L’événement sportif planétaire, c’est donc parti ! Les exploits sportifs engendrent un déferlement de commentaires chauvins et nationalistes des journalistes et pas que les sportifs. Cela nous rappelle fort à propos que le sport a, avant tout, une fonction politique, économique et sociale.
C’était déjà le cas pour les jeux olympiques antiques eurent lieu dès 776 avant J‑C et pendant douze siècles ils furent célébrés tous les quatre ans. Les femmes y étaient interdites sous peine de mort, non seulement d’y participer mais aussi d’y assister étant donné que les athlètes étaient intégralement nus.
La religion, l’art, les symboles philosophiques ou même patriotiques y régnaient afin d’exalter tous les sentiments qui servaient de fondements à la société Grecque. Ces Jeux furent supprimés en 392 après J‑C, la religion chrétienne voyait en eux une institution païenne et donc concurrente.
Pourquoi fallait-il relancer les Jeux Olympiques fin du XIXe siècle ? On attribue au baron français, Pierre de Coubertin la paternité de la tenue des premiers Jeux olympiques rénovés d’Athènes en 1896. Le capitalisme industriel était en train de dominer le monde, les pays européens assoiffés de matières premières colonisaient tous les peuples du monde et le baron Coubertin trouvaient cela très bien : « Dès les premiers jours, j’étais un colonial fanatique » aimait-il rappeler. Il voit dans le sport, un instrument utile de « disciplinisation (sic) des indigènes ».
Car le Baron de Coubertin était en fait un fieffé réactionnaire ! Férocement mysogine, ne dit-il pas, je cite, « Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est à mes yeux, l’adulte mâle individuel. Les Jeux Olympiques doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs. » Si cette position devint assez vite intenable, les mouvements féministes organisant même des jeux olympiques féminins de 1922 à 1934, il fallut quand même attendre 2007 pour que la charte olympique rende obligatoire la présence des femmes dans tout sport.</b>
<p style=« text-align: justify; »><b>Coubertin est aussi un sacré raciste : « Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance ». Et quand sont organisé en 1904 des « journées anthropologiques », compétitions réservées « aux représentants des tribus sauvages et non civilisées » il ne peut s’empêcher d’affirmer que « ces Noirs, ces Rouges, ces Jaunes apprendront à courir, à sauter, à lancer et laisseront les Blancs derrière eux ».
Si Coubertin parle des jeux comme instrument de paix, il n’est pas insensible, avant 1914, aux appels à la guerre et accorde une grande place à l’honneur patriotique et au nationalisme, il présente aussi le sport comme un moyen de rendre les pratiquants plus aptes à la guerre.
Pour lui, toute société est divisée entre forts et faibles. « Il y a deux races distinctes: celle au regard franc, aux muscles forts, à la démarche assurée et celle des maladifs, à la mine résignée et humble, à l’air vaincu ». Il considère que la classe bourgeoise doit naturellement dominer la classe ouvrière et ce sont les collèges anglais qui lui servent de modèle. C’est pourquoi il impose un strict amateurisme des sportifs participant aux Jeux Olympiques : seuls les plus fortunés pouvaient s’adonner au sport et pouvaient s’accorder du temps aux nécessaires entraînements.
Rappelons que le professionnalisme sportif naît en Angleterre au XVIIIe siècle déjà: cela permettait aux ouvriers n’ayant pas de fortune personnelle de pouvoir s’entraîner tout en gagnant leur vie. Ceux-là n’avaient pas droit aux Jeux olympiques : il fallut attendre 1984 pour que des professionnels puissent participer.
Quant au camp politique qui était le sien, Pierre de Coubertin affiche clairement son soutien au régime nazi : Dès avril 1934, il écrit qu’il admire le Führer « intensément » pour justifier l’attribution des jeux de 1936 à l’Allemagne.
Certains commentateurs veulent dédouaner Coubertin en rappelant que tous ces propos reflètent bien son époque. Cela n’enlève en rien au fait que les Jeux Olympiques ont été conçus, dès leur renouveau, comme un instrument au service des Etats et des classes dirigeantes pour s’affirmer sur le plan économique et politique. Et cela n’a pas changé !
D’où le recours au dopage qui n’est de loin pas du seul fait de la Russie qui sert aujourd’hui d’écran pour cacher une réalité sur laquelle j’aurai l’occasion de revenir tant les scandales sont nombreux et de grande ampleur.
Il est un peu réconfortant que beaucoup de barrières que De Coubertin érigeait pour réserver les JO aux plus nantis, tombaient une après l’autre devant l’émancipation qui gagnait peu à peu les catégories sociales victimes d’ostracismes et d’exclusion.Il est un peu réconfortant que beaucoup de barrières que De Coubertin érigeait pour réserver les JO aux plus nantis, tombaient une après l’autre devant l’émancipation qui gagnait peu à peu les catégories sociales victimes d’ostracismes et d’exclusion.
Michel Muller