Deuxième jour­née d’action pour impo­ser le retraite de la réforme gou­ver­ne­men­tale des retraites : encore plus de monde dans les rues ! A Mul­house, ce qu’on croyait excep­tion­nel le 19 jan­vier et ses 8.000 mani­fes­tants, a été dépas­sé par les 9.000 qui étaient dans la rue ce mar­di 31 jan­vier ! Un cor­tège encore plus mar­qué par la diver­si­té des par­ti­ci­pants, pas une pré­sence de nom­breuses cor­po­ra­tions ou métiers qui ne sont pas les mani­fes­tants habituels.

Pour l’avoir vécu moi-même, beau­coup de ceux qui arpen­taient le pavé mul­hou­sien, avaient dans leur entou­rage, des per­sonnes qui leur don­naient qua­si­ment man­dat pour les repré­sen­ter car tout le monde ne peut pas se libé­rer pour par­ti­ci­per phy­si­que­ment aux manifestations.

C’est dire que le rejet de ce pro­jet de loi est par­ta­gé par une écra­sante majo­ri­té des citoyens, ce que les son­dages doivent bien consta­ter. Même le très macro­nien Odoxa et son pré­sident Gaël Sli­ma­ni regrettent de devoir le confir­mer pour ne pas perdre le peu de cré­di­bi­li­té qui lui reste ! « 80% des Fran­çais se disent oppo­sés à un recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans et 83% à 65 ans », selon un son­dage de cet institut. 

UNE MOBILISATION QUI S’ÉLARGIT !

Évi­dem­ment, devant le raz-de-marée des mobi­li­sa­tions dans toute la France et par­ti­cu­liè­re­ment dans les villes moyennes rurales, les médias offi­ciels devaient bien trou­ver un élé­ment pour amoin­drir le mes­sage. Ain­si, il y aurait eu moins de grévistes !

Il faut être par­ti­cu­liè­re­ment tor­du pour prendre cela comme un indi­ca­teur qui condui­rait à affai­blir la mobi­li­sa­tion ! D’abord, dans la plu­part des entre­prises, faire grève est un fait cou­ra­geux car la répres­sion patro­nale est par­ti­cu­liè­re­ment grave. Et ris­quer de perdre son emploi est de nos jours, une dis­sua­sion d’une effi­ca­ci­té cer­taine pour décou­ra­ger les éven­tuels gré­vistes. Sans par­ler des pertes finan­cières qui en temps de perte de pou­voir d’achat deviennent insup­por­tables. Et cela est vrai pour les sala­riés du pri­vés comme du public. Sans par­ler de la pré­ca­ri­té des emplois qui est un autre fac­teur de peur de se retrou­ver au chômage…

Ne nous éton­nons donc pas que les sala­riés choi­sissent quand ils peuvent faire grève et que pour un grand nombre d’entre eux, cette éven­tua­li­té est exclue car leur situa­tion sociale est trop pré­oc­cu­pante. Le nombre de gré­viste n’est donc pas déter­mi­nant dans l’analyse des rap­ports de force en présence.

La diver­si­té des par­ti­ci­pants à des mani­fes­tant, si ! Voir les sapeurs-pom­piers, toutes sirènes hur­lantes, ani­mer le cor­tège, n’est pas banal ! Tout comme la pré­sence des clercs de notaire ou de la mul­ti­tude d’individus ayant fabri­qué leur petite pan­carte avec des ins­crip­tions drôles, émou­vantes, fortes, pour dénon­cer un gou­ver­ne­ment qui se moque éper­du­ment des consé­quences d’une réforme injuste, inutile et brutale…

LA JEUNESSE EST PRÉSENTE !

Autre élé­ment frap­pant : nous consta­tons une soli­da­ri­té inter­gé­né­ra­tion­nelle dans les mou­ve­ments. La com­mu­ni­ca­tion gou­ver­ne­men­tale fai­sait des retrai­tés et de la jeu­nesse, deux cibles pour affai­blir la mobi­li­sa­tion : les retrai­tés s’en moque­raient puisqu’ils ne seraient pas concer­nés par la réforme (énorme erreur si cer­tains pensent cela !). Et la jeu­nesse est tel­le­ment per­sua­dée qu’elle ne tou­che­ra pas de retraite qu’elle n’ira pas dans la rue pour dénon­cer la réforme !

Mau­vais cal­cul : les retrai­tés actuels sont de plus en plus moti­vés (là aus­si les son­dages le prouvent) et la jeu­nesse com­mencent à s’impliquer car elle ne voit pas dans la socié­té que nous pro­met M. Macron, des aspects posi­tifs et pas seule­ment en matière de retraite !

Nous assis­tons donc à un élar­gis­se­ment de la mobi­li­sa­tion qui a toute chance à se pour­suivre dès les 7 et 11 février prochains.

LE PASSAGE EN FORCE SOUHAITé PAR LE GOUVERNEMENT

La pres­sion sur le gou­ver­ne­ment aug­mente se fait chaque jour plus forte ! Après les pos­tures de mata­more (pathé­tique Pre­mière ministre qui à la veille d’un débat par­le­men­taire annonce qu’il n’y a rien à négo­cier !) et ridi­cule ministre de l’Intérieur qui ne trouve que l’insulte envers la gauche comme argu­ment. D’ailleurs, plus les ministre du gou­ver­ne­ment passent sur les pla­teaux des édi­to­ria­listes pour­tant bien com­plai­sants, et plus l’opposition à la réforme grandit.

Car ils se trompent d’analyse : ils sont tel­le­ment per­sua­dés que leur réforme est bonne qu’ils pensent que les « gens » n’ont rien com­pris. Fidèles à la doxa macro­nienne qui consi­dère que le « peuple » est un peu bête sur les bords alors que l’« élite » au pou­voir tient la véri­té intan­gible, ils consi­dèrent que c’est un pro­blème de « pédagogie »…

Pen­ser ain­si, c’est plu­tôt don­ner l’image d’une « élite » bête et méchante et pas très bien éclai­rée ! Voir un Ministre du Tra­vail, M. Dus­sopt, bafouiller à en perdre son latin, ne sus­cite guère la confiance en ses pro­pos. Consta­ter l’absence dans le débat de la fameuse Mme Chiap­pa, si prompte à sai­sir chaque micro qui lui est ten­due pour défendre son ministre M. Dar­ma­nin, alors qu’elle est sous-ministre char­gée de l’égalité homme-femme et que les femmes seront les plus dure­ment tou­chées par cette réforme, est tout sim­ple­ment lamentable…

Bat­tu par la rue, inca­pable de convaincre la popu­la­tion, il ne reste à M. Macron que le pas­sage en force ins­ti­tu­tion­nel que lui per­met la consti­tu­tion de la 5e Répu­blique… L’objectif est donc bien de réduire le débat par­le­men­taire, de comp­ter sur les voix de la droite par­le­men­taire, voire espé­rer quelques défec­tions chez les socia­listes macron-compatibles…

DES DÉPUTéS QUELQUE PEU VASOUILLARDS…

Oui, mais… Si le gou­ver­ne­ment est bien au chaud dans ses minis­tères bun­ké­ri­sés, les député(e)s eux, sont à « por­tée de baffes » dans leur cir­cons­crip­tion. Devant l’opposition à la réforme qui s’élargit dans la popu­la­tion et est très trans­par­ti­sane, ils sont bien obli­gés de ren­con­trer leurs élec­teurs et ceux qu’ils pré­tendent repré­sen­ter à l’Assemblée natio­nale qui leur disent leur quatre véri­tés et pas tou­jours d’une manière très protocolaire !

Le double jour­nal unique EBRA, dans un article très inté­res­sant, à inter­ro­gé les dépu­tés alsa­ciens qui sont, à deux près (Emma­nuel Fer­nande de la France Insou­mise et San­dra Regol d’EELV) membres de la soi-disant « majo­ri­té » pré­si­den­tielle (en réa­li­té une mino­ri­té pré­si­den­tielle). Ils sont 11. Les macro­nistes purs et durs, font front en men­tant effron­té­ment à l’image d’une Bri­gitte Klin­kert que nous avons connue plus avi­sée et hon­nête par le pas­sé. Elle n’hésite pas à uti­li­ser le plus gros men­songe qui consiste à affir­mer que cette réforme va « péren­ni­ser le pacte de soli­da­ri­té entre générations ».

Pour­tant, aucune et aucun d’entre eux n’osent affir­mer qu’ils vote­ront ce pro­jet en l’état. Sans faire de pro­cès d’intention, nous ne pen­sons pas une seule seconde qu’ils ou elles ose­ront affir­mer une contra­dic­tion devant leur « chef » ! Ce qui fait de l’effet, c’est la pres­sion popu­laire et la peur de se mettre à dos une majo­ri­té de leurs élec­teurs. C’est bien la seule chose qui les inquiète. Car par le pas­sé ils et elles ont voté les pires des régres­sions sociales sans sour­ciller ! f

Par­mi les 13 dépu­tés alsa­ciens, seuls les deux de gauche ont expri­mé une posi­tion défi­ni­tive : ils vote­ront contre le pro­jet ! Les 11 autres sont évi­dem­ment prêts à le sou­te­nir, mais devant la pres­sion de l’opinion, ils ter­gi­versent, trouvent des cri­tiques, expriment des doutes vaseux…

Est-ce que les citoyens se lais­se­ront abu­ser par ces pré­cau­tions de lan­gage de ces ser­viles élus oppor­tu­nistes ? Rien n’est moins sûr…

Et qui peut pré­voir ce qui se pas­se­rait si, d’aventures, ils par­ti­cipent au pas­sage en force vou­lu par le gouvernement ?

7 ET 11 FÉVRIER : DES RENDEZ-VOUS DÉTERMINANTS !

On a donc bien com­pris : un des objec­tifs pour aller vers le retrait de ce pro­jet, se joue par la pres­sion que les citoyens peuvent exer­cer sur ces élus qui se veulent être les repré­sen­tants du peuple… et pas seule­ment de ceux qui les ont élus ! La concep­tion qu’en à M. Macron n’est pas celle-là : pour lui, ces élus sont des rouages de sa poli­tique qu’ils doivent défendre et voter sans sourciller !

Il semble que les syn­di­cats et les mou­ve­ments de la jeu­nesse l’aient bien com­pris : ils tentent de peser sur le débat par­le­men­taire en mobi­li­sant les citoyens fai­sant ain­si hon­neur à la vraie démo­cra­tie qui consiste à écou­ter le peuple.

Et ils prennent une déci­sion intel­li­gente en appe­lant à deux mani­fes­ta­tions la semaine pro­chaine, une en semaine pour per­mettre à ceux qui veulent et peuvent faire grève ; une autre le same­di pour élar­gir la par­ti­ci­pa­tion aux familles, à celles et ceux qui peuvent pro­fi­ter de cette jour­née non-tra­vaillée, de rejoindre les cor­tèges syndicaux.

Même si ces dates ne sont pas déci­sives, elles sont pour­tant déter­mi­nantes pour atteindre  ce qui appa­raît à pré­sent pos­sible, voire pro­bable : que le gou­ver­ne­ment retire son pro­jet de loi qui recueille un rejet popu­laire rare­ment connu.

Ci-des­sous le repor­tage pho­to­gra­phique de Mar­tin Wil­helm, sous la forme d’un pho­to­ra­ma et d’une galerie : 

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