34e Foire éco-bio d’Alsace au Parc des Expo­si­tions de Col­mar,  du jeu­di 14 au dimanche 17 mai 2015.

La doyenne des mani­fes­ta­tions dédiées aux pro­duits éco­lo­giques et bio­lo­giques, une des plus impor­tantes dans l’Hexagone, réuni­ra quelque 480 exposant(-e)s (asso­cia­tions incluses).

Depuis 2007 c’est la cité natale du sculp­teur Fré­dé­ric-Auguste Bar­thol­di qui accueille cette Foire. Aupa­ra­vant, celle-ci se tenait, dans un cadre assez buco­lique et un tan­ti­net plus convi­vial, à Rouf­fach (d’abord l’Allée des rem­parts, puis la Place de l’église), loca­li­té de 4600 habitant(-e)s située à seize kilo­mètres au sud.

L’idée avait ger­mé dans l’esprit de Hen­ri Bann­warth, un des pre­miers vigne­rons fran­çais à se lan­cer dans le bio. Les 2 et 3 sep­tembre 1972, il orga­ni­sa une pré­sen­ta­tion de l’agriculture et de l’alimentation naturelles.

Mais il fal­lut attendre mai 1981 (1) pour que se tînt la 1ére Foire euro­péenne du pain, du vin et du fro­mage éco-bio­lo­giques. Les autres co-fon­da­teurs : Chan­tal et Jean-Pierre Frick, viti­cul­teurs en bio­dy­na­mie à Pfaf­fen­heim, André Isner, agriculteur/éleveur à Rouf­fach et André Roesch de Mus­sig (près de Séles­tat), qui a démar­ré, en juin 2003, l’AMAP (2) de Brei­ten­heim. D’emblée, la lutte contre le nucléaire consti­tua une pré­oc­cu­pa­tion majeure.

À l’instar d’autres pen­seurs comme Ber­nard Char­bon­neau (28 novembre 1910 – 28 avril 1996), Ivan Illich (4 sep­tembre 1926 – 2 décembre 2002), Ing­mar Grand­stedt, André Gorz (9 février 1923 – 22 sep­tembre 2007) n’a ces­sé de poin­ter notam­ment les tares consub­stan­tielles à nos modes de pro­duc­tion et de consom­ma­tion. Dans «Les che­mins du Para­dis – L’agonie du Capi­tal» (mars 1983), il avait écrit: « Toutes les idéo­lo­gies domi­nantes se liguent pour nous empê­cher de voir la crise comme la fin d’une époque et le com­men­ce­ment pos­sible d’une autre fon­dée sur la ratio­na­li­té, des valeurs, des rap­ports et une vie dif­fé­rents». Rien à voir avec «Le Capi­tal au XXIème siècle», le pavé de Tho­mas Piket­ty! Pour­tant, celui-ci pas­se­rait presque pour un «révo­lu­tion­naire», com­pa­ré aux éco­no­mistes atter­rants qui nous assènent leurs antiennes ultralibérales.

«Tous les signes de la fin du capi­ta­lisme pro­duc­ti­viste et finan­cier sont pré­sents: épui­se­ment des res­sources natu­relles, dérè­gle­ment cli­ma­tique, mon­tée en puis­sance des inéga­li­tés, dégra­da­tion des condi­tions de vie sur terre, pol­lu­tion de l’eau, de l’air et du sol, replis com­mu­nau­taires et reli­gieux. Que faut-il encore pour nous ouvrir les yeux? Le moment est venu de reprendre le slo­gan «un nou­veau monde est pos­sible» et sur­tout de com­men­cer à le construire». (Jean-Fran­çois Pier­det, le pré­sident de la Foire, dans sa décla­ra­tion d’intention).

L’intitulé de la mani­fes­ta­tion: «Sale temps pour le cli­mat… Mobi­li­sons-nous!»

Entre le 30 novembre et le 15 décembre pro­chains se tien­dra au Parc des Expo­si­tions à Paris-Le Bour­get la 21ème Confé­rence des Par­ties sur le cli­mat, la 11ème post-Pro­to­cole de Kyo­to. Fran­çois Hol­lande, le Pré­sident voya­geur et com­mé­mo­rant, tente de pro­mou­voir tous azi­muts ce som­met afin que celui-ci se solde par des enga­ge­ments concrets, tan­gibles à terme. Pour son trip des 26 et 27 février aux Phi­lip­pines, il avait même convié dans la délé­ga­tion offi­cielle deux star­lettes, Marion Cotillard et Méla­nie Laurent, pré­ten­du­ment sen­sibles à «l’écologie». Même si, contrai­re­ment à son pré­dé­ces­seur, il ne s’est pas ris­qué, du moins en public, à une saillie du genre «L’environnement, ça com­mence à bien faire!» (3), le chef de l’État ne s’est pas sin­gu­la­ri­sé jusqu’ici par un inté­rêt pré­gnant pour les thé­ma­tiques pré­ci­tées. La «tran­si­tion éner­gé­tique», telle que Ségo­lène Royal et lui l’ont embou­chée, conforte le sta­tu quo. Lors du grand hap­pe­ning de la fin d’année, les deux ex se plas­tron­ne­ront sans doute d’un bilan car­bone moins piteux que celui des par­te­naires de l’UE, en mar­te­lant par exemple la contre-véri­té du nucléaire non émet­teur de gaz à effet de serre… Mais, nous assure-t-on, «la pré­si­dence fran­çaise de la COP21 sera éga­le­ment à l’écoute de la socié­té civile», pour laquelle sera édi­fié un «vil­lage», acces­sible sans accré­di­ta­tion. «La forte mobi­li­sa­tion des citoyens et des acteurs non-éta­tiques (col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales, sec­teur pri­vé, ONG, scien­ti­fiques, etc) sur l’enjeu cli­ma­tique est une prio­ri­té». Je gage que la plu­part des intervenant(-e)s à Col­mar n’escomptent aucune mesure déci­sif du show que concoctent nos gou­ver­nants. À quoi sert un «Fonds vert pour le cli­mat» (4) si les ten­dances éco­ci­daires s’amplifient?… La limi­ta­tion du réchauf­fe­ment à deux degrés d’ici… 2100 ne témoigne pas non plus pré­ci­sé­ment d’un volon­ta­risme à tout crin. Il y a dix-huit ans, les for­mu­la­tions allaient un chouïa plus loin…

Ini­tia­tive de solidarité

La jour­na­liste et docu­men­ta­riste Marie-Monique Robin inau­gu­re­ra cette édi­tion. Elle pré­sen­te­ra «Les mois­sons du futur. Com­ment l’agroécologie peut nour­rir le monde», déjà à l’affiche ici il y a deux ans, et «Sacrée crois­sance». Arte a dif­fu­sé le pre­mier film à cinq reprises (les 16 octobre et 8 novembre 2012, de même que les 1er, 8 et 16 juillet der­niers), le second, les 4, 7 et 15 novembre 2014.

Au pro­gramme, vingt-huit séances de ciné­ma sui­vies d’un débat et autant de confé­rences. Que plu­sieurs se déroulent conco­mi­tam­ment avive les regrets de ne pas jouir du don d’ubiquité.

Le des­crip­tif détaillé des réjouis­sances est dis­po­nible sous www.foireecobioalsace.fr

Prix d’entrée: 6 euros. For­fait pour quatre jours: 18 euros. Gra­tui­té pour les moins de qua­torze ans accom­pa­gnés. Pour évi­ter l’exclusion des per­sonnes désar­gen­tées et leur per­mettre de pro­fi­ter de cet évé­ne­ment, les orga­ni­sa­teurs conservent la for­mule intro­duite en 2014: l’achat d’un billet qui res­te­ra à l’entrée et sera offert à la per­sonne qui en fera la demande. 

La dégus­ta­tion quo­ti­dienne de vins en vente aux stands des vigne­rons coûte cinq euros.

  1. Sans rap­port avec un autre évé­ne­ment national…
  2. Asso­cia­tion pour le main­tien de l’agriculture paysanne.
  1. Nico­las Sar­ko­zy, le 6 mars 2010, au Salon de l’Agriculture.
  1. Doté de 9,3 mil­liards de dol­lars. La France et l’Allemagne y versent cha­cune un mil­liard

    René HAMM

    Bischoff­sheim (Bas-Rhin)