Un Pré­sident malvenu !

Dans son entre­prise per­ma­nente de com­mu­ni­ca­tion, M. Macron a déci­dé ce venir à Mul­house pour par­ler de « recon­quête répu­bli­caine » et de « sépa­ra­tisme isla­miste ». En ce fai­sant, il uti­lise notre ville à de viles fins élec­to­ra­listes et expose notre cité aux yeux du pays tout entier. Puisqu’il choi­sit Mul­house, il doit y avoir des gros pro­blèmes dans la « recon­quête répu­bli­caine » et le « sépa­ra­tisme isla­miste » ! Or, tout cela est construit sur du vent, entre autres à la suite de la paru­tion d’un livre écrit par deux jour­na­listes enga­gés à droite (c’est leur droit, mais faut le recon­naître) qui à par­tir d’une enquête bâclée ont ciblé la mos­quée An-Nour de Mul­house sur des finan­ce­ments étran­gers pour sa construction.

Contri­buer à pro­mou­voir le Ras­sem­ble­ment National

Non, M. Macron, Mul­house n’est pas une ville où il y aurait plus de perte de valeurs répu­bli­caines ou de sépa­ra­tisme isla­miste ! Mul­house est, il est vrai, une ville pauvre, avec de très fortes inéga­li­tés, un chô­mage impor­tant, une pro­por­tion inquié­tante de loge­ments insa­lubres… Tout cela est le fruit de décen­nies de crise éco­no­mique et d’une ges­tion muni­ci­pale indigeste.

C’est cette image qui est tou­jours encore pré­gnante dans le reste de la France, igno­rante de la réa­li­té de notre cité. 

Mais le tra­vail inlas­sable du monde asso­cia­tif de toute ori­gine et de reli­gion déve­loppe une soli­da­ri­té rare­ment connue ailleurs. Oui, M. le pré­sident, les pauvres savent se retrou­ver ensemble, au-delà de leurs natio­na­li­tés d’origine ou de leur croyance, pour s’aider et « faire  ensemble ». Une des der­nières ini­tia­tives, sou­te­nue par notre jour­nal et qui va se repro­duire, c’est la « cara­vane vélo » à laquelle ont par­ti­ci­pé les asso­cia­tions de nom­breux quar­tiers. Les Mul­hou­siens péda­lant ensemble ne se sont pas deman­dés d’où venait ou ce que pen­sait les autres.

Oui, nous connais­sons une grosse inquié­tude dans la popu­la­tion, dont  une grande part s’interroge sur son ave­nir, celui de ses enfants. Et qui ne voit que le vote abject d’extrême-droite pour se faire entendre. Plu­tôt que de les confor­ter dans leur erreur en venant par­ler de « recon­quête répu­bli­caine » et stig­ma­ti­ser une par­tie de la popu­la­tion, vous feriez mieux de mener une poli­tique lut­tant effi­ca­ce­ment contre la pau­vre­té, les inéga­li­tés, le mal-loge­ment. Or, toute votre poli­tique aggrave encore ces fléaux.

Isla­misme ? Quel Islamisme ?

« Sépa­ra­tisme isla­miste » ? A Mul­house ? Ah bon ! Plus qu’ailleurs ? Moins qu’ailleurs ? Non, M. le Pré­sident, dans notre ville il n’y a pas plus de pro­blèmes de ce type qu’ailleurs. Sûre­ment même moins, jus­te­ment grâce au tra­vail des associations.

Qu’est-ce qui jus­ti­fie alors le choix de Mul­house pour votre triste opé­ra­tion de com­mu­ni­ca­tion. Le livre de Ches­not-Mal­bru­not est le pré­texte. Rap­pe­lons que ce livre paru il y a dix mois, n’a qu’un but : démon­trer que l’islam est en train de vou­loir régen­ter la France ! Nous ne sommes pas loin du « grand rem­pla­ce­ment » véhi­cu­lée par l’extrême-droite et Zem­mour. Les deux com­pères ont fait de l’islam leur che­val de  bataille et ne cessent, dans le quo­ti­dien de Mal­bru­not, Le Figa­ro et lors d’invitations com­plai­santes sur les chaînes et radios publiques, de dénon­cer une pré­ten­due « isla­mi­sa­tion ram­pante » de la socié­té française.

Nous savons, M. le pré­sident, ce que la diver­si­té veut dire ici : plus de 100 natio­na­li­tés coha­bitent à Mul­house. Par­fois il peut y avoir des incom­pré­hen­sions, mais majo­ri­tai­re­ment, toute le monde consi­dère que cette diver­si­té est une chance pour notre ville et non pas une plaie !

La mos­quée de Mul­house finan­cé par le Qatar ? Les res­pon­sables musul­mans mul­hou­siens et alsa­ciens n’ont jamais rien caché sur le finan­ce­ment de leur lieu de culte. Et on doit se féli­ci­ter que les nom­breux musul­mans pos­sèdent enfin un lieu de culte digne, alors qu’auparavant ils priaient dans des lieux pré­caires et non adaptés.

Oui, nous pou­vons être fiers à Mul­house, d’avoir une belle mos­quée, ouverte sur la réa­li­té de la ville, pro­po­sant de nom­breuses acti­vi­tés… à l’instar de celles que pro­posent les reli­gions chré­tiennes ou juives. Pour­quoi les Musul­mans seraient-ils pri­vés d’une école ? 

Quand le Qatar verse des mil­liards pour fabri­quer arti­fi­ciel­le­ment un club de foot­ball en France, il est applau­di. Quand il per­met à des citoyens fran­çais de pou­voir pra­ti­quer leur reli­gion, ce serait répré­hen­sible ? Pour ma part, M. le pré­sident, je pense que le foot tel qu’il est deve­nu, est bien un nou­vel « opium du peuple » qui ins­tille l’intolérance, qui tolère l’homophobie, qui engendre des violences…

Alors, on peut, certes, consi­dé­rer que des pra­tiques fon­da­men­ta­listes conta­minent les reli­gions. Toutes les reli­gions. Mais là nous sommes dans l’absence de tolé­rance et sou­vent d’ignorance du rôle des reli­gions. C’est peut être là-des­sus, M. le Pré­sident, que vous auriez pu être utile. Or, votre venue va démo­lir des années et des années de tra­vail des asso­cia­tions pour aider à la com­pré­hen­sion de l’autre, base essen­tielle du « vivre ensemble »…

Mais ain­si conce­vez-vous votre rôle ? Toute votre action depuis le pre­mier jour de votre élec­tion montre que vous n’êtes pas dans ce registre. C’est pour cela, M. le Pré­sident, vous nous êtes inutiles. Aujourd’hui à Mul­house et comme d’habitude dans toute la France.