Depuis quelques semaines, des asso­cia­tions et mou­ve­ments réunies au sein d’un col­lec­tif tra­vaillent sur l’organisation des célé­bra­tions du 8 mars à Mul­house. La thé­ma­tique offi­cielle est enri­chie d’autres reven­di­ca­tions comme on peut le lire sur l’affiche officielle :

Preuve que les mou­ve­ments tels que Mee-too ont mis en évi­dence d’autres injus­tices, voire crimes que les femmes subissent du fait de leur condition.

La dimen­sion inter­na­tio­nale est évi­dem­ment for­te­ment pré­sente dans une ville comme Mul­house avec un grand nombre de natio­na­li­tés y demeu­rant. Ain­si, les femmes kurdes sont un pilier de ce col­lec­tif et elles y prennent une place importante.

La large ouver­ture des thèmes que retient le Col­lec­tif mul­hou­sien per­met à beau­coup d’associations et syn­di­cats de s’y retrou­ver : de quoi faire une conver­gence des luttes tel­le­ment espé­rée au sein du mou­ve­ment social. Et si les femmes étaient, là aus­si, pionnières ?

Depuis le 29 février 1909, pre­mière jour­née consa­crée à la mobi­li­sa­tion pour l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est la jour­née de 8 mars qui a été choi­sie pour mettre en évi­dence les inéga­li­tés qui frappent les femmes dans notre socié­té. En cette année 2021, la ques­tion est tou­jours d’actualité : preuve que mal­gré les avan­cées, rien n’est jamais gagné et l’injustice frap­pant les femmes reste d’une brû­lante actualité.

Comme dans le monde entier, à Mul­house, de nom­breuses asso­cia­tions appellent à suivre des actions les 6 et 8 mars : il n’y a pas trop de deux jours pour une cause aus­si essentielle !

International Woman’s day

C’est en 1975, lors Lors de l’An­née inter­na­tio­nale de la femme, que l’Or­ga­ni­sa­tion des Nations Unies a com­men­cé à célé­brer la Jour­née inter­na­tio­nale des femmes le 8 mars (Inter­na­tio­nal Woman’s day). En France et dans quelques autres pays, on pré­fère appe­ler cette ini­tia­tive la Jour­née inter­na­tio­nale des droits des femmes. Pas une simple nuance, car il y eut débat…

Après qu’en 1909, le Par­ti socia­liste US appelle à célé­brer aux Etats-Unis une « Jour­née natio­nale des femmes », l’Internationale socia­liste réunie à Copen­hague en 1910, ins­taure une jour­née des femmes de carac­tère inter­na­tio­nal pour « rendre hom­mage au mou­ve­ment en faveur des droits des femmes et pour aider à obte­nir le droit de vote des femmes ». On sait que sur ce der­nier point la « grande » France ne l’a octroyé qu’en 1945 à ses conci­toyennes ! Un siècle après l’établissement du suf­frage universel !

Cette Jour­née inter­na­tio­nale des droits des femmes a été célé­brée pour la pre­mière fois, le 19 mars 1911, en Alle­magne, en Autriche, au Dane­mark et en Suisse, où plus d’un mil­lion de femmes et d’hommes ont assis­té à des ras­sem­ble­ments. Outre le droit de voter et d’exercer une fonc­tion publique, elles exi­geaient le droit au tra­vail, à la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, ain­si que l’arrêt des dis­cri­mi­na­tions sur le lieu de tra­vail. Déjà un thème d’actualité comme il l’est encore 110 ans après…

Il parait que c’est en 1914 que la date du 8 mars s’impose quand les femmes socia­listes alle­mandes orga­nisent de nom­breux ras­sem­ble­ment à Ber­lin (voir l’affiche ci-des­sous). Autre évé­ne­ment confir­mant cette date : le 8 mars 1917, les mani­fes­ta­tions d’ouvrières à Petro­grad en Rus­sie lancent la Révo­lu­tion russe : l’histoire retient que « « des femmes ouvrières et épouses de sol­dats ont exi­gé du pain pour leurs enfants et le retour de leurs maris des tran­chées ». Avec un reten­tis­se­ment consi­dé­rable contri­buant à accé­lé­rer la fin de la guerre en 1918.

Débat entre féministes et socialistes

La coexis­tence de reven­di­ca­tions de type poli­tique (droit de vote) et sociale, voire socié­tale (éga­li­té sala­riale, de droits sociaux…) réunit de nom­breux mou­ve­ments au-delà des socia­listes et par­ti­cu­liè­re­ment les asso­cia­tions fémi­nistes, très actives. Cer­tains his­to­riens, cités dans le Jour­nal du CNRS, relève que la « jour­née des femmes est une ini­tia­tive du mou­ve­ment socia­liste et non du mou­ve­ment fémi­niste ». L’historienne Fran­çoise Picq ajoute que « c’est jus­te­ment pour contre­car­rer l’influence des groupes fémi­nistes sur les femmes du peuple que Cla­ra Zet­kin (ndlr : grande figure du socia­lisme nais­sant) pro­pose cette jour­née » reje­tant « l’alliance avec les fémi­nistes de la bourgeoisie »

Pour­tant, même au sein du mou­ve­ment socia­liste la bataille était loin d’être gagnée puisque les par­tis socia­listes sou­te­naient sans enthou­siasme la reven­di­ca­tion du suf­frage féminin ».

Et au XXIe siècle, les débats autour des thèmes et de l’ordre du jour du 8 mars est chaque année l’objet d’interprétations et d’adaptation per­met­tant à toutes les asso­cia­tions de trou­ver des motifs pour y défendre leurs revendications.

L’ONU : le COVID-19 s’invite…

Depuis 1975, c’est donc l’Organisation des Nation Unies qui impulse les thèmes de mobi­li­sa­tion de la jour­née du 8 mars. Pour 2021, l’ONU a rete­nu « Lea­der­ship fémi­nin : pour un futur éga­li­taire dans le monde de la COVID-19 » jus­ti­fiant son choix ain­si : « Les femmes sont en pre­mière ligne face à la crise de COVID-19, en tant que pro­fes­sion­nelles de san­té, pour­voyeuses de soins, inno­va­trices, orga­ni­sa­trices com­mu­nau­taires et, pour cer­taines, en tant que diri­geantes natio­nales figu­rant par­mi les lea­ders les plus exem­plaires et les plus effi­caces dans la lutte contre la pan­dé­mie. La crise a mis en évi­dence l’importance pri­mor­diale des contri­bu­tions des femmes et le far­deau dis­pro­por­tion­né qu’elles portent. »

Le gou­ver­ne­ment reprend ce thème et lance des ini­tia­tives entre autres au sein des éta­blis­se­ments sco­laires pour qu’on en « discute ».

Mais l’endroit per­ti­nent des actions autour du 8 mars, c’est bien la rue. Ain­si, en France, 37 orga­ni­sa­tions fémi­nistes et syn­di­cales appellent les « pre­mières de cor­vées » à faire grève le lun­di 8 mars afin de dénon­cer les injus­tices subies par les femmes. « Le 8 mars, nous serons en grève avec les femmes du monde entier pour refu­ser toutes et tous ensemble de payer le prix de la crise avec notre tra­vail, notre salaire, notre corps », ont expli­qué plu­sieurs syn­di­cats (CGT, FSU et Soli­daires) ain­si que des asso­cia­tions fémi­nistes lors d’une confé­rence de presse orga­ni­sée le 1er mars.

L’objectif de cette nou­velle mobi­li­sa­tion est de rap­pe­ler lesi­né­ga­li­tés sala­riales dont sont encore et tou­jours vic­times les femmes, mais aus­si de mettre l’accent sur la fra­gi­li­té de leur situa­tion en cette période de crise sani­taire. « Le confi­ne­ment a pesé très lourd sur les femmes depuis main­te­nant un an que dure cette crise sani­taire, que ce soit en matière de san­té, d’emploi, de risques de vio­lences intra­fa­mi­liales accrues, sans comp­ter que ce sont pour beau­coup des métiers à pré­do­mi­nance fémi­nine qui ont assu­ré la conti­nui­té pen­dant le confi­ne­ment », a décla­ré la co-secré­taire géné­rale de la FSU, Murielle Guilbert.

De nom­breux ras­sem­ble­ments sont pré­vus aux quatre coins de la France. Plu­sieurs orga­ni­sa­tions, dont « Osez le fémi­nisme », « Les Effronté·es », ou encore l’U­nef invitent les femmes mais aus­si les hommes à faire grève ou à ces­ser le tra­vail ce lun­di dès 15h40 afin de dénon­cer les écarts de salaire. Pour­quoi cette heure pré­ci­sé­ment ? Car c’est à 15h40 que les femmes ne sont plus payées, si l’on prend en compte l’é­cart sala­rial glo­bal avec les hommes.

Il faut regret­ter que ces appels réité­rés tous les ans, ne sont pas sui­vis d’effets consi­dé­rables, preuve que les pou­voirs poli­tiques et éco­no­miques conti­nuer ces dis­cri­mi­na­tions… tout en se défen­dant de les faire ! Eter­nelle hypo­cri­sie de ceux qui ont le pou­voir de mettre fin à ces inéga­li­tés mais conti­nuent de les admettre… Appa­rem­ment cer­tains y trouvent des intérêts…

Aujourd’­hui, notam­ment en Pales­tine, les femmes connaissent encore d’autres formes d’oppression : 

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