Elus, associations, citoyens, ils étaient là, en ce 14 mars, devant l’entreprise Stocamine à Wittelsheim. Ils étaient là pour rappeler la dangerosité des déchets entreposés dans les anciennes galeries des Mines de Potasse et exiger le déstockage intégral. Le préfet du Haut-Rhin à la décision entre ses mains.
La décision du représentant de l’Etat dans le département devrait être prise à la fin de ce mois. Le préfet devrait se baser sur le rapport des commissaires enquêteurs, diligentés par la préfecture en octobre 2016. Les enquêteurs ont également recueilli les observations du public et des délibérations des communes du secteur concerné. (L’Alterpresse http://lalterprls.cluster011.ovh.net/2698-2/)
Une phrase dans le rapport suffit à décrire la situation : « Il est vraisemblable qu’on se trouve devant un vrai sujet de santé publique pour les générations futures… » Difficile d’être plus explicites pour des experts qui avancent souvent leurs arguments avec une prudence de sioux pour ne pas être taxé de parti pris… Et malgré cela, ils arrivent à préconiser un avis favorable ( !) à « la prolongation pour une durée illimitée du stockage souterrain des déchets ». Avis certes assorti de « réserves impératives, cumulatives et non négociables » : deuxième ouverture de parapluie au cas où « les générations futures » verront la nappe phréatique polluée irrémédiablement.
Yannick Jadot interpelle Ségolène Royal
La présence de Yannick Jadot, député européen EELV, est venu renforcée la détermination du collectif Déstocamine qui mène depuis des années, une lutte incessante contre cet enfouissement de déchets ultimes dans le sous-sol alsacien.
Les déchets sont enfouis à 500 m de profondeur, en-dessous de la nappe phréatique qui est, faut-il le rappeler, la plus grande d’Europe. Elle n’est pas uniquement « alsacienne », mais rhénane et remonte jusqu’au Pays-Bas. Dans sa prise de parole, Yann Flory, du collectif Déstocamine, rappelle le risque maintes fois dénoncés : « L’eau va s’infiltrer dans les galeries, se mélanger aux déchets toxiques et envahir toute la mine. Ensuite, cette eau polluée va remonter jusqu’à la nappe phréatique située au-dessus ». Il ne reste donc pas d’autres solutions pour éviter un désastre sanitaire, que de sortir la totalité de ces déchets. Yannick Jadot s’engage : « Avec Benoît Hamon, nous allons envoyer d’urgence une lette à Mme Royal qui a le dernier mot dans cette affaire pour qu’elle décide le déstockage total. »
L’ancien sénateur Jacques Muller dénonçant l’appétit des bétonneurs dans cette affaire
Des impossibilités techniques ?
Les experts mettent en avant, sous forme de critiques sévères à l’entreprise Stocamine, la dégradation des galeries, les éboulements, un stockage anarchique ne tenant pas compte de la dangerosité de certains produits plus que d’autres. Ainsi, pour sortir les déchets les plus dangereux, il faudrait déplacer des quantités de sacs contenants des produits moins dangereux. N’est-il pas alors totalement ridicule de prôner la seule sortie des déchets dangereux et laisser les autres qu’on a pourtant dû manipuler pour dégager les autres ?
Les rois du béton se frottent les mains
En cas de stockage définitif, il faudra pourtant, selon les experts, prendre des mesures pour limiter la pollution. Noter bien le terme de limitation car il est clair que la pollution adviendra un jour, cela n’est qu’une question de temps.
Pour repousser les échéances, il faudra installer des ouvrages pour boucher les accès aux galeries concernées. Il faudra bien évidemment, des tonnes et des tonnes de béton qu’il faudra injecter au plus grand bénéfice des entreprises de béton, tels que Holcim ou d’autres.
Mais là aussi, les experts notent qu’il faudrait « mettre en place un dispositif permettant de garder une vigilance sur ce dépôt de déchets toxiques ».
Là il faut rappeler que ce qui a mis en exergue le grand n’importe quoi qu’a fait l’entreprise Stocamine, c’est l’incendie survenu dans le bloc 15 en septembre 2002. Il a fallut deux mois pour éteindre le brasier et l’enquête a révélé que ce départ de feu avait été causé par 472 sacs non autorisés de résidus d’engrais hautement inflammables.
Un déstockage en cours
Suite à cet incendie, une entreprise spécialisée allemande s’occupe du déstockage. Selon des mineurs qui ont pu observer son travail, la société a acquis un savoir-faire et un mode opératoire qui fonctionne. Même si le temps ne joue pas en sa faveur en fonction de l’éboulement de certains blocs, le déstockage total n’est pas impossible. Le problème, c’est que le directeur des MDPA Alain Rollet s’est positionné pour le confinement définitif. On peut penser qu’il s’agit avant tout d’une question de gros sous, le déstockage serait, selon lui, plus onéreux que le confinement.
Voilà bien un raisonnement de gribouille : et combien coûtera in fine, une pollution rendant impropre l’usage de l’eau de la nappe phréatique ?
Aujourd’hui, une partie importante de la population est contre ce confinement. Il faut préciser que la surface concernée sur laquelle sont situées les communes consultées, est totalement arbitraire. En effet, si on prend en compte l’étendue de la nappe phréatique et donc des personnes en danger, c’est bien un territoire couvrant tout l’espace rhénan, concernant plusieurs pays qui aurait pouvoir donner son avis. Yannick Jadot nous a rappelé que le Parlement européen a fait son travail : il est contre le confinement.
A présent, à vous de jouer, Mme Royal !
Michel Muller
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ÜSSA MET DAM MESCHT !!!
C’est le printemps, la période d’hibernation est terminée. ON SE REVEILLE !
A l’occasion de la journée mondiale de l’eau, pour tous ceux qui ne sont pas encore complètement lobotomisés, le collectif Déstocamine vous invite à un rassemblement mercredi 22 mars 2017, place de la mairie à Wittelsheim, de 15H à 16h30. Un immense lâcher de ballons clôturera cette rencontre.
Si vous souhaitez vous rendre utile afin que vos petits chats et vos petits enfants aient encore de l’eau potable en plaine d’Alsace dans 20 ans, le moment c’est maintenant.
Claude