Les photographies sont de Martin WILHELM
« Bienvenue en démerdentiel », « Enragez-vous », « Héros confinés, génération sacrifiée », rage et colère semblaient avoir particulièrement inspirés les slogans brandis par dizaines lors de cette manifestation d’enseignants et d’étudiants organisée ce 26 janvier à Mulhouse.
Elle réunissait à 10 heures près de 300 personnes sur la Place Franklin. Par la suite, les manifestants se mirent à défiler dans les rues du centre-ville.
En tête de cortège, la banderole de l’intersyndicale CGT Educ’Action, Snes-FSU / Snuipp-FSU et SNUDI FO avait pour mot d’ordre l’adoption d’un plan d’urgence pour l’école (et la jeunesse), portant sur les salaires, les moyens et les conditions de travail.

Les manifestants réclament notamment un plan de recrutement, des moyens pour obtenir des remplaçants et financer les Rased (des antennes vouées à l’aide spécialisée des élèves en difficulté), dont l’existence a été menacée sous le mandat de Sarkozy, puis restaurées pour partie depuis la mandature Hollande.
La peur du virus reste présente, eu égard au dimensionnement insuffisant des locaux et aux classes surchargées, mais la colère politique prévaut bien davantage, et se cristallise notamment autour de la personne du ministre de l’Éducation Blanquer, régulièrement accusé de mépriser les personnels, et de ne pas se soucier de leur état d’esprit.

C’était aussi l’occasion de retrouver des profils de personnels bien moins souvent représentés dans les cortèges, comme ceux des AESH (qui sont des agents contractuels de l’État chargés de l’accompagnement des élèves en situation de handicap), les enseignants-documentalistes, mal reconnus et rémunérés, ou encore les assistant-es d’éducation, petites mains (souvent étudiantes) particulièrement prolétarisées, en raison notamment de contrats de travail précaires, et un abandon délibéré de leur administration, laquelle se soucie peu de prodiguer formation et accompagnement professionnel, ce qui en dit assez long sur leur détresse.

Les étudiant-es se sont mobilisés, ce qui ne fut pas le cas depuis un certain moment. La perspective de pouvoir se rendre un jour par semaine sur les campus, comme le gouvernement le leur en a fait la promesse, n’étant pas reçu avec enthousiasme.
Là encore, la colère est palpable, et les étudiants mulhousiens ont donné le ton depuis la parution d’une lettre ouverte à Emmanuel Macron, dont le retentissement national a été remarqué, et dont l’un des signataires est venu nous parler.
Et il n’est pas sûr que l’obole des 2 deux repas par jour à 1 euro dans un resto U qui n’existe pas toujours (un seul des campus en est doté à Mulhouse), suffise en quelque manière. En revanche, l’adoption d’un « RSA jeune » accessible dès 18 ans serait d’autant mieux venu aujourd’hui.

Enfin, les grévistes furent assez nombreux dans le Haut-Rhin, où, selon le Snuipp (syndiquant les professeures des écoles), le taux d’arrêt de travail se situait à 15% dans le premier degré, et entre 15 à 40%, en fonction des établissements, dans le second degré, avec une mobilisation plus soutenue dans les collèges.