Cela remonte à 2010. L’Allemagne se dote d’un nouveau président, Christian Wulff, jeune (51 ans), beau couple avec sa blonde épouse, conservateur CDU mais pas trop quand même (il soutient l’idée que l’islam a sa place en Allemagne).
Mais dès fin 2010, une drôle de rumeur se répand. Le président aurait fait des abus de biens sociaux, il aurait bénéficié de prêts louches pour construire sa maison…
Puis la machine s’emballe, ce ne sont pas moins de 21 délits qu’on lui reproche. Celui qui va lui donner le coup de grâce, c’est une invitation à la fête de la Bière à Munich par un producteur de film qui a réglé la chambre du président pour la somme de 700 euros.
Le Bundestag, le parlement, lève son immunité, il risque d’être inculpé, une enquête est diligentée et en février 2012 Christian Wulff démissionne. On ne le reverra plus dans le champ politique.
La police allemande examine alors toutes les pièces du dossier, elle recherche des indices, fouille dans la vie du président qui est étalée au grand jour par cette presse de masse et de caniveau qu’est Bild…
Tout cela pour arriver à un procès en bonne et due forme en avril 2014. Il aurait pu l’éviter, l’ex-président car le parquet lui proposait de passer l’éponge à condition qu’il reconnaisse sa culpabilité et qu’il paye 20.000 euros d’amende.
Mais Christian Wulff refuse, il veut son procès.
Surprise, énorme surprise, à l’ouverture du procès, la police n’a pas trouver de trace de malversation ou d’abus de biens sociaux, il n’y avait aucun reproche à lui faire. Une seule plainte subsiste toutefois, c’est celle concernant la chambre d’hôtel à 700 euros. Et encore là, le tribunal ne trouve rien d’illégal… Le président déchu est purement et simplement relaxé. Le juge lui octroi même des dommages et intérêts pour le préjudice subi.
Tout cela pour 700 euros… On a demandé aux journalistes allemands s’ils n’avaient pas un peu mauvaise conscience d’avoir briser la carrière de ce jeune politique prometteur.
Sur douze rédacteurs en chef de médias allemands interrogés, tous estimaient que la démission du président s’imposait. Dix d’entre eux jugeaient le procès « nécessaire ». Les journalistes rappelaient la légèreté avec laquelle Christian Wulff avait accueilli publiquement les accusations, tout en s’activant en coulisse pour empêcher la publication d’articles défavorables. Il avait en effet appelé Mme Springer pour lui demander de ne pas publier des informations qui étaient inexactes.
Donc, la vraie accusation contre Christian Wulff n’était pas qu’il a fait quelque chose d’illégal, mais qu’il a manqué de moralité en tentant de nier et d’empêcher la presse d’en parler…
Cela se passe en Allemagne ! Peut-on imaginer cela en France ?
Malheureusement non. Prenons donc cette affaire Pénélope Fillon qui aurait palpé 900.000 euros pour améliorer l’ordinaire de la famille. Tout cela par des jobs plutôt cool, pour un salaire rondelet. Bon, on ne sait pas si c’était des vrais boulots ou des machins un peu chelou…
Mais attention, jusqu’à preuve du contraire, M. Fillon est in-no-cent, c’est légal même. Preuve : ce sont ses amis qui le disent et des gens aussi honnêtes que Michel Sordi ou Francis Hillmeyer, députés du Haut-Rhin, ont eux aussi embauché des membres de leur famille aux frais de la République.
On peut se faire offrir pour 40.000 euros de costards par un ami cher… Et alors? On peut même organiser les rencontres de M. Poutine pour 55.000 euros… Et alors?
Si tout cela est légal, on peut quand même estimer que ce n’est pas très moral dans un pays où la pauvreté galope et qui se peuple peu à peu de travailleurs pauvres. Surtout de la part d’un candidat voulant nous faire suer sang et eau s’il est élu !
Il est vrai que dans un pays où un ancien président veut refaire carrière tout en traînant des casseroles à pouvoir équiper une cuisine d’un trois étoiles, on ne va pas s’embarrasser de morale.
Le candidat Fillon a trouvé la parade: tout cela ce sont des campagnes ourdies par un cabinet noir qui livre des informations à une presse aux ordres!
Pourtant, il semble bien que les Français, commencent à se dire qu’il faudrait quand même un peu de modestie, de modération, d’honnêteté et même de la morale quand on prétend vouloir diriger un pays et imposer des sacrifices aux citoyens.
Et si un président tombe en Allemagne pour une affaire de 700 euros qui n’en était pas une, il serait indécent qu’en France un candidat soit élu en étant empêtré dans des affaires à tire-larigot, ça c’est un vrai scandale, légal ou pas…
Michel Muller
Le problème avec les lois, c’est qu’en ce qui les concernent les parlementaires se votent pour eux-mêmes les lois qui les arrangent (cf. la prescription de 12 ans concernant les détournements d’argent public et les abus de biens sociaux).
Même s’il y a beaucoup d’inconvénients, la seule solution semble être d’imaginer une possibilité permanente de révocation des élus.
Commune de Paris en 1871 : « Les membres de l’assemblée municipale, sans cesse contrôlés, surveillés, discutés par l’opinion sont révocables, comptables et responsables. »