Décryp­tage poli­ti­co-média­tique de deux moments du Conseil Muni­ci­pal de Mul­house du 14 mars 2019, sous forme de texte et de vidéos. 

Le jeu­di 14 mars 2019 à 14h, pour la énième fois, le col­lec­tif des tickets jaunes dis­tri­bue la fameuse « Lettre ouverte aux élus de M2A ». On y trouve, rap­pe­lons-le, la demande d’une « expé­ri­men­ta­tion longue de la gra­tui­té sur le réseau Soléa » accom­pa­gnée de la mise en place d’un « Conseil Mobi­li­tés » qui serait char­gé de pilo­ter cette expé­ri­men­ta­tion. Le docu­ment est remis aux élus muni­ci­paux mul­hou­siens à l’en­trée du parc expo où va se tenir le conseil municipal.

Une par­tie du Col­lec­tif des Tickets Jaunes

L’é­quipe mili­tante porte deux reven­di­ca­tions impli­cites gran­de­ment impri­mées sur des pan­cartes et gilets de fond jaune : « BUS ET TRAMS GRATUITS, c’est pos­sible » et « PARKINGS PAYANTS À L’HOSTO, c’est infâme ». Et ils inter­pellent les élus : « Vous êtes bien dis­crets sur ces deux sujets d’ac­tua­li­té, qui ne sont tou­jours pas à l’ordre du jour de votre conseil muni­ci­pal ! »

Si les élus d’op­po­si­tion recon­naissent qu’un débat sur ces deux ques­tions serait néces­saire, la posi­tion des élus majo­ri­taires n’est évi­dem­ment pas la même. Jean Rott­ner, ex-maire deve­nu pre­mier adjoint, est aus­si deve­nu Pré­sident du conseil de sur­veillance de groupe hos­pi­ta­lier de Mul­house-Sud-Alsace. En rece­vant le tract, inter­pel­lé sur l’ins­tau­ra­tion du sta­tion­ne­ment payant sur les par­kings de l’hô­pi­tal Émile Mul­ler, il donne à ses inter­lo­cu­teurs du col­lec­tif une réponse qu’il déve­lop­pe­ra quelques minutes plus tard (vous la décou­vri­rez ci-des­sous en vision­nant la deuxième vidéo).

La pre­mière vidéo est un extrait de l’en­re­gis­tre­ment de ce conseil muni­ci­pal du 14 mars der­nier (en ligne sur le site offi­ciel de la ville de Mul­house). Il se situe 4 minutes envi­ron après le début de ce conseil, après l’ap­pel des élus. A ce moment-là, le col­lec­tif, qui a ter­mi­né sa dis­tri­bu­tion de tracts, fait son entrée dans la salle du conseil, muni de ses pan­cartes (voir texte et pho­to ci-dessus).

Après une mise en garde de la maire, suit une véri­table « minute de silence » – d’au­tant plus authen­tique et ten­due qu’elle n’a pas été arti­fi­ciel­le­ment orga­ni­sée. En guise d’ « hom­mage » aux mani­fes­tants qui entrent dans la salle, l’in­quié­tude se lit sur le visage de la Pré­si­dente de séance qui craint par des­sus tout que les pan­cartes entrent dans le champ des camé­ras qui enre­gistrent l’in­té­gra­li­té de la séance du conseil muni­ci­pal. Et elle n’é­tait pas la seule à redou­ter un atten­tat aux bonnes mœurs poli­tiques… Mais les tech­ni­ciens ont fait soi­gneu­se­ment leur bou­lot : aucune trace de mani­fes­tants ou de pan­cartes n’ap­pa­raît à l’é­cran. Clean, la vidéo offi­cielle. Une jour­na­liste des DNA a bien fait une pho­to de l’en­trée angois­sante du col­lec­tif et de ses pan­cartes dans la salle du conseil ; mais elle ne sera pas publiée avec le compte-ren­du du conseil. Poli­ti­que­ment cor­recte, la presse locale.

Il y a bien une (autre) pho­to publiée dans les DNA, mais la légende évite et édul­core, et les pan­cartes sont illi­sibles à souhait :

Pre­mier extrait de la vidéo offi­cielle cor­res­pon­dant à l’en­trée non visible de « manifestants » : 

Une ving­taine de minutes plus tard, le spectre du poli­ti­que­ment incor­rect resur­git, exci­té par une ques­tion de l’op­po­sante Cléo Schweitzer :

On aura noté l’é­lé­gance avec laquelle le pre­mier adjoint prend la parole à la place de la maire qui s’ap­prê­tait logi­que­ment à répondre à son oppo­sante. Il pou­vait certes, en l’oc­cur­rence, se pré­va­loir de ses com­pé­tences de Pré­sident du conseil de sur­veillance du groupe hos­pi­ta­lier. Et il a tant d’autres com­pé­tences que d’autres n’ont pas !

Si on découvre que la menace d’at­ten­tat poli­tique silen­cieu­se­ment pro­fé­rée par le col­lec­tif va débou­cher sur une audi­tion de la direc­trice de l’hô­pi­tal par le conseil muni­ci­pal, déci­dée dans l’ins­tant par Jean Rott­ner, on entend éga­le­ment ce der­nier répé­ter ce qu’il avait dit à ses « inter­lo­cu­teurs » dans le hall d’en­trée du parc expo : la dis­pa­ri­tion de la gra­tui­té du sta­tion­ne­ment sur les par­kings de l’hô­pi­tal Emile Mul­ler a quelque chose à voir avec des « auto­ca­ristes » indé­li­cats. Faire payer les visi­teurs pour sanc­tion­ner des « auto­ca­ristes » ?… Vrai­ment hyper-com­pé­tent, l’édile.

En orga­ni­sant une opé­ra­tion gra­tui­té le same­di 16 mars, le col­lec­tif des tickets jaunes a avan­cé une autre expli­ca­tion dans un tract dif­fu­sé le same­di 16 mars au cours d’une « opé­ra­tion gra­tui­té ». Mais c’est une autre histoire.

Vidéo inté­grale du conseil muni­ci­pal sur le site offi­ciel de la ville de Mulhouse: