A68 : Mais il y a une prise de conscience dans le pays qu’on ne peut continuer comme cela, avec l’abandon des services publics, l’appauvrissement des territoires, est-ce que vous ressentez auprès de vos administrés, de vos collègues élus, cette profonde insatisfaction. Ressentez-vous ce sentiment d’abandon ?
JSN : Et comment ! Abandon, incohérence, je dirai même mépris, de la part de nos édiles. Si aujourd’hui le président Macron s’appuie sur les maires, c’est parce que ce sont encore les seuls politiques qui restent crédibles. Là où il y a du mépris, c’est quand on voit que dans le tour de France du Président, ce sont les préfets qui choisissent les maires les plus serviles qui ont le droit à la parole, les réponses qui sont données sont celles d’un Monsieur qui vit sur une autre planète… Tout cela me fait très peur. Petit à petit, quand on voit les gens méprisés, qui commencent à avoir une vraie défiance à l’égard des politiques, qu’est-ce que cela peut donner ? Cela peut donner une vraie cristallisation, une radicalisation… Nous sommes assis sur une cocotte minute et j’ai bien peur que toutes les mesures prises renforcent encore cette défiance. Cette manière de faire est une provocation et cela est très grave car non seulement les politiques vont être décrédibiliser mais en plus j’ai peur que cela explose et que nous ne pourrons plus rien organiser.
A68 : On a vu que sur Stocamine par exemple, la population est largement opposé à l’enfouissement des déchets, les élus aussi, certains ont même participé à une Commission d’enquête parlementaire et pourtant le Ministre De Rugy décide le confinement de ces poisons…
JSN : C’est un bon exemple… Nous travaillons et on ne tient pas compte de nos travaux. Je ne sais par quel truchement il a pu prendre cette décision sans tenir compte de la volonté populaire, une fois encore on marche sur les jeunes générations car d’ici quelques années personne ne se souviendra de tout cela. Quand il y aura une pollution dans 200 ans que se passera-t-il ?
A68 : Cet exemple illustre également un autre fait : très souvent nos élus alsaciens tiennent un discours ici et un autre à Paris dans l’Assemblée nationale. A Stocamine, il y a eu un collectif, Déstocamine, des manifestations, des soutiens d’élus… et pourtant le ministre passe outre. Que faudrait-il faire de plus à Thann pour que le résultat ne soit pas le même…
JSN : Il est vrai qu’on peut se poser la question à quoi nous servons, à quoi servent les députés, à quoi sert le Sénat ? Avec les coûts qu’ils engendrent, est-ce bien raisonnable des les maintenir ? C’est là qu’on rejoint la question de la défiance exprimée par les Gilets Jaunes avec ce sentiment que toutes ces instances ne servent plus à rien, si elles ne sont plus crédibles…
A68 : Ne faudrait-il pas revenir à nos fondamentaux qui nous rappellent que toute modification sociétale est toujours le fruit d’une mobilisation populaire et aujourd’hui ne devrions-nous pas nous appuyer sur ce qui se passe pour faire des propositions concrètes pouvant conduire à des succès… Et la maternité de Thann ne pourrait-elle pas être une de ces propositions concrètes voire emblématiques d’une écoute des citoyens. Qu’en pensent vos collègues élus locaux ?
JSN : La question est de savoir quels élus, à quel échelon. Vous savez, on peut taper sur les élus, dire qu’ils ne font pas leur boulot mais on ne peut oublier que les gens, plutôt que de regarder « Plus belle la vie », s’intéresserait plus à des sujets comme le notre, les choses évolueraient également plus rapidement. J’en reviens à l’association Rest, si nous avons essayé de fédérer des adhérents, de réaliser un blog, c’est bien cette dynamique que nous voulons mettre en œuvre.
A68 : Si nous parlons des élus, prenons l’exemple d’Husseren-Wesserling : quand on arrive, on voit bien les affiches pour le maintien de la maternité bien en évidence dans le village, l’association Rest est bien présente, preuve que…
JSN : Oui, mais après, il faut que l’engagement ne soit pas que de surface. Malheureusement, la seule personne sur laquelle on a prise, c’est soi-même. Moi, je peux répondre de mes actions, pour autant je ne suis pas juge de l’engagement de tout le monde : je vois que pratiquement tous les élus se sont emparés du sauvetage de la maternité.
A68 : Des élus, dont le maire de Thann, siègent au Conseil de surveillance de l’hôpital. Leurs voix portent-elles suffisamment dans cette instance ?
JSN : Le Conseil de surveillance à quand même du poids auprès de l’ARS. Mais vous savez là aussi on vote les choses telles qu’elles sont présentées : en décembre, le contrat de performance a été présenté au Conseil de surveillance en l’espace de deux heures avec des chiffres, des tableaux… Et à la sortie de cela, on dit aux élus : Allez‑y, votez ! Il faut avoir un sacré aplomb pour dire : « attendez, moi je ne veux pas d’un truc comme cela ». Il y a la pression des grands élus, c’est compliqué.
Et puis, il s’agit de politique : toutes les choses sont liées sur un territoire. Je peux vous donner un exemple : la conseillère régionale qui habite Husseren, venant du Rassemblement national, elle aussi est concernée par le territoire. Elle a présenté, lors de la cérémonie des vœux au Conseil régional, une motion à voter par l’instance en faveur de l’action pour le maintien de la maternité. Le vice-président M. Omeyer nous a sorti une tirade, que vous pourrez trouver sur les réseaux sociaux, dans laquelle il faisait comprendre qu’une nana n’y connaissait rien, qu’elle appartenait au Rassemblement national, que sa femme avait subi une hémorragie il y a quarante ans et heureusement qu’elle est allée à Mulhouse, rappelant que son fils Thierry Omeyer était quand même champion du monde de handball et tout cela pour évacuer la demande de la conseillère régionale. Suite à cela, je lui ai fait un courrier lui rappelant les obligations qu’il a vis-à-vis de son territoire… Je n’ai pas eu de réponse. Néanmoins, la question est revenue au Conseil régional et la motion n’a pas fait de remous.
Dans deux mois, ce même vice-président du Conseil régional Grand Est va venir dans notre commune d’Husseren puisque son instance est partie prenante pour des subventions pour la rénovation du château de Wesserling. Et moi, je fais quoi alors ? Est-ce que je sacrifie la possibilité d’avoir une subvention qui va me permettre d’enclencher des travaux de rénovation du château de Wesserling qui est le fleuron de la vallée de la Thur alors que j’ai critiqué sévèrement la même personne il y a trois mois ? Vous voyez bien que nous qui sommes élus, qui sommes en responsabilité sur de nombreux sujets différents qui se tiennent pourtant. Les gens qui sont dans l’opposition, ils ont intérêt à tourner sept fois leur langue dans la bouche avant de parler. Pour autant, on ne peut pas laisser faire tout.
A68 : C’est-à-dire qu’un ou une maire peut être soumis à un chantage ?
JSN : Qu’il ou elle n’a pas forcément la liberté de parole. On peut certes la prendre, peut être n’y aura-t-il pas de conséquences, mais je n’en sais rien ! Et l’enjeu est tellement important qu’on peut se dire : « Là, sur ce coup là, j’aurai peut être mieux fait de me taire ». Là, je vous livre en toute sincérité, la difficulté de la fonction de maire qui dénonce.
A68 : Pourtant, selon un récent sondage, ce sont les maires qui sont les élus recueillant la confiance de la population ! Donc à force de déconsidérer les maires par ce type d’agissement, on risque de mettre en doute la fonction de celui qui est encore le seul à avoir une crédibilité sur le plan politique ?
JSN : Le seul élu qui est au contact avec la réalité des choses. Le journal Le Monde nous a envoyé, autour de Noël, un questionnaire « Etes-vous un élu en décalage avec la réalité ? », en nous demandant d’estimer le coût d’une année scolaire d’un collégien avec des choix de réponses multiples. J’étais très contente car ma réponse concordait avec la réalité.
Mais je veux dire à travers cet exemple que, très vite quand on est élu à une responsabilité plus importante que la mienne, on se fait « cirer les pompes » toute la journée et je pense qu’on peut perdre pied avec la réalité. Un ami, Jacques Muller, racontait que lorsqu’on est sénateur, on a un attaché parlementaire qui s’occupe de toutes les tâches comme celles de prendre des billets de train, une voiture est à votre disposition au bas des marches du Sénat pour faciliter vos déplacements… Et on est de moins en moins contredit au quotidien.
Ce n’est pas comme cela dans mon conseil municipal : je me fais contredire quand j’avance une proposition et quand trois conseillers sur douze émettent des interrogations, je ne vais pas imposer la prise de décision le même soir. Je vais creuser le sujet et revenir après au conseil. Mais quand on n’est pas contredit ou plus contredit, très vite on perd pied. Et c’est là que j’en reviens au Président Macron qui maintenant se raccroche aux branches qu’il peut trouver « Ah, vous les maires qui êtes au contact, faites remonter les informations… » Mais quand on voit comment sa tournée est organisée, que c’est le préfet qui va déterminer quels maires, de préférence serviles, vont y participer, on se dit que tout cela n’est qu’une façade de vouloir ainsi reprendre pied avec la réalité.
J’avais donné ma signature à Jean-Luc Mélenchon, je suis donc positionnée fortement au niveau politique.
Quand on demande aux gens, il faut encore écouter ce qui revient! Parce que sinon, on en arrive au « On vous a demandé, mais on n’a pas écouté ». Et la prochaine fois, les gens ne répondront plus ! J’ai un cahier de doléances dans ma commune. Mais rares sont les gens qui viennent s’exprimer de façon structurée, qui essaye d’amener des solutions. Ce que je regrette, c’est que nous ne soyons pas assez nombreux à s’emparer des choix de sociétés. Nous avons une association écologique qui organise régulièrement des soirées thématiques par exemple sur les plantes invasives, le retour du loup dans le massif vosgien, eh bien dans une salle de 500 places, il y a 80 personnes ! Est-ce que les gens ont encore envie de se saisir de l’avenir ?
A68 : Ne croyez-vous pas que quand les gens constatent que ce qu’ils disent n’est pas pris en compte…
JSN : … il y a un sentiment de lassitude.
A68 : Les citoyens considèrent qu’ils vous ont élu pour régler les problèmes. Quand Macron dit « donner nous des solutions », on est légitime à lui répondre « on vous a élu pour en trouver ». On ne peut attendre que les solutions aux problèmes du XXIe siècle doivent venir des ronds-points animés par les Gilets Jaunes…
JSN : Clairement, ces messieurs du pouvoir sont bien en place, bien rémunérés, ils sont aussi au carrefour des informations, pour pouvoir apporter des solutions. Je pense quand même qu’il y a énormément de gens qui sont force de propositions mais qui ne sont pas entendus. Je ne pense pas que la situation actuelle vient de surgir comme cela. C’est une accumulation de quarante ans de mesures politiques qui étaient des dénis de la réalité, en restant à l’affichage, en étant inutilement dispensieux, en étant revenu à une organisation monarchique avec d’un côté les ors de la République et de l’autre, les manants. Tout cela conduit à la défiance et est le ferment de la radicalisation…
On demande aux gens de trier leurs ordures et on apprend qu’Amazone enterre des produits neufs parce que ce n’est plus le modèle de l’année et que cela empêchera les gens d’acheter le nouveau modèle… Tout cela est détruit quand toi, tu te fais un nœud à l’esprit car tu t’es trompé en mettant le déchet plastique dans le mauvais container…
On veut taxe plus le carburant pour les particuliers, mais les bateaux de croisière, les porte-containers, les avions, ne sont pas soumis à la même fiscalité, il est normal que des Gilets jaunes, qui ne sont pas idiots, disent « stop ». Nous sommes dans un système où on nous culpabilise et par ailleurs, on ouvre les vannes… et on en revient à la cohérence de tout cela.
A68 : Pour en revenir à un sujet, tout en restant dans le registre de l’exaspération des citoyens, est-ce que la bataille pour la maternité de Thann ne peut pas bénéficier de cet environnement revendicatif…
JSN : … Je le souhaite ! Un des plus grands leviers, c’est qu’il y a une urgence sociale et n’oublions pas que le Ministère de la Santé est également celui de la Solidarité. Lors d’une réunion publique, un intervenant suggérait d’enlever le mot « Solidarité » car il n’a plus de sens. J’ose espérer que la situation actuelle est un facteur positif pour notre lutte : ce n’est pas que ponctuellement, sur la maternité, que cela doit évoluer. C’est sur l’ensemble de l’hôpital de proximité, car le danger c’est que les locaux pourraient être utilisés à d’autres fins. Nous avons une population qui vieillit dans nos territoires ruraux, les pathologies vont se multiplier et on pourrait bien créer un centre d’oncologie et mettre de la suite de soins avec trois kinés et une dizaine de chambres pour que les gens puissent y stationner avant d’aller en EHPAD. Ce n’est pas ce que nous voulons !
Nous, maires de fond de vallée, avons déjà tellement de mal à nous rendre attractif sur le plan économique, on sait qu’il n’y a plus d’argent alors on se démène pour rendre notre territoire attractif, pour ramener de nouvelles familles pour dynamiser les villages et on nous enlève un hôpital ! Et on va se retrouver avec un « Àltersheim », une EHPAD. Autant faire une réserve d’Indiens ici, faire en sorte que les femmes accouchent à la maison et aussi que les vieux vivent en compagnie des jeunes générations… C’est une vraie régression sociale. On est sur le fil d’un choix sociétal : soit on considère que les territoires ruraux deviennent des réserves d’Indiens, soit on arrive à s’unir population civile et élus, on dépasse constipations émotionnelles, nos bataille d’ego et on construit un avenir ensemble.
A68 : Est-ce que le « grand » débat n’est pas pour vous l’occasion de mettre en débat non seulement le problème de la maternité de Thann mais celui des services de santé de proximité et de créer la discussion dans toute la vallée voire au-delà. Et ainsi apporter une dimension concrète à ce débat que d’aucuns affirment être de l’ « enfumage » ?
JSN : Oui, causons, causons, causons… Car derrière les discussions, quand je vois les suites qui sont données par E. Macron et ses acolytes lors du tour de France, j’ai des doutes. N’allons pas nous user à « causer, causer, causer » ? Moi, je trouve cela très usant : moi également, je vais rédiger dans le cahier de doléances, je vais essayer de le structurer, d’y passer une journée pour faire ce travail, mais si en fin de compte cela sera un « pet de mouche »… Combien de fois il m’est arrivé d’écrire et qu’ensuite cela n’a pas été pris en compte. Je vais le faire, car en regard de notre propre conscience alors qu’un champ est ouvert, il faut qu’on s’exprime. Mais personnellement j’ai de gros doutes. Car Macron a été mis en place par des gens qui ont financé sa campagne, qui l’ont accompagné. De façade, il représentait le renouveau. Mais ce n’est pas du tout le cas. Qui fut son tuteur, d’où est-il issu ? Il représente la continuité et tout d’un coup, par une mesure miraculeuse, on assisterait à un revirement ? J’ai tendance à ne pas trop y croire…
A68 : Lors d’une soirée débat que vous avez organisé ici, un participant venant de Remiremont dans les Vosges où ils ont réussit à sauver leur maternité. Ce qui fut possible à Remiremont ne le serait-il pas à Thann ? Quelle a été la recette là-bas ?
JSN : Mais j’y compte bien ! A Remiremont, ils ont été pugnaces, compétents puisque des médecins s’y sont mis, des médecins obstétriciens retraités, des médecins qui se sont emparés du sujet… Et puis Remiremont, ce sont 800 accouchements quand même alors que nous en espérons les 400 cette année ! C’est une autre échelle quand même. Et puis, les gens actifs, déterminés, constants, soutenus par la population. Une réunion est prévue le 25 janvier à Bussang et je vais y aller pour m’imprégner de leur expérience.
Les élus mobilisés : il faut savoir que leur Conseil de surveillance a voté en bloc et à l’unanimité contre le contrat de performance. En bloc, cela veut dire les médecins hospitaliers, le directoire de l’hôpital, les gens de la société civile et les élus ont fait front. Or, aujourd’hui nous n’avons pas du tout la même configuration ici. Au niveau du GHRMSA, on a un vice-président qui lui veut la peau de l’hôpital de Thann.
Petit à petit, il faut commencer à se mobiliser. C’est hélas un peu l’histoire du colibri. Nous avons fait jusqu’à présent ce qu’on a pu.
A68 : C’est quoi la prochaine étape ?
JSN : Ce soir déjà (le 24 janvier, ndlr) une réunion publique à Masevaux car nous essayons de faire la jonction des deux vallées. Une réunion prochaine se déroulera plutôt dans les avants-vallée car il faut que nous soyons présents sur tout le territoire de Thur-Doller. Samedi 26 janvier, nous allons en délégation à Bernay (Eure) pour une rencontre de l’association « Mat’s en colère » pour échanger et partager les expériences de mobilisation pour s’en inspirer et toujours trouver des idées nouvelles car il est important d’être présent fréquemment dans les médias.
Ensuite nous avons le Conseil de surveillance le 28 février, il faudra être un peu présent sur le terrain pour marquer notre attachement à la maternité. Et ainsi faire passer le message qu’avant de prendre une décision, il faudra faire attention aux territoires…
A68 : Cela aurai de la gueule de voir tous les maires avec leur écharpe présents devant le lieu de la réunion ?
JSN : C’est vrai car cela avait déjà impressionné durant la manifestation en novembre 2018.
A68 : Il semble que les élus ne soient pas tous sur la même longueur d’ondes. On voit que dans l’intercommunalité, certaines communes ont adhéré à l’association de défense (Rest) et d’autre pas…
JSN : Individuellement, les maires ont quand même adhéré à Rest. Très souvent ils invitent leurs administrés à adhérer. Après, les maires le font-il en toute sincérité ou tout simplement pour de l’affichage, je dirai que cela leur appartient, en conscience. Alors, il est vrai que les fonds de vallée adhérent plus facilement à Rest comme personnalité morale, car ce sont aussi eux qui sont les plus fragiles et se sentent certainement plus concernés. C’est différent pour le bassin Thann-Cernay : Cernay jusqu’au GHRMSA de Mulhouse, c’est 25 minutes, ce qui n’est pas notre cas. Je pense qu’il y a des niveaux d’implication différents et puis des dissensions politiques. Vous vous doutez bien qu’entre un député comme Raphaël Schellenberger et un maire Insoumis… si on peut dézinguer ce dernier, pourquoi pas…
A68 : Où est l’intérêt des citoyens dans ce cas…
JSN : Alors là nous sommes dans les querelles d’égos… et pas dans l’intérêt des citoyens. Vous savez, je suis aussi parfois obligé à mettre un genou à terre parce que je considère que c’est l’intérêt du territoire qui prévaut. Car moi, petite Jeanne, handicapée de surcroît, une « nana » dans ce monde fortement imprégné de misogynie, (« T’est une nana, ferme là ! »), il me faut avaler des couleuvres. Mais je dois le faire, car je suis là pour résister, pas pour servir mon égo. Je suis dans la réflexion pour me représenter aux prochaines élections, je m’interroge. Et si je ne me représentais pas, j’espère que les prochains y mettront les tripes dans l’ouvrage autant que je les mets.
A68 : Si j’étais parmi ces mecs dont vous parlez, je me méfierai quand même de la petite Jeanne, handicapée de surcroît, mais une nana emplie de courage et de déterminantion…
JSN : Ils ne s’en rendent pas compte.
A68 : Qu’est-ce qui pourrait les faire évoluer selon vous ?
JSN : Je vais être dure avec eux. Je ne les crois pas capables d’évoluer.
A68 : Encore une question sur la maternité. Avez-vous songé à des recours juridiques ? Est-ce une possibilité ?
JSN : Oui et non. Nos trois Communautés de communes ont validé un schéma départemental d’accessibilité aux services publics et dans ce schéma il y a un volet « santé » qui intègre la maternité de Thann comme un point de proximité pour tout le bassin. Avec sa fermeture, on nous l’enlèverait. Mais ce schéma n’est que « descriptif » et non pas « prescriptif ». Attaquer en justice sur ce point paraît aléatoire. Mais cela pose un autre problème : on a fait tout un travail y compris de collectage de données diverses, et tout cela aurait été pour rien ! C’est dans ce sens que nous avons écrit au préfet pour dénoncer cela. J’attends encore la réponse…
*Loi Montagne du 26 décembre 2016 : Du déploiement du numérique à la réhabilitation de l’immobilier de loisir en passant par le travail saisonnier et les services publics, elle aborde la montagne sous de nombreux angles.
**Le temps de l’urgence, film documentaire de Christian Tran qui saisit, à partir du cas concret de l’hôpital d’une petite ville, voué à la disparition, ce moment indécis où la démocratie est mise en péril par l’aveuglement des puissants. Il y est aussi question de l’intelligence et de l’infatigable énergie de « ceux d’en bas » qui ne s’avouent jamais vaincus et qui sont un immense espoir.
Comité de réalisation: Michel Muller, Luc Ueberschlag, Jeanne Roy, Mario D.
Merci pour la suite & fin de l’interview de Madame la Maire.
Néanmoins, une question demeure, celle-ci ne fut pas posée – à moins d’une surdité passagère toujours possible à mes oreilles -
Pourquoi les opposants des fermetures des maternités d’Altkirch & de Thann ne s’unissent-ils pas ?