Il y avait les héros du quo­ti­dien que célé­brait Emma­nuel Macron, aux termes du pre­mier confi­ne­ment. Outre les méde­cins, infir­mières et aides-soi­gnantes, on y comp­tait pareille­ment les cais­sières, éboueurs, livreurs, agents de net­toyage, et tant d’autres, sans les­quels le quo­ti­dien aurait été chaotique. 

Ceux-là occu­paient « la pre­mière ligne », tan­dis que l’épidémie de covid bat­tait son plein à Mul­house, et par­tout ailleurs en France. Tous ces ano­nymes, indis­pen­sables et mécon­nus, sinon jamais consi­dé­rés, ont conduit le Pré­sident de la Répu­blique à recon­naitre que : « notre pays, tient tout entier, sur des femmes et des hommes que nos éco­no­mies rému­nèrent si mal ».

Tous ces gens en sont pour­tant à voir per­du­rer la même absence de recon­nais­sance et de digni­té, qu’elle soit per­son­nelle ou pro­fes­sion­nelle, après 18 mois d’engagement pour faire « tenir » le pays. 

Par­mi ces sala­riés, ceux du net­toyage figurent par­mi les plus mal lotis qui soient. Leurs condi­tions de tra­vail sont éprou­vantes, leur « recon­nais­sance » sala­riale en est le plus sou­vent réduite au smic. 

Ces tra­vailleurs sont essen­tiel­le­ment des tra­vailleuses. Cer­taines sont étran­gères, et ne connais­sant pas leurs droits. Elles sont fré­quem­ment embau­chées de manière inter­mit­tente, sous la forme de contrats à durée déter­mi­née, ou en inté­rim, et sou­vent à temps par­tiel ou à temps incomplet. 

Et quand une socié­té de net­toyage a ces­sé d’es­so­rer les sala­riés dont elle a la charge, elle se débar­rasse d’un chan­tier au pro­fit d’une socié­té concur­rente. Les chan­tiers passent ain­si de mains en mains, tout comme les sala­riés qui en relèvent. 

Les employeurs du sec­teur net­toyage se suc­cèdent, les maux des tra­vailleurs du net­toyage perdurent.

Sauf qu’à Huningue on a déci­dé de ne plus pas­ser l’é­ponge sur ces méfaits sociaux en ce 27 juillet : les sala­riés char­gés du net­toyage au sein du site phar­ma­ceu­tique Novar­tis à Huningue, ont débu­té un mou­ve­ment de grève, afin de dénon­cer les bri­mades, les charges de tra­vail tou­jours plus impor­tantes et des salaires au rabais, qu’il subissent de la part de GSF, un acteur majeur sec­teur de la pro­pre­té et des ser­vices fran­çais, qui pèse 940 mil­lions d’eu­ros de chiffre d’affaires. 

En pleine épi­dé­mie de Covid, l’in­ten­si­té du tra­vail s’est accrue. Et alors que le chan­tier vient d’être repris par GSF, on vou­drait leur impo­ser des coupes dans l’ef­fec­tif. L’ob­jec­tif des sous-trai­tants du net­toyage est clair : opti­mi­ser les dépenses, quitte à négli­ger la qua­li­té de la prestation.

Le syn­di­cat CGT GSF qui orga­nise la lutte affirme par ailleurs que « les res­pon­sables se per­mettent de nous par­ler comme à des moins que rien alors que c’est notre tra­vail qui garan­tit un envi­ron­ne­ment sain aux autres tra­vailleurs du site. D’autres n’hé­sitent pas non plus à nous mena­cer, à cibler direc­te­ment la CGT et à vou­loir nous éloi­gner de nos délé­gué-e‑s ».

En ces­sant le tra­vail, les sala­riés revendiquent :

·    Une prime Covid pour com­pen­ser l’en­semble des risques et pres­ta­tions exceptionnels.

·    Un trei­zième mois pour toutes et tous ; car leur tra­vail mérite un salaire per­met­tant de vivre et non de survivre.

·    La fin des cam­pagnes anti­syn­di­cales de la direc­tion contre la CGT.

·    Des recru­te­ments afin de garan­tir des cadences de tra­vail tenables et une pres­ta­tion de qualité.

La socié­té GSF n’a pu être jointe.

Ci-des­sous quelques pho­tos réa­li­sées par notre col­la­bo­ra­teur Mar­tin Wilhelm 

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