Syndicat majoritaire à l’hôpital de Thann et fer de lance de la mobilisation pour sauver les urgences, Pascale Lichtenauer, responsable du  Syndicat CFTC Santé Sociaux du Haut-Rhin a bien voulu nous faire part des positions de son organisation.

L’Al­ter­presse:  La fer­me­ture des Urgences de l’hôpital de Thann est-elle une consé­quence de la loi san­té de Mari­sol Tou­raine et de la réforme hos­pi­ta­lière qu’elle induit

Pas­cale Lich­te­nauer: Les bud­gets accor­dés sont de plus en plus res­treints, ils asphyxient nos éta­blis­se­ments de san­té ! Il faut faire de plus en plus d’économies !

Le ser­vice des Urgences de Thann  a été frap­pé de plein fouet par ces mesures d’économie.

Ce ser­vice, éva­lué comme non ren­table en nuit pro­fonde ( à par­tir de minuit ), devrait se restruc­tu­rer  en n’ouvrant que le jour. Et oui,  tou­jours cette « fou­tue » ques­tion de ren­ta­bi­li­té et cela ne dérange  pas l’Etat qu’elle rime avec inéga­li­té ! Sans les urgences de Thann, 30 000 habi­tants se retrou­ve­ront à une heure d’un centre  d’urgences .Et c’est toute la popu­la­tion du bas­sin Thur-Dol­ler et du bas­sin potas­sique qui sera  délaissée !

La  pénu­rie d’urgentistes, est éga­le­ment induite par des mesures d’économie. On nous annonce d’ici 5 ans un manque de plus de 120 urgen­tistes en ALSACE et  il n’en sort que 12  par année . Trou­vez l’erreur ! Le  numé­rus clau­sus est en totale inadé­qua­tion avec les besoins du terrain !

On parle aujourd’hui des urgen­tistes , mais il y a éga­le­ment une pénu­rie de gyné­co­logues, d’anesthésistes, de radiologues ……..

L’A: Quelle devrait être, selon vous, la poli­tique de san­té dans notre pays dans l’état actuel des finances publiques ?

PL: Il est plus qu’urgent de déga­ger des moyens finan­ciers  pour venir en aide aux éta­blis­se­ments de santé.

Quand il a fal­lu trou­ver des fonds pour sau­ver les banques, le gou­ver­ne­ment a su le faire !.

Il y a des choses à revoir en France, en par­ti­cu­lier le salaire de nos hommes politiques !

Les dépenses baissent… mais à quel prix!

En 2016, les dépenses d’assurance mala­die attein­dront un niveau his­to­ri­que­ment bas.

Mais à quel prix ?

Les bud­gets accor­dés  sont de plus en plus res­treints, ils asphyxient nos éta­blis­se­ments de santé !

La CFTC ne peut plus accep­ter que par manque de moyens financiers :

►ll y ait tou­jours moins de per­son­nel pour s’occuper des patients et des rési­dents. Le per­son­nel  est pous­sé à bout. Il s’épuise.
►Les condi­tions de tra­vail se dégradent de plus en plus. Les rythmes de tra­vail sont  infer­naux. Les repos de sécu­ri­té ne sont pas res­pec­tés. Les rap­pels sur les repos sont incessants……
►Des ser­vices ferment.
►Des lits d’hospitalisation soient supprimés.
►On limite le numé­rus clau­sus (nombre d’étudiants  admis chaque année en 2ème année  de méde­cine), sans tenir compte de l’augmentation de la popu­la­tion et de son vieillissement.

Toutes ces mesures péna­lisent  lour­de­ment le ser­vice ren­du aux usagers.

La CFTC demande avec force que la Ministre des Affaires Sociales et de la San­té mesure toute l’ampleur du malaise des soi­gnants et y apporte des mesures cor­rec­tives très rapi­de­ment. L’octroi  de moyens bud­gé­taires sup­plé­men­taires per­met­tant aux éta­blis­se­ments sani­taires et médi­co-sociaux de pro­di­guer des soins de qua­li­té,  s’avère urgent et plus que  nécessaire !

L’A: La mobi­li­sa­tion est impor­tante : syn­di­cats, élus, poli­tiques, citoyens… mais très dis­per­sée. Pen­sez-vous qu’un ras­sem­ble­ment de toutes ces forces est pos­sibles, entre autres pour sau­ver les urgences de Thann

PL: La mobi­li­sa­tion  a été impor­tante en effet :

-Plus de 1000 per­sonnes à l’appel des élus  le same­di matin . J’ai en ma pos­ses­sion la péti­tion qui a été signée spon­ta­né­ment    ce matin là  et qui atteste du nombre de participants !

-400 per­sonnes à l’appel de la CFTC le mar­di AM.

- Appa­rem­ment le mou­ve­ment du  mar­di matin  (CGT-FO) n’a pas été aus­si sui­vi, au vu des com­men­taires de la presse.  (entre 100 et 150 par­ti­ci­pants, ndlr)

Cela ne nous dérange pas  outre mesure qu’il y ait eu plu­sieurs mou­ve­ments   , car au moins  on a par­lé  moult  fois du ser­vice des Urgences dans les médias .

Lors de leur mou­ve­ment, Les poli­tiques ont sou­hai­té    » une uni­té syn­di­cale » . Mais c’est mécon­naître les effets de  la Loi de la  repré­sen­ta­ti­vi­té syn­di­cale. De plus le GHRMSA (Groupe hos­pi­ta­lier de la Région de Mul­house et Sud Alsace, ndlr) doit élire le 15 décembre 2016 ses repré­sen­tants au Comi­té tech­nique d’é­ta­blis­se­ment (CTE) . Nous sommes donc en pleine cam­pagne électorale !

Pour la CFTC, pré­sente aux côtés des agents depuis de nom­breuses années sur le site de Thann, la ques­tion de la fer­me­ture des urgences  doit res­ter pri­mor­diale et peu importe les  élections !

 De plus, notre mou­ve­ment a été arrê­té après avoir contac­té les res­pon­sables syn­di­caux dépar­te­men­taux  de la CGT et de FO.  Leur mani­fes­ta­tion à Stras­bourg ne nous conve­nait pas. Pour la CFTC, il fal­lait orga­ni­ser quelque chose sur les ter­rains tou­chés de plein fouet par les  res­tric­tions  budgétaires.

 Mais comme le  disait si bien mon confrère  de la CFTC : « les syn­di­cats s’entendront  peut-être un jour quand les poli­tiques  s’entendront entre eux !!!! »

Gar­dons espoir !

Pro­pos recueillis par Michel Muller