée Mun­chen­bach, la tête de liste bas-rhi­noise.  « On y retrouve des repré­sen­tants de la socié­té civile, quelques maires en acti­vi­té et d’anciens conseillers géné­raux dont la parole est libé­rée ». Réfé­rence sûre­ment à Jean-Jacques Weber, ancien pré­sident du Conseil géné­ral 68, qui ne cesse de dénon­cer la capi­tu­la­tion de ses anciens amis qui dirigent aujourd’hui la Région Alsace.

Ces 85% qui rejettent la fusion des régions est un quelque sorte le « capi­tal » pour la liste qu’il fau­dra faire fruc­ti­fier par une cam­pagne active et offensive.

La démo­cra­tie au cœur du combat

C’est Nadia Hoog, tête de liste dans le Haut-Rhin qui donne le ton. Refu­sant de se lais­ser can­ton­ner dans une vision de l’autonomisme lié à l’histoire de notre région, elle rap­pelle le sens de l’autonomie pour elle : « Notre com­bat, c’est la démo­cra­tie et l’autonomie. Nous vou­lons rame­ner les centres de déci­sion dans les ter­ri­toires, lut­ter contre le cen­tra­lisme et repré­sen­ter un souffle nou­veau en politique ».

C’est éga­le­ment sur ces bases qu’Alternatives et Auto­ges­tion rejoint Unser Land, appor­tant en outre une dimen­sion éco­lo­gique au pro­gramme des auto­no­mistes. Les deux for­ma­tions défendent l’idée des cir­cuits courts, de l’agriculture rai­son­née, d’une éco­taxe pour finan­cer le déve­lop­pe­ment des trans­ports en com­mun, la fer­me­ture de la cen­trale de Fes­sen­heim et la recherche d’énergies nouvelles.

NADIA HOOG

Dans un débat sur France 3, ven­dre­di der­nier, Nadia Hoog main­te­nait le cap devant les repré­sen­tants des Répu­bli­cains, du FN, du PS et de Lutte ouvrière avec pug­na­ci­té: « Nous vou­lons que notre Région puisse défi­nir sa poli­tique fis­cale, lever des impôts et ne pas se conten­ter des 2,5 mil­liards d’euros que l’Etat pré­tend don­ner comme bud­get à la Grande Région : il s’agit d’une aumône qui ne per­met en aucun cas de mener une réelle poli­tique décentralisée ».

La culture régionale

Thier­ry Kran­zer a publié un ouvrage « Les langues régio­nales au bord du gouffre ». Le Comi­té fédé­ral pour la langue et la culture régio­nales vient d’abonder dans son sens lors d’une confé­rence de presse mar­di 3 novembre. L’enseignement de la langue régio­nale ne pro­gresse pas en nombre d’élèves, le nombre d’heures  pré­vues dans les écoles n’atteint pas les 13 heures qui seraient néces­saires…  Cet ensei­gne­ment se déroule dans le cadre d’une conven­tion entre l’Etat, la Région et les deux dépar­te­ments. Or, cette conven­tion doit être rené­go­ciée dans deux ans dans le cadre de la nou­velle région si celle-ci se met en place défi­ni­ti­ve­ment. Quel sera le poids des Alsa­ciens pour exi­ger des moyens pour l’enseignement de la langue régionale ?

C’est pour­quoi Nadia Hoog par­ti­cu­liè­re­ment insiste sur le fait que l’apprentissage de la langue est fon­da­men­tal mais que cela n’est pas suffisant.

Elle pré­co­nise un déve­lop­pe­ment de la culture régio­nale allant bien au-delà de la langue et concer­nant tous les domaines. Jusqu’à pré­co­ni­ser dans le pro­gramme d’Unser Land pré­sen­té par Jean-Georges Trouillet, la mise en place d’une chaîne de télé­vi­sion consa­crée à l’activité éco­no­mique, poli­tique, sociale et cultu­relle alsa­cienne qui serait dif­fu­sée évi­dem­ment en alsacien.

En conclu­sion, si le pro­gramme de la liste « Non à l’ACAL, oui à nos Régions » est des­ti­né à faire un bon score aux élec­tions régio­nales, il est en réa­li­té un pro­jet à long terme avec une volon­té de chan­ge­ments socié­taux dont plu­sieurs ont indé­nia­ble­ment une dimen­sion progressiste.

Michel Mul­ler

http://www.unserland.org/du-lien-entre-identite-et-competitivite-par-thierry-kranzer/


vincent

Alter­na­tives et Auto­ges­tion : sur la liste « Non à l’ACAL, oui à nos Régions »

Alter­na­tives & Auto­ges­tion 68, mou­ve­ment poli­tique issu des Alter­na­tifs,  a pré­sen­té le 3 novembre lors d’une confé­rence de presse,  ses objec­tifs pour l’ag­glo­mé­ra­tion mul­hou­sienne et sa posi­tion en vue des élec­tions régionales.

Roger Win­te­rhal­ter et Vincent Gou­let, les deux ani­ma­teurs du mou­ve­ment, ont rap­pe­lé les ter­rains sur les­quels A&A inter­vient : la jus­tice sociale, la lutte contre les inéga­li­tés et les dis­cri­mi­na­tions, le fémi­nisme, la démo­cra­tie, l’écologie et l’économie à visage humain.

Struc­tu­rés sur le plan natio­nal, http://www.alternatifs.org/spip/alternatives-autogestion ce mou­ve­ment cherche à faire de la poli­tique autre­ment pour inven­ter ensemble une socié­té plus juste où cha­cun ait sa place et puisse pré­tendre au bonheur.

Dans le Haut-Rhin

A&A dans le Haut-Rhin est un groupe de mili­tant-e‑s mais aus­si de sym­pa­thi­sant-e‑s impli­quées dans le mou­ve­ment asso­cia­tif, cultu­rel, l’économie sociale et soli­daire, la coopé­ra­tion trans­fron­ta­lière, l’expression et l’éducation popu­laire, etc.

« Les objec­tifs à Mul­house et son agglo­mé­ra­tion pour les années à venir : créer une véri­table alter­na­tive pro­gres­siste pour 2020 – en dépas­sant des cli­vages et en cher­chant à renou­ve­ler les façons de faire et pen­ser la politique.

Mul­house est une ville trop iso­lée, pour­tant pla­cée à un endroit stra­té­gique : Suisse, Bade et Forêt Noire, Suisse du Nord-Ouest. Ville d’immigration ouverte sur le monde, son poten­tiel cultu­rel comme son patri­moine tech­nique ne sont pas assez exploités.

Nous vou­lons sor­tir la région de Mul­house de la léthar­gie ! »

Les régio­nales 2015

Alter­na­tives et Auto­ges­tion se posi­tionne clai­re­ment contre la nou­velle méga-région. « Située tout au sud de l’ACAL, encla­vée dans l’ensemble tech­no­cra­tique et inco­hé­rent déci­dé uni­la­té­ra­le­ment par le gou­ver­ne­ment à Paris, Mul­house risque la marginalisation ».

Dénon­çant ce nou­veau type de cen­tra­lisme, A&A prône l’autonomie pour per­mettre aux Alsa­ciens mais aus­si aux Lor­rains et aux « Cham­par­den­nais » de prendre leur des­tin en main.

Les ques­tions éco­no­miques et sociales sont très pré­sentes dans les objec­tifs : « Nous vou­lons retrou­ver le che­min de la crois­sance et du bien-être à tra­vers le déve­lop­pe­ment des cir­cuits-courts, l’autopromotion immo­bi­lière, le déve­lop­pe­ment des mon­naies locales, la démo­cra­ti­sa­tion des déci­sions publiques.

Nous vou­lons encou­ra­ger le bilin­guisme, pro­mou­voir une culture rhé­nane forte et ouverte, ren­for­cer nos liens éco­no­miques, scien­ti­fiques, artis­tiques avec Bâle et Frei­bourg mais aus­si la région de Bel­fort-Mont­bé­liard, avec qui nous par­ta­geons une grande par­tie de notre culture tech­nique et industrielle. »

Pour A&A68, sou­te­nir et par­ti­ci­per à la liste « Non l’A­CAL ! Oui à nos Régions ! » avec le par­ti régio­na­liste alsa­cien Unser Land, le Par­ti Lor­rain, le Par­ti Mosel­lan et l’Al­liance Eco­lo­giste Indé­pen­dante  en Cham­pagne-Ardenne et est une façon de faire entendre la voix de Mul­house et de son agglo­mé­ra­tion et d’exiger la prise en compte des dési­rs des citoyens.

A&A et l’autonomie ?

Selon Alter­na­tives et Auto­ges­tion, « l’au­to­no­mie, c’est l’autogestion régio­nale, la dis­cus­sion publique et la prise de déci­sion au plus près des citoyens et de leur vie quo­ti­dienne. » Une exi­gence démo­cra­tique qui ne sau­rait conduire au repli sur soi. Il faut au contraire pri­vi­lé­gier  l’ouverture et les échanges à l’échelle inter­na­tio­nale en ayant un point de vue sur le monde qui n’est pas celui dés­in­car­né de l’Etat ou du Mar­ché. Et donc, abou­tir à une péréqua­tion avec les autres régions moins bien loties, sans oublier la soli­da­ri­té et accueil des réfu­giés à mettre en œuvre dans notre région.

Dans le domaine éco­no­mique, social et envi­ron­ne­men­tal, l’autonomie doit être un levier pour une éco­lo­gie en acte et la Tran­si­tion : pré­co­ni­sant les cir­cuits courts entre pro­duc­tion et dis­tri­bu­tion, la mise en valeur sou­te­nable des richesses natu­relles locale (bois, agri­cul­ture, géo­ther­mie) dans le but de pré­ser­ver et créer de l’emploi tout en res­pec­tant les condi­tions envi­ron­ne­men­tales, A&A consi­dère que c’est plus vers l’économie social et soli­daire (ESS) qu’il fau­dra se tour­ner pour assu­rer un ave­nir tant social que cultu­rel à notre région.

Mais   l’ESS ne pour­ra tout résoudre. Dans une éco­no­mie mon­dia­li­sée, avec des évo­lu­tions indus­trielles et tech­no­lo­giques consi­dé­rables, il fau­dra aus­si de gros inves­tis­se­ments et déve­lop­per des pôles d’innovation, en syner­gie avec la région  Bel­fort-Mont­bé­liard mais aus­si la Moselle autour des véhi­cules du futur (auto­mo­biles, trains, trans­port en com­mun) ;  avec nos amis alle­mands et suisses dans le domaine de la tran­si­tion éner­gé­tique, (sor­tie du nucléaire, géo­ther­mie, tech­no­lo­gies solaires) mais aus­si, par exemple,de la chi­mie fine en déve­lop­pant les par­te­na­riats entre l’E­cole Natio­nale de chi­mie de Mul­house, l’université de Frei­burg, le pôle phar­ma­ceu­tique de Bâle… »

On a pu mesu­rer, lors de cette confé­rence de presse, un vrai tra­vail de réflexion et de pros­pec­tion qui, au-delà des élec­tions régio­nales, devrait conduire à un pro­gramme poli­tique qui devrait se construire direc­te­ment avec les citoyens.

Vincent Gou­let, can­di­dat d’A&A sur la liste « Non à l’ACAL, oui à nos Régions », tout comme son mou­ve­ment, voit les élec­tions régio­nales comme une étape à la créa­tion d’un élan citoyen pour « chan­ger la poli­tique ». Pour reve­nir à des valeurs remet­tant l’humain au centre de la socié­té en lieu et place de la « finance ». Beau programme !

Michel Mul­ler