Pho­to de Mar­tin Wilhelm

Près de 200 per­sonnes étaient ras­sem­blées à Plob­sheim, à une ving­taine de kilo­mètres de Stras­bourg, le ven­dre­di 17 sep­tembre, à l’appel du col­lec­tif « Le chau­dron des alter­na­tives », dans le cadre de la 4ème vague d’actions pour « agir contre la re-intoxi­ca­tion du monde”.

Elles pro­testent contre le pro­jet d’implantation de Mac­k­NeXT, un pro­jet de filiale mul­ti­mé­dia por­té par la famille Mack (déjà pro­prié­taire du parc d’at­trac­tion Euro­pa Park), sur quelques 3 hec­tares de terrain. 

Dès à pré­sent vali­dé par la com­mune de Plob­sheim, et l’Euro-métropole de Stras­bourg, la déci­sion a sus­ci­té incom­pré­hen­sion et colère des alter­nac­ti­vistes, ren­voyant les élus, dont notam­ment les éco­lo­gistes, à une mani­feste absence de cou­rage politique.

C’est qu’à leur arri­vée aux com­mandes de la muni­ci­pa­li­té et de l’agglomération en 2020, les élus éco­lo­gistes ont décla­ré Stras­bourg et son Euro-métro­pole en « Etat d’Urgence Cli­ma­tique », et annon­cés vou­loir faire de Stras­bourg « la capi­tale euro­péenne de la tran­si­tion éco­lo­gique, sociale et démo­cra­tique ».

Les mani­fes­tants voient ain­si un bou­le­vard s’ou­vrir devant la famille Mack en Alsace, afin de déve­lop­per ses acti­vi­tés. Outre la réa­li­sa­tion du pro­jet Mac­k­next à Plob­sheim au sein d’une zone humide du ried, et consa­cré au diver­tis­se­ment immer­sif, dans le domaine de la réa­li­té vir­tuelle et de l’animation 3D, le pro­mo­teur sou­haite aus­si ins­tal­ler son siège social fran­çais à proxi­mi­té d’Euro­pa-Park.

La zone d’im­plan­ta­tion était ini­tia­le­ment non construc­tible. Y serait donc auto­ri­sée la créa­tion d’un parc d’activité dans des zones iden­ti­fiés comme espaces et sites natu­rels sen­sibles à pré­ser­ver et à pro­té­ger. L’emprise du pro­jet se situe­ra sur des terres agri­coles culti­vées par­tiel­le­ment en ‘’bio’’, et de terres natu­relles classées.

Affiche du « chau­dron des alter­na­tives »

Le col­lec­tif s’op­pose fron­ta­le­ment à ce pro­jet parce qu’il menace de détruire la biodiversité.

Celui-ci menace d’emporter des zones humides indis­pen­sables aux équi­libres natu­rels, des cultures nour­ri­cières locales, impo­sant de fait à 4 agri­cul­teurs d’abandonner leurs terres. Il menace par ailleurs un cor­ri­dor éco­lo­gique voué au dépla­ce­ment d’es­pèces carac­té­ris­tiques, dont des chauves sou­ris, et 18 espèces d’oiseaux.

Il rap­pelle que des solu­tions alter­na­tives existent bien. 

Notam­ment un empla­ce­ment proche et dis­po­nible, déjà dédié aux acti­vi­tés éco­no­miques de pointe, au Parc d’innovation d’Illkirch, ce qui per­met­trait d’éviter une nou­velle consom­ma­tion de terres natu­relles et agricoles. 

Il dénonce ce qu’il qua­li­fie de « caprices de riches entre­pre­neurs » les choix for­mu­lés par Mack :

Selon l’en­tre­pre­neur alle­mand, «Le site doit offrir un envi­ron­ne­ment natu­rel et apai­sé pour favo­ri­ser la créa­ti­vi­té et se retrou­ver dans une «bulle» dans des condi­tions de tra­vail opti­males». Sans omettre que « le site de Plob­sheim en proxi­mi­té immé­diate avec le Golf du Kemp­fe­rhof, qui jouit d’une répu­ta­tion euro­péenne, répond à l’ensemble des cri­tères sou­hai­tés par les diri­geants » … ou encore … « Ici à Plob­sheim, cela sera un centre créa­tif pour tous. Avec le golf, c’est plus calme, plus ins­pi­rant et créatif ». 

Il rap­pelle que les voi­sins alle­mands du Bade Wur­tem­berg ne concèdent plus d’espaces à arti­fi­cia­li­ser au groupe Mack International. 

Il s’in­quiète enfin de ce que les pers­pec­tives de déve­lop­pe­ment des entre­pre­neurs d’Outre-Rhin visent à implan­ter à moyen terme une « Euro­pa Val­lée », un vaste pro­jet de com­plexe hôte­lier dont l’emprise serait cette fois de 150 à 250 hec­tares sur des terres non arti­fi­cia­li­sées entre les com­munes de Sund­house et Diebolsheim. 

L’idée d’un télé­phé­rique tra­ver­sant le Rhin pour rejoindre Euro­pa Park accom­pa­gnant éga­le­ment les pre­mières études.

Les mani­fes­tants évoquent un coup de canif exer­cé par la majo­ri­té éco­lo­giste de l’Eu­ro-métro­pole contre la confiance des élec­teurs qui l’ont sou­te­nue lors de la der­nière cam­pagne muni­ci­pale, et ont choi­si de voter contre des modèles éco­no­miques de pré­da­tion de nos espaces de vie et de bien être.

La mani­fes­ta­tion s’est ache­vée par des prise de paroles évo­quant le contexte et le dérou­lé de la mani­fes­ta­tion, par Eloi Navar­ro, Pas­cal Lacombe et Yeliz Gencer.

Enfin, Domi­nique Roth, psy­cho­logue cli­ni­cien, psy­cha­na­lyste et écri­vain, auteur d’un ouvrage inti­tu­lé ‘’Com­ment les élites récusent le réel’’ est venu pro­non­cer un dis­cours, dont on peut retrou­ver le texte ici.

Les mani­fes­tantes et mani­fes­tants se sont ensuite diri­gés vers le site d’implantation en dépo­sant par ci par là des : “per­mis de détruire” pour tour­ner en déri­sion les per­mis de construire déli­vrés par les élues et élus. 

Vous les trou­ve­rez ci-des­sous dans la gale­rie pho­to­gra­phique pro­po­sée par Mar­tin Wil­helm.

Enfin, notre col­la­bo­ra­teur Jean-Jacques Grei­ner a cap­té les décla­ra­tions d’a­vant et d’a­près manifestation :

Avant la manifestation 
Après la manifestation
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