Publi­ci­té numé­rique à Mul­house, tout ce qui nous manquait!

Ils sont par­tout ! Dans les gares, der­rière les vitrines des enseignes et main­te­nant dans nos rues : les pan­neaux de publi­ci­té numé­riques nous pol­luent la vie et la vue. Tout le monde admet que la publi­ci­té n’est ni utile, ni agréable mais alors pour­quoi diable la mai­rie de Mul­house se targue-t-elle d’être la pre­mière ville du Grand Est à poser des pan­neaux numé­riques dans l’es­pace public ?

Il est vrai qu’a­près des débuts en grandes pompes, la mai­rie mul­hou­sienne ne se targue plus trop de son plan cli­mat. Si dans son pro­gramme, Jean Rott­ner avait assu­ré vou­loir faire bais­ser la fac­ture éner­gé­tique des Mulhousien.ne.s de 10–20%, il n’a clai­re­ment pas eu de vision glo­bale de la réduc­tion du gas­pillage en élec­tri­ci­té lors­qu’il s’est van­té en ce début d’an­née de l’ins­tal­la­tion d’é­crans publi­ci­taires consom­mant cha­cun autant d’élec­tri­ci­té qu’un foyer de 4 personnes!

Aucune réflexion de la part de la mai­rie donc qui ne voit bien sûr que le mar­ché juteux pas­sé avec JCDe­caux. Enfin, pas juteux pour tout le monde. La grosse entre­prise de matra­quage, bien connue pour les vélo­ci­tés, s’oc­cupe bien sûr de l’en­tre­tien et de la ges­tion et obtient 50% du temps d’af­fi­chage des pan­neaux (qu’elle peut donc vendre assez cher et en tirer du pro­fit). En contre­par­tie, Mul­house a le bon­heur d’ob­te­nir les 50% res­tant d’af­fi­chage GRATUITEMENT ! Encore heu­reux… mais où se fait donc la ren­trée moné­taire pour cette vente de temps de cer­veaux mul­hou­siens disponibles ?

Dans une ville aus­si pau­pé­ri­sée que Mul­house, l’aug­men­ta­tion du mobi­lier publi­ci­taire n’est pas juste sor­dide, elle est dan­ge­reuse. Nous ne par­lons pas ici que des impacts éco­lo­giques de l’in­ci­ta­tion à la sur­con­som­ma­tion mais bien d’am­biance sociale. L’in­jonc­tion à consom­mer nous dit que pour être, il faut avoir (un dis­cours que ne renie­rait pas un cer­tain pré­sident fran­çais). Elle aug­mente les frus­tra­tions. Qu’en est-il de l’hu­mi­lia­tion pour toutes celles et ceux qui sou­haitent à tout prix à se sen­tir « appar­te­nir » à la com­mu­nau­té et qui ne voient plus leur salut que dans l’a­chat de pro­duits hors-de-prix.

Cette pro­blé­ma­tique est très pré­sente à Mul­house mais la seule réponse de M. Phi­li­po­teau, pré­sident de JCDe­caux Grand Est, c’est « les parents doivent édu­quer leurs enfants à se défendre contre la publi­ci­té ». Quel mépris pour les classes popu­laires que de les faire pas­ser pour des has-been puis de leur dire qu’ils n’ont qu’à pas y faire attention…

N’ou­blions pas les impacts sur notre indi­vi­dua­li­té : les mes­sages relayés par la publi­ci­tés façonnent une socié­té confor­miste, sou­vent sexiste et non sans impact sur la per­cep­tion de la « norme » du corps humain.

On estime qu’en moyenne, une per­sonne est sou­mise à plus de 500 mes­sages publi­ci­taires par jour, sans aucun moyen pour se défendre contre ces attaques qui res­semblent bien à du har­cè­le­ment. De plus, leur impact sur notre cer­veau est pro­blé­ma­tique (sur­charge cog­ni­tive, fatigue).

Agres­sive, men­teuse, humi­liante, pol­luante, la publi­ci­té n’a pour elle que l’argent des quelques grandes entre­prises qui se par­tagent ce mar­ché juteux. Heu­reu­se­ment, les citoyen.ne.s mulhousien.ne.s réagissent : le 23 mars der­nier, à l’oc­ca­sion du week-end d’ac­tion inter­na­tio­nal contre la publi­ci­té, un petit col­lec­tif a pu se for­mer à Mul­house pour dénon­cer la poli­tique de la ville, le RAP Mul­house, branche locale du comi­té de Résis­tance à l’A­gres­sion Publicitaire.

Pour en savoir plus, vous pou­vez écou­ter 2 inter­ve­nants du RAP Mul­house au micro de radio MNE dans la matinale.https://www.mixcloud.com/radio-mne/collectifrap180423/