Pho­to de Mar­tin Wilhelm

Dou­zième ité­ra­tion mul­hou­sienne des ras­sem­ble­ments contre le pass sani­taire et la sus­pen­sion des soi­gnants non-vac­ci­nés. Une mani­fes­ta­tion qui, pour comp­ter sans doute près de 1500 par­ti­ci­pants, connait cepen­dant une éro­sion lente au fil des der­nières semaines. 

Mul­house consti­tue tou­te­fois le cor­tège le plus déter­mi­né à per­du­rer en Alsace, si on devait le com­pa­rer à celui de Stras­bourg (1300 par­ti­ci­pants), et Col­mar (plus de 500 participants). 

Il semble que l’or­ga­ni­sa­tion se soit un peu plus ouverte aux dis­cours poli­ti­que­ment struc­tu­rés, por­tés par des mili­tants ou syn­di­ca­listes de la gauche radi­cale. Leur ban­de­role : « soi­gnants sus­pen­dus, hôpi­taux sacri­fiés, patients en dan­ger, stop au mas­sacre ! », ayant été accueillie avec satis­fac­tion et applau­dis­se­ments par de nom­breux manifestants.

Des mili­tants de la CGT san­té social étaient notam­ment pré­sents dans les rangs. Leur ban­de­role dénon­çait le « mana­ge­ment par le stress, la peur, le chan­tage ». Rap­pe­lant à la mémoire des néces­si­teux de l’ordo­li­bé­ra­lisme que « le patient n’est pas une mar­chan­dise, et l’hôpital n’est pas une entre­prise ».

Pre­mière appa­ri­tion, de mémoire mul­hou­sienne, de la part des « masques blancs ». Un groupe d’ac­ti­vistes qui mani­festent en mimant des gestes, au son hyp­no­ti­sant d’une bande sonore. Dont la pre­mière repré­sen­ta­tion est datée de février 2021 à Liège en Bel­gique, avant d’es­sai­mer dans toute l’Europe. 

En un pan­to­mime au rythme décom­po­sé, le groupe se met pro­gres­si­ve­ment en mou­ve­ment, au son d’une musique lugubre et de sinistres bruits de bottes.

Sur les pho­tos d’a­gence, on dis­tingue régu­liè­re­ment des mes­sages de type : « Les mesures sani­taires sont au des­sus de la Consti­tu­tion et au des­sus de la Décla­ra­tion des droits de l’homme », ou « la pen­sée indé­pen­dante est dan­ge­reuse, la pen­sée cri­tique est conspi­ra­tion­niste »

Au sein de la mani­fes­ta­tion mul­hou­sienne, on trou­vait des énon­cés impé­ra­tifs, ou des oukases, encore plus direc­tifs : « Le pass rend libre », « Sus­pens-toi », « Le contact humain tue », « Deviens ce que l’on veut »…

Autant d’an­ti­phrases, des­ti­nées à pro­vo­quer ou dénon­cer les attaques contre les liber­tés consti­tu­tion­nelles. Mais au delà des mesures poli­tiques, qui n’ont pas même de cohé­rence sani­taire, les acti­vistes déplorent sur­tout la confis­ca­tion du débat démocratique. 

Poin­tant le fait que l’assemblée natio­nale a été mise sur la touche, en tant que chambre d’en­re­gis­tre­ment, tout autant que des syn­di­cats et des repré­sen­ta­tions institutionnelles.

D’a­près nos confrères d’actu Occi­ta­nie, les ani­ma­teurs de ce col­lec­tif ne se réfèrent à aucune struc­ture poli­tique. Il s’agirait donc d’une ini­tia­tive citoyenne trans­par­ti­sane, dont les obser­va­teurs auraient tou­te­fois inté­rêt à suivre le devenir. 

Enfin, quelques pas­sions tristes se remar­quèrent dans les pro­tes­ta­tions de quelques mani­fes­tants soi­gnants, bor­dant leur mise en scène mor­tuaire de la réor­ches­tra­tion d’une sara­bande de Haen­del, thème musi­cal lent et solen­nel, dont le réa­li­sa­teur Stan­ley Kubrick s’é­tait ser­vi comme bande ori­gi­nale, pour illus­trer l’as­cen­sion et la fin tra­gique du per­son­nage de son long métrage, Bar­ry Lyn­don

Une mani­fes­ta­tion inter­syn­di­cale natio­nale à l’ap­pel de la CGT-FO–FSU–Solidaires–FIDL–MNL–UNEF–UNL, est pré­vue le 5 octobre. Mots d’ordre : les salaires, l’emploi, les condi­tions de tra­vail et d’études. A Mul­house, ce sera à 14h, Place de la Bourse. 

Les pho­tos sont de Mar­tin Wil­helm :

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