Pré­sen­ta­tion de vœux pour l’an­née 2016 tel­le­ment dif­fé­rents des deux côtés du Rhin!

Vœux d’une Chan­ce­lière et d’un Pré­sident tel­le­ment révé­la­teurs de per­son­na­li­tés, de pro­jets poli­tiques gros de contradictions!

Outre – Rhin la réaf­fir­ma­tion d’une vision socié­tale, d’une volon­té poli­tique, de valeurs morales et  l’ap­pel à une mobi­li­sa­tion citoyenne: « Wir schaf­fen das » - nous pou­vons le faire, nous allons y arri­ver – dit Ange­la Merkel.

Accueil des réfu­giés, ouver­ture au monde, vision éco­no­mique, enga­ge­ments mili­taires mesu­rés et pesés, valeurs col­lec­tives et volon­ta­risme poli­tique outre Rhin, expri­més par la Chan­ce­lière dans quelques phrases clés:

« Si elle est cor­rec­te­ment appré­hen­dée la grande tache actuelle qui consiste à accueillir tant de gens est une chance pour demain ».

« Il y a rare­ment eu une année où nous avons été autant mis au défi de mettre nos paroles en accord avec nos actes ».

« Il est évident que nous devons aider et accueillir ceux qui cherchent un refuge chez nous et je remer­cie la socié­té civile comme les volon­taires, poli­ciers et autres res­pon­sables pour leur enga­ge­ment excep­tion­nel en faveur des migrants ».

« Il est impor­tant de ne pas suivre ceux qui, le cœur froid ou plein de haine se réclament eux seuls de notre iden­ti­té et veulent exclure les autres ».

« Soyons ouverts au monde; notre pays est fort; il béné­fi­cie d’une éco­no­mie robuste et innovante.

Nous devons avoir confiance en nous mêmes, être libres, huma­ni­taires et ouverts au monde ».…

Mais de ce côté-ci du Rhin dra­ma­ti­sa­tion, dis­cours iden­ti­taire et sécu­ri­taire, mili­ta­risme,  évo­ca­tion pour la forme d’ur­gences sociales et éco­no­miques,  annonce de mesures cata­logue… et sur­tout pos­tures: « Mon pre­mier devoir c’est de vous pro­té­ger. » dit notre Président.

« Nous n’en avons pas ter­mi­né avec le ter­ro­risme. La menace est tou­jours là, à son plus haut niveau ».

« Vous pro­té­ger c’est agir à la racine du mal: en Syrie, en Irak; c’est pour­quoi nous avons inten­si­fié nos frappes contre Daesch. »

« La lutte contre le chô­mage reste ma pre­mière priorité ».

« Etat d’ur­gence éco­no­mique et social, for­ma­tion pour 500 000 deman­deurs d’emploi sup­plé­men­taires, ouver­ture large des filières de l’apprentissage…la cause du cli­mat doit deve­nir un grand chan­tier pour l’emploi et la qua­li­té de la vie avec le lan­ce­ment d’un pro­gramme de grands tra­vaux pour la réno­va­tion de nos bâti­ments, pour le déve­lop­pe­ment des éner­gies renou­ve­lables et pour la crois­sance verte ».…

Dis­cours conve­nus certes: l’Al­le­magne n’est pas qu’un pays de cocagne où s’é­pa­noui­rait l’hu­ma­nisme rhé­nan: inéga­li­tés, cor­rup­tion, uti­li­sa­tion de l’es­pace euro­péen pour ses propres inté­rêts, ultra libé­ra­lisme, oui…mais démo­cra­tie vivante, régio­na­lismes actifs, enga­ge­ments réels pour les causes envi­ron­ne­men­tales, valeurs col­lec­tives et morales, corps inter­mé­diaires encore vivants, vision géo­po­li­tique réaliste.

Et la France ne se réduit pas aux contor­sion­nismes poli­ti­ciens, au plus – disant guer­rier, à la néga­tion de ses richesses cultu­relle, de ses diver­si­tés his­to­riques, à l’ou­bli de ses valeurs répu­bli­caines, à l’E­tat d’ur­gence et à  l’é­vo­lu­tion vers une socié­té poli­cière, à la noyade de ses élites intel­lec­tuelles dans la soupe médiatique.…

Mais nous sen­tons bien que la voie emprun­tée  de ce côté  – ci du Rhin devient périlleuse, que la réélec­tion, ou l’é­lec­tion, de notre  pro­chain monarque répu­bli­cain obère toute res­pi­ra­tion, toute réflexion, attise toutes les peurs, per­met toutes les dérives iden­ti­taires, masque  injus­tices, inéga­li­tés, vio­lences sociales.

Alors sou­hai­tons nous que l’an­née 2016 soit celle de nos résis­tances citoyennes à l’i­nac­cep­table, de la refon­da­tion d’un véri­table pro­jet col­lec­tif, de notre  Répu­blique et de la réaf­fir­ma­tion de sa devise, de la pré­ser­va­tion d’un pro­jet euro­péen dans un envi­ron­ne­ment dan­ge­reux, d’une réap­pro­pria­tion démo­cra­tique d’un des­tin commun…

Wir schaf­fen das!

Chris­tian Rubechi