Le 25 juin der­nier, le Conseil muni­ci­pal de Muns­ter (pas vrai­ment du genre révo­lu­tion­naire…), adopte par déli­bé­ra­tion, une motion pour la pré­sence de la Tré­so­re­rie de Muns­ter. Sur trois pages, il décline les don­nées du pro­blème : « La réforme Nou­veau Réseau de proxi­mi­té de la DGFIP  (Direc­tion géné­rale des Finances publiques ndlr) » se tra­duit par une fer­me­ture (…) de la Tré­so­re­rie de Muns­ter (…) A l’image de tous les ser­vices publics, des trans­ports, de l’éducation, des ser­vices décen­tra­li­sés de l’Etat, celui des finances publiques va éga­le­ment dis­pa­raître de notre ter­ri­toire en dépit des besoins de notre popu­la­tion de 17.000 habi­tants qui a encore loca­le­ment des dif­fi­cul­tés d’accès à Inter­net, des dif­fi­cul­tés dans la maî­trise de la déma­té­ria­li­sa­tion galo­pante de toutes nos démarches admi­nis­tra­tives. Ce sont encore une fois les usa­gers qui seront les grands perdants ».

Le conseil muni­ci­pal rap­pelle, entre autres, qu’en 2020, la Com­mu­nau­té de com­munes de la Val­lée de Muns­ter à l’obligation d’assumer la com­pé­tence de l’assainissement en ver­tu de l’application de la loi NOTRe: ce trans­fert implique des enjeux finan­ciers et orga­ni­sa­tion­nels impor­tants. Les équipes muni­ci­pales ne sont pas équi­pées pour cela et elles auront besoin de l’assistance et des conseils des agents de la Tré­so­re­rie qui ont acquits, depuis des années une connais­sance du ter­ri­toire, l’historique des dos­siers que ne maî­trisent pas les élus char­gés doré­na­vant du recou­vre­ment. Le Conseil muni­ci­pal redoute que ce nou­veau sché­ma d’organisation conduise à une baisse des recettes des collectivités.

En outre, le pro­jet de réor­ga­ni­sa­tion « pré­voit de s’appuyer mas­si­ve­ment sur les nou­velles tech­no­lo­gies de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion pour sa rela­tion avec les admi­nis­trés et les col­lec­ti­vi­tés, or en milieu mon­ta­gnard, le déploie­ment de ces tech­niques n’est pas fina­li­sé. Il implique éga­le­ment un impact car­bone en rai­son des dépla­ce­ments des usa­gers du ser­vice mais aus­si des per­son­nels actuels de la Tré­so­re­rie qui résident dans la Val­lée et qui vont devoir réa­li­ser des dépla­ce­ments pour rejoindre leur nou­velle affectation.

« Outre l’impact sur l’environnement, dit le Conseil muni­ci­pal, le ren­for­ce­ment des mou­ve­ments pen­du­laires vers l’agglomération col­ma­rienne vont engen­drer des frais de trans­port sup­plé­men­taires pour les usa­gers et les personnels. »

Le conseil muni­ci­pal va jusqu’au bout de son ana­lyse : à l’unanimité, il décide de « s’opposer à cette réforme qui fra­gi­li­se­ra encore un peu plus le tra­vail des col­lec­ti­vi­tés, et qui va à l’encontre des décla­ra­tions du Pré­sident de la Répu­blique (…) pré­ser­ver les ser­vices publics en milieu rural pour être au plus proche de nos concitoyens »…

On a beau ne plus croire un seul mot de ce pré­sident, mais il n’est pas inutile de faire la démons­tra­tion de la dupli­ci­té et du double lan­gage de ce gou­ver­ne­ment. C’est peut être cela le vrai « en même temps »…

Le Minis­tère des Finances veut réduire, pour des rai­sons bud­gé­taires paraît-il, les effec­tifs de 40.000 emplois. L’exemple de Muns­ter montre bien que cette poli­tique conduit à des fer­me­tures arbi­traires dont les usa­gers paie­ront tôt ou tard le prix. 

Les syn­di­cats ana­lysent les effets dans notre région

L’application de la Réforme gou­ver­ne­men­tale, appe­lée « car­to­gra­phie revi­si­tée », se décli­ne­ra ain­si au plan local :

  1. Il n’y aura plus que 4 ser­vices ouverts aux usa­gers par­ti­cu­liers (Mul­house, Col­mar, Thann et Saint-Louis) au lieu de 9 aujourd’hui
  2. Ne res­te­ront que 2 ser­vices des impôts des entre­prises (Mul­house et Col­mar) sur 6 actuellement
  3. L’ensemble des tré­so­re­ries locales sont sup­pri­mées ! 15 centres des finances publiques locaux au ser­vice des col­lec­ti­vi­tés et leurs admi­nis­trés vont dis­pa­raître dans les deux ans.
  4. Sur les 19 centres des finances publiques ouverts aujourd’hui aux usa­gers, il n’en res­te­ra que 4 demain. Outre Muns­ter, des com­munes telles que Mase­vaux, Sainte-Marie-aux-Mines, Fer­rette… seront concernées.

Nous allons entrer dans une période élec­to­rale par­ti­cu­liè­re­ment impor­tante puisque nous vote­rons les conseils muni­ci­paux et les maires les 15 et 22 mars 2020. 

Plu­tôt que de se lais­ser abu­ser par des lieux com­muns archi-faux sur la « paresse des fonc­tion­naires », ne vau­drait-il pas mieux inter­pel­ler les maires sur ce qu’ils comptent faire pour défendre les ser­vices publics de proxi­mi­té dans leur com­mune… Et ain­si se débar­ras­ser des maires capi­tu­lards pour sou­te­nir les maires qui pensent avant tout aux inté­rêts de leurs concitoyens…