Avec près de 76% de la population ayant reçu au moins une dose de vaccin, les autorités politiques italiennes en profitent pour étendre l’applicabilité du passe sanitaire, l’une des plus strictes d’Europe, avec la France.
Déjà obligatoire pour les soignants et les enseignants, l’application du passe sanitaire sera rendu obligatoire par décret du président du conseil des ministres, Mario Draghi, à l’ensemble des salariés des secteurs publics et privés, soit près de 3,3 millions de travailleurs non encore vaccinés en Italie. 23 millions de salariés sont concernés au total.
Le dispositif juridique, sur lequel les syndicats de travailleurs et les organisations patronales se sont accordés, prévoit la suspension du contrat de travail si le salarié se retrouve incapable de produire une preuve de vaccination, un test PCR négatif ou un certificat de rémission au Covid-19, sur son lieu de travail.
Ces derniers jours des manifestations rassemblant des dizaines de milliers de personnes se sont multipliées à ce sujet au travers du pays, surtout dans le nord de la péninsule. Samedi, à Rome, des manifestants ont tenté de rompre un cordon de police devant les bureaux du président du Conseil.
Plus loin, un groupe a saccagé les bureaux de la Confédération générale italienne du travail (CGIL). La destruction a été attribuée à un groupuscule antifasciste. Des parlementaires de tous bords réclament ainsi sa dissolution.
Mais la tension pourrait encore monter d’un cran d’ici la date fatidique du 15 octobre, date de l’entrée en vigueur de l’obligation du passe sanitaire en milieu professionnel.
Ceux qui ne disposent pas du « green pass » (équivalent du passe sanitaire) avec un QR code ne pourront pas travailler et leur absence sera considérée comme injustifiée.
A noter que les autorités pénalisent doublement les personnels de mauvaise foi. Le contrôle appartient à l’employeur (sous peine d’une astreinte allant de 400 à 1 000 euros), et la sanction prévue pour le salarié qui entre dans l’entreprise sans se déclarer varie de 600 à 1 500 euros. En outre, aucune cotisation ne sera versée, ni aucun congé ne pourra être accumulé durant la suspension. Il n’y a en revanche pas de sanctions disciplinaires pour ceux qui déclarent spontanément ne pas disposer de passe.
De nombreux points restent toutefois à clarifier. Certains redoutant que le nombre de tests explosera, rendant impossible de les fournir en quantité adéquate. Par ailleurs, les modalités de contrôle ne sont pas clairement déterminés.
Le ministère de la Santé devant encore mettre à disposition des employeurs une application permettant « une vérification quotidienne et automatisée de la possession de certifications valides du personnel actuellement en service, dont l’accès au poste de travail est prévu ».
Le décret instituant l’obligation est prévu au moins jusqu’au 31 décembre 2021, et pourra être transformé en loi par le Parlement.
Toutes les personnes entrant sur le lieu de travail, et pas seulement les employés doivent être contrôlés. Notamment les transporteurs. De même, les familles devront veiller à contrôler leur personnel de maison. Enfin, un entrepreneur devra vérifier le passe de ses salariés lorsqu’ils effectuent des travaux dans des habitations.
Outre ces dispositions, les autres règles prévues par les protocoles d’entreprise pour garantir la santé et la sécurité des travailleurs ne changent pas. Notamment la distance interpersonnelle et l’obligation de porter un masque.