L’épidémie qui frappe par­ti­cu­liè­re­ment le Haut-Rhin et Mul­house en par­ti­cu­lier a conduit à des mesures dras­tiques, dont l’une des plus spec­ta­cu­laires est la fer­me­ture de la tota­li­té des éta­blis­se­ments sco­laires. D’une manière assez bru­tale, il faut bien le dire, lais­sant sou­vent des parents dans l’embarras pour orga­ni­ser la prise en charge de leurs enfants.

Mais la mesure est plu­tôt bien accueillie, le risque de conta­gion et de mala­die étant assez grand pour com­prendre la décision.

Pour­tant, un éta­blis­se­ment de l’en­sei­gne­ment supé­rieur, comme l’Université de Haute-Alsace (UHA) à Mul­house (et Col­mar sans doute), reste tou­jours ouvert : beau­coup d’étudiants et de pro­fes­seurs s’interrogent sur cette ano­ma­lie dans le contexte de pro­gres­sion de la maladie.

Des mesures ont été prises : l’interdiction de réunir plus de 50 per­sonnes a été annon­cée… mais sans en don­ner le moyen pro­cé­du­ral. N’accepter que 50 étu­diants dans un amphi­théâtre, cela signi­fie qu’il fau­dra dédou­bler les cours… Les pro­fes­seurs en ont-ils les moyens ? Ont-ils été consul­tés ? Il semble qu’une fois encore, et comme de cou­tume, le Rec­to­rat et le doyen de l’UHA décident sans se pré­oc­cu­per de se concer­ter avec les prin­ci­paux ani­ma­teurs de l’Université : pro­fes­seurs et étudiants…

Et ces « déci­deurs » ont-ils reçu la garan­tie que le virus épar­gne­rait l’UHA, et serait un sanc­tuaire où le risque ne pré­vau­drait pas ? Serait-ce là une démarche vrai­ment res­pon­sable ? Le maire bicé­phale de Mul­house (Lutz/Rottner), si prompt à sau­ter sur toute camé­ra ou micro qui passe dans les parages, aurait-il par­ti­ci­pé à cette décision ?

Des étu­diants de mas­ter 1ère année en risque ?

La rédac­tion de L’Alterpresse68 a pu accé­der à un cour­riel dans lequel une infor­ma­tion capi­tale était dif­fu­sée. La Direc­trice du dépar­te­ment des sciences de l’é­du­ca­tion et de la for­ma­tion y lance l’appel sui­vant : « Au regard de ce que j’ai appris concer­nant les étu­diants de mas­ter 1ère année qui auraient été en contact de très près avec le Covid 19 (Coro­na­vi­rus), nous vous deman­dons de ren­trer chez vous et d’ap­pli­quer les pré­cau­tions néces­saires et notam­ment une mise en qua­ran­taine jusqu’au 18/03/2020 inclus et de contac­ter le 15 au plus vite. Les cours seront soit repor­tés, soit effec­tués à distance. »

En clair, il est connu que des étu­diants ont été en contact de « très près » avec le virus, et connais­sant la rapi­di­té des conta­gions, l’on est sidé­ré de consta­ter que ni le rec­to­rat, ni le doyen de l’UHA n’aient eu la moindre réac­tion à ce jour.

Pré­sents à l’Église Porte ouverte chré­tienne de Bourtzwiller ?

On sait que le foyer de conta­mi­na­tion pre­mier à Mul­house fut la fameuse ren­contre évan­gé­lique dans l’église de la Porte ouverte chré­tienne à Bourtz­willer. La conta­gion y fut telle, que c’est de ce ras­sem­ble­ment d’évangélistes que des foyers secon­daires sont appa­rus dans toute la France, dans les pays voi­sins et même en Guyane, un des points forts de cette église dans notre pays.

On a pu lire dans la presse régio­nale, que le pas­teur prin­ci­pal de cette « église » est lui-même conta­mi­né ain­si que son fils*. Il y a donc de fortes chances que la qua­si-tota­li­té des fidèles pré­sents en ce lieu confi­né soient contaminés.

Or, il s’avère qu’une asso­cia­tion très active au sein de l’Université, I Love UHA, serait proche de la Porte ouverte. Le pré­sident de l’association, Bap­tiste Habe, est un membre actif de l’é­glise évan­gé­lique mul­hou­sienne, dans laquelle il offi­cie notam­ment comme camé­ra­man, et l’une de ses acti­vi­tés dans l’église serait le mon­tage son des CD après les cultes.

La vice-secré­taire de I Love UHA, Vir­gi­nie Leone, est éga­le­ment une adepte d’une église évan­gé­lique, sans que nous ayons pu iden­ti­fier à quelle struc­ture elle adhé­rait, tant les mou­ve­ments qui se disent « évan­gé­listes » sont divers. Mais on sait qu’elle est actuel­le­ment coor­don­na­trice sociale Démos.

Démos est une struc­ture qui regroupe des cen­taines d’enfants dans les écoles et col­lèges pour un appren­tis­sage musi­cal, en lien avec le Conser­va­toire de Mul­house. On espère que Mme Leone n’a pas actuel­le­ment de contacts avec ces jeunes !

I Love UHA au ser­vice des carences universitaires !

Les buts de cette asso­cia­tion au sein de l’Université sont bien connus : du sou­tien sco­laire, des cours de langue fran­çaise, mais éga­le­ment la culture dans un but d’intégration à des­ti­na­tion d’étudiants étran­gers, des cours d’anglais, des ini­tia­tives sportives…

Ce en quoi elle demeure bien utile, car elle sup­plée à toutes les carences de l’Institution uni­ver­si­taire, laquelle devrait se pré­oc­cu­per direc­te­ment de toutes ces acti­vi­tés au ser­vice des étudiants.

C’est peut-être cela qui explique la man­sué­tude du doyen et la publi­ci­té faite à cette asso­cia­tion dans la presse locale. Dans l’Alsace du 12 décembre 2019 on pou­vait d’ailleurs lire à son sujet : « Encou­ra­gés par le doyen de la Fon­de­rie Hocine Sadok, les dis­po­si­tifs de sou­tien sco­laire, admi­nis­tra­tif et juri­dique ont été conçus et déve­lop­pés avec l’aide de toute l’équipe d’I Love UHA et les com­pé­tences de Vir­gi­nie Leone, membre fon­da­teur de l’association et ancienne étu­diante en mas­ter 2 éco­no­mie sociale et soli­daire spé­cia­li­té ingé­nie­rie de pro­jets de la Fon­de­rie. Aujourd’hui, elle tra­vaille à la mai­rie de Mul­house comme coor­di­na­trice sociale (au sein de DEMOS, ndlr) tout en contri­buant à cer­taines acti­vi­tés de I’association. »

Si les liens entre I Love UHA et l’église Porte ouverte Chré­tienne de Mul­house étaient avé­rés, une ques­tion se pose­rait encore, au-delà de la conta­mi­na­tion dont cer­tains de ses diri­geants pour­raient être les pro­pa­ga­teurs au sein du cam­pus, en consé­quence de la fameuse semaine de carême obser­vée par cette organisation. 

On pour­ra en outre légi­ti­me­ment se deman­der pour­quoi l’Université de Haute-Alsace, ain­si que la ville de Mul­house, confie des acti­vi­tés de for­ma­tion à une asso­cia­tion éma­nant d’une église évan­gé­lique. Et la laï­ci­té dans tout cela ? 


  • L’É­glise est offi­ciel­le­ment fon­dée en 1966 par Jean et Suzanne Peter­sch­mitt à Mul­house. En 1972, l’É­glise compte entre 60 et 80 membres. Elle démé­nage ses locaux à Pfas­tatt, dans la ban­lieue de Mul­house. En 1987, Samuel Peter­sch­mitt suc­cède à son père en tant que pas­teur prin­ci­pal de l’é­glise. Cette même année, les locaux sont ins­tal­lés dans un ancien super­mar­ché de Mul­house, avec une capa­ci­té d’ac­cueil de 600 per­sonnes. En 1989, un nou­veau local est trou­vé à Bourtz­willer (Mul­house), il peut accueillir 1 500 per­sonnes. En 1995, des tra­vaux ont lieu afin d’a­gran­dir le temple pour une capa­ci­té d’ac­cueil de 1 900 places. Ce bâti­ment est inau­gu­ré par le sous-pré­fet de Thann, des per­son­na­li­tés poli­tiques comme Fran­cis Hil­l­meyer, Jo Spie­gel, Eric Straumann…
  • En 2005, l’as­sis­tance est de 1 500 per­sonnes. En 2015, l’É­glise fait des tra­vaux d’a­gran­dis­se­ment dans son bâti­ment pour atteindre une capa­ci­té de 2 500 places. En 2017, l’É­glise comp­te­rait 2 200 membres. Des églises par­te­naires ont été ouvertes à Stras­bourg, Reims, Kou­rou, Dra­veil (région pari­sienne), Le Bou­lou, Cayenne. (source Wiki­pé­dia)
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