LETTRE D’ATHÈNES

Notre amie Læti­tia, que beau­coup d’entre nous connaissent comme béné­vole au Plan­ning fami­lial est par­tie en Grèce effec­tuer son ser­vice volon­taire euro­péen au sein de l’ONG SCI Hel­las. Elle par­tage ici avec nous l’ex­pé­rience qu’elle y vit depuis un mois, l’im­mer­sion dans ce pays qui, ain­si qu’elle le sou­ligne, « en résis­tance contre l’aus­té­ri­té, se mobi­lise pour l’ac­cueil des réfu­giés ». 

Noëlle CASANOVA – Ligue des Droits de l’Homme.

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« Je t’é­cris pour te don­ner quelques nou­velles après mon pre­mier mois pas­sé Athènes ! Ici, en dehors de la cha­leur, je découvre une ville aux 2 visages avec, d’un côté, les coins tou­ris­tiques et de l’autre côté, les quar­tiers alter­na­tifs qui sont en résis­tance face à l’aus­té­ri­té et se mobi­lisent pour l’ac­cueil des réfugiés.

Exar­cheia est le quar­tier le plus alter­na­tif de la Ville et compte actuel­le­ment 9 bâti­ments publics occu­pés. Le squat le plus connu et le plus grand est l’an­cien hôtel City Pla­za (http://best-hotel-in-europe.eu/) qui héberge actuel­le­ment 400 réfu­giés dont 185 enfants.
En dehors du centre ville d’A­thènes,
Elli­ni­ko est le plus impor­tant camp de réfu­giés avec plus de 3.000 per­sonnes. Les chiffres aug­mentent en été car avec une météo plus favo­rable, davan­tage de per­sonnes tentent de rejoindre les îles grecques.

J’ai déjà ren­con­tré plu­sieurs militant·e·s très actifs-ves et venant de divers hori­zons dont 2 militant·e·s de Nuit Debout Paris ! Il y a vrai­ment un mou­ve­ment de résis­tance trans­na­tio­nal qui se met en place entre dif­fé­rents pays euro­péens (Ita­lie, Espagne, France, Grèce, Alle­magne notam­ment) avec par exemple Blo­cku­py : https://blockupy.org/fr/.

Durant le fes­ti­val anti-raciste d’A­thènes, ma coor­di­na­trice m’a éga­le­ment pré­sen­té Alexia Tsou­ni du col­lec­tif fémi­niste To Mov. Les militant·e·s de ce col­lec­tif tentent de déve­lop­per des actions spé­ci­fiques pour et avec les femmes réfu­giées en se ren­dant sur place dans les centres et camps de réfu­giés, dans les bâti­ments occu­pés et éga­le­ment dans un centre de déten­tion admi­nis­tra­tif pour femmes étran­gères (qui res­semble à une pri­son et où se retrouvent cer­taines deman­deurs d’a­sile car sans papiers pour le moment avant de savoir si leur demande va abou­tir ou si elles vont être expul­sées défi­ni­ti­ve­ment…). Le constat de ces mili­tantes est que de nom­breuses femmes n’ont pas accès aux infor­ma­tions concer­nant leurs droits. Du coup, To Mov déve­loppe prin­ci­pa­le­ment des actions d’in­for­ma­tions sur le droit d’a­sile ain­si que sur les vio­lences de genre.

Bref, tout cela implique l’im­pres­sion de docu­ments en 4 langues (grec, far­si, arabe et anglais) qui reprend les infor­ma­tions que l’on peut trou­ver sur cette page de leur site concer­nant le droit d’a­sile pour les femmes réfugiées/migrantes : http://tomov.gr/en/2016/06/11/right-asylum-women-refugeesimmigrants/

Il leur faut éga­le­ment payer les traductrices/interprètes (qui sont des femmes réfu­giées) + les tra­jets. Le col­lec­tif n’a aucun finan­ce­ment public et ne fonc­tionne que grâce aux dons. Du coup, j’ai lan­cé une col­lecte en ligne pour récol­ter de l’argent: https://www.leetchi.com/fr/Cagnotte/8860916/5d43a778 afin de les aider à déve­lop­per leurs actions auprès des femmes réfu­giées et migrantes qui se retrouvent en situa­tion de vul­né­ra­bi­li­té et font face à de nom­breuses vio­lences spécifiques.

Au-delà du fait de récol­ter de l’argent pour ce col­lec­tif, je pense qu’il est essen­tiel de créer une vraie soli­da­ri­té entre mili­tants œuvrant pour l’é­ga­li­té et les droits humains en Europe. Car la paix n’est pas quelque chose que l’on sou­haite, c’est quelque chose que l’on construit ensemble.

Soli­dai­re­ment, Lætitia »