Le Front social 68 vient d’organiser récemment, une soirée animée par le collectif « Front Social 68 ». 150 personnes se sont retrouvées pour échanger, se détendre en musique et écouter des témoignages de militants.

Le public était varié : jeunes et moins jeunes, anti-fas­cistes, anti-racistes, anar­chistes et com­mu­nistes, syn­di­ca­listes, mili­tants du Par­ti Com­mu­niste et du NPA, ZADistes des bois de Bure et ouvriers de la métal­lur­gie, tra­vailleurs avec ou sans emploi…
Mais tous avaient en com­mun l’envie de se battre ensemble, contre les répres­sions, y com­pris dans les quar­tiers popu­laires, contre la jus­tice des riches, et contre la poli­tique de des­truc­tion de nos droits que met en place Macron.

De Goo­dyear à PSA…

Mickael Wamen de la CGT Goo­dyear et Gael Qui­rante de SUD poste 92, ont déve­lop­pé les rai­sons d’être du Front Social. Vincent de la CGT-PSA, a par­lé de la vie à l’usine pour les pré­caires et de la rup­ture conven­tion­nelle col­lec­tive que Peu­geot met en place et qui auto­rise les licen­cie­ments en masse sans aucune jus­ti­fi­ca­tion éco­no­mique, Lau­ra nous a racon­té la grève du per­son­nel de Onet, char­gé du net­toyage en gare du Nord Paris, André nous a par­lé de la situa­tion des chô­meurs et pré­caires, la mère de Hocine a évo­qué avec beau­coup d’émotion par­ta­gée par la salle, la mort de son fils, tué d’une balle dans la tête tirée par un poli­cier lors d’un trans­fert vers le Tri­bu­nal de Col­mar, une jeune ZADiste nous a fait part de l’expérience col­lec­tive qui se construit à Bure pour blo­quer le pro­jet d’enfouissement des déchets radioactifs.

A été évo­quée encore par un mili­tant CGT la situa­tion de plus en plus pré­caire des artistes et tech­ni­ciens du spec­tacle, la pour­suite en appel d’un jeune Mul­hou­sien, arrê­té à Paris pour avoir eu dans son sac des petits fumi­gènes lors d’ une mani­fes­ta­tion. On a par­lé aus­si des bom­bar­de­ments qu’opère l’armée turque contre les kurdes de Afrin, can­ton de Roja­va dans le nord de la Syrie et appe­lé à la mani­fes­ta­tion  contre ces bombardements.

Il y avait de la musique pour tous les goûts et tous les âges : java musette avec les « O », chan­son fran­çaise avec « La gueu­niche », rock enga­gé avec « Amer­Thunes », groupe com­po­sé notam­ment de mili­tants CGT PSA Mul­house et de SUD Rail, et enfin punk rock avec « Héritage ».

Une belle soi­rée, dédiée aux 4300 mani­fes­tants et résis­tants, pour­sui­vis par la jus­tice depuis le début de la lutte contre la loi El Khomri !

Faire émer­ger un mou­ve­ment de masse…

Une ques­tion demeure cepen­dant et elle n’a pu être réso­lue durant la soi­rée: le Front social peut-il engen­drer un mou­ve­ment de masse pour modi­fier l’o­rien­ta­tion poli­tique du gou­ver­ne­ment et du patro­nat? Pour cela, il faut évi­dem­ment ras­sem­bler au-delà de quelques cha­pelles: la pré­sence indis­pen­sable des syn­di­cats dans la for­ma­tion d’une réac­tion à la hau­teur des enjeux fait-elle par­tie des objec­tifs du Front social?

L’ex­pé­rience du mou­ve­ment ouvrier nous prouve qu’il ne suf­fit pas de jouer sur les colères pour construire des actions durables dans le temps. Pour cela, il est néces­saire de construire des poli­tiques alter­na­tives et de ras­sem­bler ensuite toutes les forces dans leur diver­si­té autour de ces objec­tifs. C’est mal­heu­reu­se­ment ce qui manque actuel­le­ment dans le Front social qui fait pour­tant oeuvre utile en per­met­tant de dénon­cer les dif­fi­cul­tés que ren­contrent le monde du tra­vail. Salu­taire mais insuf­fi­sant pour chan­ger le cours des choses…