Enfin, diront certains, les syndicats vont réoccuper la rue et prendre la tête des manifestations. Après des mois durant lesquels ce sont des dizaines de milliers d’anonymes qui ont exprimé leur opposition au pass sanitaire, d’autres questions, tout aussi essentielles, seront remises sur le devant de la scène.
A l’appel des organisations syndicales CGT, FO, FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse FIDL, MNL, UNEF et UNL une journée de grève nationale interprofessionnelle est organisée. Dans leur communiqué, « elles appellent les femmes et les hommes de toutes les professions, les jeunes, les retraité.es à se mobiliser, le 5 octobre, par la grève et les manifestations, pour obtenir de meilleurs salaires, pour leurs emplois et leurs droits et une meilleure protection sociale. »
Il est à noter qu’il y a quand même encore des organisations syndicales ou professionnelles (CFDT, CFTC, UNSA, FAGE…) qui estiment qu’il n’y a pas lieu de protester contre une politique qui jour après jour, impose des mesures anti-sociales inadmissibles.
Les organisations qui appellent à la mobilisation constate que « malgré la crise Covid, les résultats financiers du Groupe restent excellents et se comptent en milliards ! »
Le pouvoir d’achat en berne !
Celle qui apparaît la plus impérieuses, c’est le pouvoir d’achat. Il est évident que la « générosité » du gouvernement après le « quoi qu’il en coûte », a sa limite… puisque c’est aux citoyens de payer à la fin de la foire. L’argent déversé par milliards pour le soutien de l’économie doit être récupéré : les prix flambent et ce sont ceux des produits de première nécessité qui affectent le plus les ménages : la flambée des prix de l’énergie est une première mesure qui donne le dont pour tout le reste ! Les mesures politiciennes annoncées par le Premier ministre ne sont que de la poudre aux yeux pour gagner du temps : en lisant bien ces propos on voit bien que les hausses ne sont pas annulées, mais reportées dans le temps… dans l’espoir que le prix de l’énergie va baisser… après les élections présidentielles. Aucun économiste, même parmi les plus macroniens, n’oserait une telle affirmation car rien n’étaye une prévision de ce type !
Le pouvoir d’achat est un problème tel que même les premiers responsables de sa chute s’en alarment : le patronat et la ministre du Travail ! Mais cela s’arrête au constat ! Première revendication que les syndicats combattifs mettent en avant : une augmentation réelle du SMIC, une revalorisation des retraites, l’ouverture des négociations de branche pour une révision en hausse des grilles de salaires.
Les chômeurs… avant les retraites !
Second motif de mobilisation : obtenir le retrait de la réforme de l’assurance chômage qui va jeter dans la grande précarité des milliers de personnes. La réforme mise en œuvre le 1er octobre fera qu’une personne qui touchait hier encore 900 € d’allocations chômage n’en percevra plus que 600 euros.
Nous constatons, là également, une ligne de conduite du gouvernement depuis sa mise en place : si les choses vont mal, c’est la faute des citoyens ! En l’occurrence, les chiffres élevés du chômage sont uniquement liés au fait que les concernés ne veulent pas travailler et que système d’’indemnisation serait trop généreux pour inciter à rechercher du travail ! L’extension des chiffres de la pauvreté ne serait donc qu’une vue de l’esprit ?
« Dans les cent jours qui viennent, des réformes vont continuer. » annonce le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal
Ainsi, la réforme des retraites devait être suspendue jusqu’au lendemain des élections présidentielles, mais Emmanuel Macron annonce qu’il souhaite supprimer les régimes spéciaux de retraite tout en instaurant un minimum de pension à 1.000 euros… Sans aucune négociation officielle avec les organisations syndicales (peut être certaines favorables à la réforme pourtant impopulaire voulue avant la pandémie ont-elles été mises dans la confidence !)
Mais pour ne pas laisser tomber la pâte, un certain Edouard Philippe, ancien premier ministre, pointe le bout de son nez pour annoncer qu’il soutiendra Macron pour les présidentielles de 2022… et qu’il faudra relancer la réforme des retraites en repoussant l’âge de départ à… 67 ans.
Si on veut décrypter quelque peu la manière de faire (toujours la même) de M. Macron, cela permet de relancer le débat, de conditionner l’opinion publique, de mobiliser les médias quasiment tous à sa solde, pour remettre la réforme en route dès que les risques de réactions négatives de la population ne seront plus avérés.
Les moyens pour les services publics
S’il y a une chose que la pandémie a démontré d’une manière éclatante, c’’est bien l’importance des services publics…
Notoirement ceux de la Santé : malgré toutes les tentatives de masquer leurs responsabilités, les conséquences de la réforme hospitalière engagée par tous les gouvernements (de droite, de la social-démocratie…) depuis quelques années, sont apparues sous leur vrai jour.
Mais le cynisme de ce gouvernement est tel, qu’il a cultivé le « en même temps » d’une manière outrancière : tout en faisant le constat du manque de moyens (matériels et humains) du système de santé, il continuait à appliquer la fermeture des lits DURANT la pandémie !
L’après pire que l’avant ?
Il semble assez clair que la politique de l’«après » pandémie, sera sur le fond la même qu’avant… si les citoyens laissent faire ! On peut même craindre que sur la forme cela pourrait être pire car une forme de démobilisation parfaitement entretenue par le gouvernement en utilisant la pandémie comme prétexte, ne permet pas d’imaginer des réactions fortes de l’opinion publique.
Les fractures apparues dans les mouvements, associations, syndicats et partis jadis à la pointe de l’organisation de la résistance aux politiques anti-sociales, sont de natures à diviser profondément les populations.
Le 5 octobre est donc plus qu’une simple manifestation : peut-on espérer un dépassement des clivages engendrées par la politique gouvernementale sur la gestion de la pandémie, en revenant aux réels problèmes fondamentaux de notre époque qui est bien celle de la reconstruction d’un contrat social adapté aux vrais défis de notre époque : imposer une nouvelle répartition des richesses, mettre fin à un système économique détruisant la planète et ses habitants, définir de nouvelles priorités économiques, sociales, culturelles, démocratiques, qui pourraient nourrir positivement le débat électoral de 2022 et ainsi éviter le pugilat organisé sur les questions de migration ou d’insécurité…
La réussite des manifestations du 5 octobre sera un signe que le gouvernement devra prendre en compte. On peut aisément s’imaginer les conclusions qu’un tel gouvernement pourrait tirer d’un échec de la mobilisation…
A Mulhouse, le rendez-vous est fixé à 14h au Square de la Bourse.