LE DÉBLOG DE LA SEMAINE PAR L'AMI DÉDÉ

De mieux en mieux ! Je ne sais pas com­ment était la vie sur cette Pla­nète avant le 5 mai 1944 ( oui, c’est ma date de nais­sance ), mais j’en ai enten­du par­ler par oui-dire.

Il semble que ce n’é­tait pas joli-joli, sur­tout dans les der­niers mois pré­cé­dant cet évé­ne­ment majeur que fut mon arri­vée sur Terre… Non, je ne me prends pas pour quel­qu’un d’autre, je constate sim­ple­ment que ce n’est pas facile de se faire une idée de la réa­li­té qui nous entoure à par­tir de la petite place qu’on occupe dans ce monde étrange et plein de mystères…

Par exemple, je n’ai tou­jours pas com­pris com­ment nous nous lais­sons aller, nous autres êtres pleins de qua­li­tés émi­nentes et hau­te­ment morales, à com­mettre col­lec­ti­ve­ment des actes odieux indi­vi­duel­le­ment punis par la Loi… Comme par exemple, lais­ser mou­rir en mer des gens qui ne font rien d’autre que de fuir des hor­reurs qu’au­cun d’entre nous ne pour­rait endurer…Ou les rame­ner à leurs bour­reaux, vous par­lez d’une bonne action !

Et pour­tant, paraît-il, nous sommes majo­ri­tai­re­ment d’ac­cord avec ces actes minables, misé­rables, mépri­sables, qui consistent à empê­cher des gens plus cou­ra­geux que la moyenne, prêts à bra­ver les élé­ments pour secou­rir ces êtres mis en péril par le cynisme et l’hy­po­cri­sie des excel­lents per­son­nages que nous nous sommes choi­sis pour maîtres, de faire le tra­vail de sau­ve­garde de notre digni­té d’être humains, en même temps que de sau­ve­tage de migrants en grand dan­ger de noyade…

Ain­si le Pana­ma se sent cou­pable de com­pli­ci­té envers la seule embar­ca­tion qui fait oeuvre de salu­bri­té publique sous son pavillon, et tout le monde trouve ça très bien ! Le pays qui couvre toutes les tur­pi­tudes, toutes les fraudes, toutes les entre­prises cri­mi­nelles qui passent à sa por­tée, nour­rit des sen­ti­ments d’une déli­ca­tesse qu’on ne soup­çon­nait pas : il se sou­cie de l’in­té­rêt des pays aux­quels l’A­qua­rius fait des leçons de droit mari­time, en clair, sa seule exis­tence fait honte aux États qui foulent aux pieds les droits humains pour des rai­sons élec­to­rales et bud­gé­taires, et s’ils pou­vaient le cou­ler d’une bonne tor­pille, l’af­faire serait réglée depuis longtemps…

Alors, faute de mieux, qu’on le prive du droit de navi­guer, ça fait plus humain, moins bru­tal et moins années 30…

Je crois qu’à ce stade, l’hu­mour, la déri­sion et le sar­casme ne servent plus à rien… Je crois que la situa­tion est pire qu’à la veille de la seconde guerre mon­diale, car je ne vois pas à l’ho­ri­zon la grande vague d’in­di­gna­tion qui devrait secouer la Pla­nète devant tant de bêtise concen­trée, véri­table résu­mé de l’i­déo­lo­gie dévas­ta­trice qui a mis un plan comp­table à la place de notre cer­veau, et un coffre-fort à la place de notre coeur…Plus dan­ge­reux que le com­mu­nisme à la sovié­tique, car les enne­mis du libé­ra­lisme ne sont pas consi­dé­rés par la majo­ri­té comme des résis­tants, mais comme des empê­cheurs de consom­mer en rond, ce qui est un crime impardonnable…

Il y a peu de mois, on assis­tait à un défer­le­ment popu­laire pour pro­tes­ter contre l’as­sas­si­nat de la rédac­tion de Char­lie, tout le monde était Char­lie, et avec rai­son puisque c’é­tait la liber­té d’ex­pres­sion qu’on assas­si­nait, et même les pires enne­mis de cette liber­té étaient au pre­mier rang pour la célé­brer, c’est dire la pro­fon­deur de leur convic­tion et la sin­cé­ri­té de leur indignation !

Mais là… Qui est « migrant » ? Pas grand monde en véri­té, et ça fait peur !