Nos entrevues des candidates et candidats aux élections municipales en 30 minutes
Entrer à Lutte Ouvrière (LO), en fait l’Union communiste internationaliste (sa véritable identité), c’est d’abord cheminer en pays trotskyste, et plaider inlassablement la cause internationaliste, non sans une certaine rigueur doctrinale.
Julien Wostyn est ainsi un militant remarquable d’intégrité personnelle et de constance idéologique, qualités devenues rarissimes sur la place de Mulhouse. Candidat pour la troisième fois aux élections municipales sous l’étiquette Lutte Ouvrière, il a participé à d’autres scrutins depuis plus d’une dizaine d’années.
Mais interroger un militant de « LO » sur son programme ou ses convictions, dans la perspective d’un projet municipal, revient un peu à renouer avec le malentendu qu’entretient le parti trotskyste depuis près de 50 ans, à chacune des élections auxquelles il participe : l’évitement méthodique des sujets à l’agenda électoral, ou du moins leur relativisation manifeste.
Car pour le parti, le seul objet politique à considérer est le capitalisme, ce corps étranger, morbide et imperméable aux intérêts du salariat. Donc l’impératif est de susciter le renversement révolutionnaire de la société, et non de considérer, par exemple, l’état des rapports entre la ville centre et sa communauté d’agglomération, préoccupation bourgeoise vue par un prolétaire.
Dès lors, les candidats Lutte Ouvrière s’échinent à réamorcer l’actualité de l’enfer économique et social, et replacent dans le débat public ce dont on ne parle jamais à l’occasion d’une campagne électorale : la condition salariale, et son rapport au donneur d’ordre capitaliste. La fonction tribunitienne offerte par la parenthèse électoraliste (les municipales aujourd’hui) permet alors de mener le réquisitoire contre un ordre économique et social insoutenable.
De ce fait, les questions posées à Julien Wostyn sont identiques à celles posées aux autres candidats (commerce et développement économique, environnement, culture, vote électronique). Mais elles rebondissent dans son esprit pour décliner opiniâtrement la même matrice idéologique, à rebours de toutes les recompositions ou alliances politiques, que le mouvement voit souvent comme des compromissions hasardeuses, sinon des dilutions réactionnaires.
La rigueur doctrinale de LO se double donc d’une insularité politique, entretenue au nom même de la cause des travailleurs, qui ne vaudra qu’un peu plus de 1% des suffrages au candidat Wostyn, lors des scrutins municipaux de Mulhouse, en 2008 et 2014.