Mal­gré les recours juri­diques enga­gés devant les Tri­bu­naux admi­nis­tra­tifs et la mobi­li­sa­tion citoyenne les tra­vaux de la des­serte fores­tière du Spri­ckels­berg com­mencent donc en septembre!

L’As­so­cia­tion syn­di­cale auto­ri­sée du Spri­ckels­berg, (A.S.A: Eta­blis­se­ment public créé pour la réa­li­sa­tion de ce pro­jet de pistes fores­tières sup­plé­men­taires compte tenu des dif­fi­cul­tés d’ex­ploi­ta­tion des forêts pri­vées et publiques du mas­sif) passe donc en mode opé­ra­tion­nel avec l’ap­pui de Cosyl­val, coopé­ra­tive des syl­vi­cul­teurs d’Al­sace, et l’au­to­ri­sa­tion pré­fec­to­rale requise.

Place aux tra­vaux pré­vus sur 2 ans pour la réa­li­sa­tion de la 12 ème des­serte fores­tière entre val­lées de Thann et Masevaux.

Igno­rés donc les dégâts poin­tés par la très offi­cielle étude d’impact préa­lable deman­dée par l’Au­to­ri­té régio­na­leen­vi­ron­ne­men­tale sur la faune – dont des espèces pro­té­gées -, la flore, le milieu bio­lo­gique, le milieu humain, les pay­sages, les loi­sirs, les risques de fra­gi­li­sa­tion d’une éco­no­mie locale liée au tou­risme, bref à une forêt milieu natu­rel à exploi­ta­tion traditionnelle.

Igno­rés les risques mul­ti­pliés d’emplois de pro­duits phy­to­sa­ni­taires (pes­ti­cides, néo­ni­co­ti­noïdes, engrais phos­pha­tés…) selon les essences d’arbres du futur repeuplement!

Igno­rée l’emprise au sol des­truc­trice de plus de 10 kilo­mètres de voies de rou­le­ment – plus de 10 mètres de large selon les tron­çons –  d’aires de sto­ckage des grumes, d’aires de retour­ne­ment des engins et camions pré­vues dans la forêt même pour per­mettre la cir­cu­la­tion des camions gru­miers et des gros engins de coupe et de débardage!

Non pris en compte les risques induits pour les nom­breux cap­tages d’eau, au delà même du péri­mètre des travaux!

Peu importe la mul­ti­pli­ca­tion atten­due des coupes «à blanc» sur plu­sieurs hec­tares, qui défi­gurent les pay­sage et dont on a déjà des aper­çus dans la vallée!

Après les deux ans de tra­vaux pré­vus les camions gru­miers de 47 tonnes en charge pour­ront donc péné­trer au cœur des 293 hec­tares du mas­sif du Spri­ckels­berg, redes­cendre leur char­ge­ment par des routes mani­fes­te­ment inap­pro­priées, tra­ver­ser les vil­lages (notament la des­cente du Lach­tel­wei­her à Kirch­berg, la des­cente du Schlumpf sur Dol­le­ren), emprun­ter des ponts rou­tiers par­fois construits dans les années 50 et dont aucune exper­tise ne garan­tit la résis­tance à de telles charges sur la durée des 20 années d’exploitation inten­sive pré­vues, aggra­ver les condi­tions de cir­cu­la­tion sur la route unique de fond de val­lée, de Sewen à Pont d’Aspach…

.…et ébran­ler sérieu­se­ment au pas­sage quelques habi­ta­tions dans la tra­ver­sée des vil­lages – déjà un cas à Kirch­berg – , voire pro­vo­quer quelques accro­chages rou­tiers sur un réseau inadap­té – déjà un cas à Masevaux! 

Au delà de ce pro­jet  tota­le­ment déme­su­ré rap­pe­lons que  la syl­vi­cul­ture doit res­pec­ter les éco – systèmes:
Des dégâts envi­ron­ne­men­taux immé­diats dus à ce pro­jet, et quelles suites prévisibles?

51% des forêts fran­çaises sont mono­es­sence, 16% de deux (cité dans « Main basse sur nos forêts »/ Seuil/Reporterre).

Est-ce là l’a­ve­nir du Spri­ckels­berg pour les 40 ans à venir? On y cou­pe­ra pro­ba­ble­ment des pins Dou­glas ali­gnés sur des sols morts? Puis hop! on rever­ra les abat­teuses, les coupes rases comme  celle au des­sus de KIrch­berg – non régle­men­taire car trop grande et ayant don­né lieu à constat d’in­frac­tion par l’ONF (mais qui s’en sou­cie?). Il fal­lait bien ren­ta­bi­li­ser les quelques jours de loca­tion d’une abat­teuse et d’une équipe venus spé­cia­le­ment d’un pays nordique…qui n’é­taient donc pas là pour faire dans le détail.

Et quelles plan­ta­tions pour rem­pla­cer les arbres cou­pés? (on rap­pelle que le Col­lec­tif n’a jamais contes­té la  liber­té de pré­le­ve­ment d’arbres arri­vés à matu­ri­té mais bien le mode d’ex­ploi­ta­tion indus­tria­li­sé choi­si et ses conséquences).

Dans le contexte de défi­cit hydrique et de réchauf­fe­ment glo­bal les arbres dans la val­lée de la Dol­ler, comme en de nom­breuses forêts en Alsace, sont tout par­ti­cu­liè­re­ment tou­chés par des mala­dies diverses. Même si la hêtraie – sapi­nière des Vosges, cli­max mon­ta­gnard emblé­ma­tique, sera tou­jours là les pay­sages changent et chan­ge­ront, des essences nou­velles seront peut-être nécessaires. 

Les­quelles? Quelles condi­tions d’ex­poi­ta­tion? Quels impacts environnementaux?

Silence radio de nos amis de l’A.S.A (qui n’en savent d’ailleurs rien, pres­sés qu’ils sont de cou­per, débar­der, transporter…délais impo­sés pour béné­fi­cier de leurs sub­ven­tions euro­péennes obligent!).

Quand la forêt devient une usine à cel­lu­lose, unpla­ce­ment finan­cier, une entre­prise « moderne » à l’i­mage de l’a­gro – indus­trie – dont on mesure tous les jours les « bien­faits » induits par une exploi­ta­tion inten­sive et sans frein, on nous explique qu’il s’a­git sim­ple­ment de « créer des faci­li­tés d’ex­poi­ta­tion » …oui mais pour une future exploi­ta­tion outran­cière et destructrice.

Alors quelle exploi­ta­tion fores­tière? Quelles approches moins bru­tales, res­pec­tueuses des équi­libres natu­rels? Quelles essences d’arbres replan­ter?  Quelle bio­di­ver­si­té demain? 

Lais­ser le temps à la forêt d’apporter elle – même ses réponses pour choi­sir de futures essences adap­tées aux enjeux cli­ma­tiques, comme le pré­co­nise notam­ment l’Office natio­nal des forêts? Prendre le temps de sélec­tion­ner par­mi les essences atteintes les indi­vi­dus résis­tants aux mala­dies favo­ri­sées par plu­sieurs années de séche­resse ? Tes­ter des essences nou­velles au patri­moine géné­tique plus adap­té (chênes d’A­frique du Nord, sapins de Turquie..)?Enrichir les déri­soires mesures de com­pen­sa­tion aux dégâts faune et flore obte­nues  de l’A.S.A par l’Au­to­ri­té publique? Limi­ter les coupes rases et leur super­fi­cie? Poser sérieu­se­ment la ques­tion de la sécu­ri­té dans la tra­ver­sée des vil­lages par les gru­miers demain, par les engins divers durant la durée des tra­vaux? Ne pas pri­vi­lé­gier le seul trans­port des grumes par des semi – remorques évi­dem­ment inadap­tés au réseau rou­tier  dans la val­lée?  Eta­ler l’ex­ploi­ta­tion inten­sive pré­vue sur les 20 ans à venir?

Les béné­fices de quelques indus­triels de la forêt doivent- ils pri­mer sur toute autre considération?

Et pour­quoi ce refus obs­ti­né de l’A.S.A d’engager la par­tie de l’étude d’impact qui condi­tionne sa vali­di­té  même, aux dires des experts l’ayant conduite, à la connais­sance des plan­ta­tions de repeu­ple­ment pré­vues et ain­si d’é­va­luer éva­luer l’im­pact glo­bal et com­plet du projet?

Cou­per les par­celles arri­vées à matu­ri­té oui.. Cou­per si néces­saire les arbres malades, oui… mais sans hypo­thé­quer le futur de la Haute val­lée en la défi­gu­rant par des modes d’ex­ploi­ta­tion  disproportionnés.

Et pour­quoi le refus de l’A.S.A de toute forme d’information, de concer­ta­tion, avec les habi­tants de la val­lée?  Pour­quoi le rejet obs­ti­né de consul­ta­tion citoyenne, de l’or­ga­ni­sa­tion d’une réflexion col­lec­tive, pour­tant pro­po­sée par le sous – pré­fet de Thann et cer­tains élus de la vallée? 

Pour­quoi une enquête publique qui n’a inté­res­sé qu’une ving­taine de pro­prié­taires de par­celles – sur 126 – et sur­tout les 2 ou 3 scie­ries indus­trielles qui acquièrent sys­té­ma­ti­que­ment les petites par­celles pour mieux déve­lop­per demain leurs pra­tiques d’ex­ploi­ta­tion indus­tria­li­sée de la forêt ?

Et pour­quoi ne pas voir plus loin? Prendre en compte d’autres enjeux, élar­gir la réflexion à un sché­ma d’aménagement glo­bal « fores­tier » de la Haute val­lée, y com­pris la ques­tion de la place des terres agri­coles et pay­sa­gère (contre la « fer­me­ture » du pay­sage mise en place dans le mas­sif vos­gien depuis 40 ans)?

Si « les plan­ta­tions d’épicéas en rang mili­taire sont des désastres éco­lo­giques [1]», l’argument importe peu à nos indus­triels du bois, foca­li­sés sur leurs ratios finan­ciers, les délais de réa­li­sa­tion des tra­vaux à res­pec­ter – sub­ven­tions obligent –  aux frais du contri­buable et, mar­gi­na­le­ment, des pro­prié­taires de petites par­celles qui n’ont d’ailleurs jamais deman­dé  ce bou­le­ver­se­ment du mode d’exploitation.

L’a­mé­na­ge­ment de la Haute val­lée de la Dol­ler, de ses pay­sages, son rôle envi­ron­ne­men­tal, les choix d’op­tions réflé­chies­pour un déve­lop­pe­ment local glo­bal appuyé sur la bio­di­ver­si­té, l’in­té­gra­tion du para­mètre réchauf­fe­ment cli­ma­tique dont les dif­fi­cul­tés pro­bables à venir des sta­tions de ski, toute la dimen­sion emplois  locaux  liés à l’é­co­no­mie douce, celle des fermes – auberges, du tou­risme et des loi­sirs de moyenne mon­tagne, la concen­tra­tion à pri­vi­lé­gier des emplois indus­triels en par­tie basse de la val­lée où ils se déve­loppent et la sau­ve­garde de l’en­vi­ron­ne­ment en Haute val­lée dont c’est la richesse ne méritent donc pas un amé­na­ge­ment concerté?

Après le dos­sier de la Fen­ne­matt, centre de cure Nature réser­vé à des clients for­tu­nés où des rumeurs (à démen­tir?) men­tionnent l’ar­ri­vée des futurs clients par héli­co­ptère, celui à venir, peut – être,  d’im­plan­ta­tion d’un super­mar­ché en plein coeur de prai­ries natu­relles à hau­teur de Sickert [2](alors que Mase­vaux ne sait plus que faire de ses sur­faces du même genre…),  on est sur­pris (? ) par la constance dans cette même logique de courte vue et de prio­ri­té don­née aux inté­rêts par­ti­cu­liers au détri­ment de l’in­té­rêt commun.

« Cir­cu­lez, rien à dire », répète l’A.S.A depuis des mois. Cette des­serte fores­tière ne serait après tout que la 12 ème à entrer en ser­vice dans les val­lées de Thann et Masevaux.

Jus­te­ment, il importe de réagir:

Pour la pre­mière fois loca­le­ment, à notre connais­sance, une étude d’im­pact préa­lable [au cahier des charges res­pec­té très par­tiel­le­ment du fait du com­man­di­taire…] a été impo­sée par les auto­ri­tés publiques pour la réa­li­sa­tion d’une  des­serte fores­tière – le Spri­ckels­berg – située dans le péri­mètre du Parc natu­rel régio­nal des Vosges, en limite d’une zone pro­té­gée Natu­ra 2000, en zone clas­sée d’in­té­rêt éco­lo­gique, tou­ris­tique, floristique.

Ces contraintes pour­tant bien modestes avaient conduit le pré­sident de l’A.S.A à très publi­que­ment pro­tes­ter contre le prin­cipe-même de l’étude!

Rap­pe­lons donc que les pro­chaines élec­tions muni­ci­pales sont pré­vues en mars… Ce débat qui nous est refu­sé y aura donc toute sa place:

Nous appe­lons d’ores et déjà à ques­tion­ner, inter­pel­ler, les ins­tances publiques, les élu.e.s, les futur.e.s candidat.e.s dans la vallée!

Deman­dons – leur de s’en­ga­ger à stop­per ou modi­fier ce pro­jet repré­sen­ta­tif d’in­té­rêts par­ti­cu­liers étroits, au mépris de tous ceux qui veulent s’exprimer sur leur patri­moine natu­rel, les usages com­muns de la forêt, la pro­tec­tion de la faune et de la flore, les condi­tions d’u­ti­li­sa­tion des voies de cir­cu­la­tion publiques, leur environnement.

Il est temps de com­prendre que le déve­lop­pe­ment res­pec­tueux de l’en­vi­ron­ne­ment natu­rel est la seule vraie richesse d’une des rares  val­lées en Alsace encore pré­ser­vée pour l’essentiel.

Le pro­jet de des­serte fores­tière du Spri­ckels­berg est emblé­ma­tique d’une forme de main basse sur des forêts ava­lées, qua­drillées, rédui­sant la bio­di­ver­si­té, dic­tée par une logique pro­duc­ti­viste étroite que nous refu­sons, sou­cieux que nous sommes de la forêt « Bien com­mun » plus que des béné­fices de la S.I.A.T. (prin­ci­pale scie­rie indus­trielle impli­quée dans le dos­sier « Sprickelsberg »).

Le Col­lec­tif de défense du Spri­ckels­berg pour­sui­vra les actions conten­tieuses en cours devant les Tri­bu­naux admi­nis­tra­tifs, inten­si­fie­ra ses appels à la concer­ta­tion comme aux mobi­li­sa­tions citoyennes, appel­le­ra au rejet  élec­to­ral de ceux qui  repré­sentent des visions péri­mées du développement.


[1]             (Fran­çois Tac­quard, vice – pré­sident de l’Association du mas­sif vosgien)

[2]    voir péti­tion Non au super­mar­ché à Sickert 

https://www.mesopinions.com/petition/nature-environnement/supermarche-sickert/71902

L’é­tude d’im­pact de la des­serte fores­tière est inté­gra­le­ment consul­table et impri­mable dans la vision­neuse insé­rée au bas de la page


A venir : une péti­tion en ligne « Le bois est à eux, la forêt est à nous », une réunion publique pour débattre et pro­po­ser, dans la pers­pec­tive des élec­tions muni­ci­pales pro­chaines , du pro­jet de des­serte fores­tière et des enjeux réels pour la val­lée de la Dol­ler.

Pour tout contact auprès du Col­lec­tif de défense du Spri­ckels­berg: collectifcitoyensprickelsberg@gmail.com