Une petite cen­taine de mani­fes­tants ont arpen­té les rues de Gueb­willer en cet enso­leillé ven­dre­di d’automne. Heu­reux mariage en blanc et en jaune, avec quelques teintes de rouge… Les cou­leurs étaient printanières…

La CGT et les Gilets jaunes appe­laient à expri­mer leur colère et leur oppo­si­tion entre autres à pro­pos de l’obligation vac­ci­nale et l’imposition du passe-sanitaire.

Des soi­gnants des hôpi­taux et des Ehpad étaient pré­sents recon­nais­sables à leurs blouses blanches sur les­quelles ont pou­vait lire leurs reven­di­ca­tions (voir les pho­tos de Mar­tin Wil­helm). Les Gilets jaunes ne pas­saient pas inaper­çus avec leurs cha­subles, elles aus­si por­teuses de mes­sages par­fois bien sen­tis à l’égard du pré­sident de la Répu­blique. Autre pré­sence remar­quée : celle de la CGT des usines Peu­geot avec tenue rouge de rigueur…

Cette asso­cia­tion de deux orga­ni­sa­tions qui ne nient pas leurs dif­fé­rences est tota­le­ment assu­mée par Guillaume Rai­mon­di, lui-même infir­mier à l’hôpital de Gueb­willer et sus­pen­du pour cause de non-vac­ci­na­tion. Le son est faible durant les pre­mières secondes.

Par­tant du Parc de la Mar­seillaise, enca­drés par la police muni­ci­pale plu­tôt bonne enfant, s’est diri­gée vers le centre de la capi­tale du Flo­ri­val, croi­sant de nom­breux badauds et ache­teurs du cru puisque c’était jour de mar­ché. L’accueil par la popu­la­tion fut des plus cor­diaux et on sen­tait une vraie com­pré­hen­sion à l’égard des soi­gnants dont la plu­part sont sus­pen­dus, ne touchent pas un sou puisqu’ils ne peuvent s’inscrire au chô­mage, leur sta­tut dans la fonc­tion publique leur inter­di­sant même les « petits bou­lots » pour survivre.

Comme nous l’a dit une infir­mière, la vie est dure et nombre de soi­gnants qui se sont fait vac­ci­nés l’ont fait sous la contrainte.

Arri­vés devant l’Hôtel de ville, les mani­fes­tants s’arrêtèrent pour écou­ter les inter­ven­tions des orga­ni­sa­teurs et des témoi­gnages de soignants.

Elio, pour les Gilets jaunes dénon­ça ver­te­ment la poli­tique gou­ver­ne­men­tale, fus­ti­geant M. Macron, et appor­ta le sou­tien aux soi­gnants en dénon­çant la mise à l’écart de mil­liers de per­sonnes dans un sec­teur, la san­té, pour­tant lour­de­ment vic­time des poli­tiques des gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs liqui­dant le ser­vice public de l’hôpital et conti­nuant de sup­pri­mer des lits dans les éta­blis­se­ments y com­pris pen­dant toute la durée de la pan­dé­mie. Il appe­la éga­le­ment à sou­te­nir finan­ciè­re­ment les per­son­nels sus­pen­dus. Élar­gis­sant son pro­pos, il ne man­qua pas de dénon­cer la baisse du pou­voir d’achat et les hausses ver­ti­gi­neuses du coût de la vie, par­ti­cu­liè­re­ment le carburant.

Des cris « Reve­nons aux ronds-points » jaillis­saient de la foule, visi­ble­ment l’envie de réité­rer le mou­ve­ment de 2018 est omni­pré­sent chez les Gilets jaunes.

La CGT por­tait une ban­de­role sur laquelle figu­rait une pho­to d’Ambroise Croi­sat et un texte résu­mant sa concep­tion de la san­té telle que la Sécu­ri­té Sociale la conce­vait lors de sa création.

Le repré­sen­tant du syn­di­cat ne man­qua pas de rap­pe­ler les ori­gines de la Sécu­ri­té Sociale et à quel point ses valeurs sont aujourd’hui pié­ti­nées par le gou­ver­ne­ment. La CGT voit dans les attaques que subissent les soi­gnants et leurs hôpi­taux, une volon­té de pri­va­ti­sa­tion du sys­tème de san­té qui met­tra irré­mé­dia­ble­ment le droit à se soi­gner en question.

Guillaume Rai­mon­di fit éga­le­ment l’historique des inco­hé­rences de la ges­tion de la pan­dé­mie à ses débuts : per­son­nel pri­vé de masques (pour­tant dis­po­nibles à l’hôpital de Gueb­willer !), ne dis­po­sant pas de moyens suf­fi­sants pour com­battre le Covid, étant en pre­mière ligne de la conta­mi­na­tion par un afflux inces­sant de malades car ne dis­po­sant pas des pro­tec­tions nécessaires…

Et ce sont ces mêmes per­son­nels qui sont aujourd’hui accu­sés de vou­loir faire mou­rir des malades si elles refusent de se vac­ci­ner… ce qui est pour­tant le droit de chaque citoyen en dehors de l’hôpital !

Il rap­pelle qu’à Gueb­willer, il a pu consta­ter des réac­tions néga­tives au vac­cin chez des jeunes per­sonnes sous forme de troubles car­diaques, ce qui est raris­sime d’ordinaire chez cette classe d’âge.

Divers témoi­gnages font part du malaise et du mal-être qui frappe le per­son­nel de san­té. Mais éga­le­ment la détresse pour ceux qui n’ont plus aucun reve­nu et ne peuvent espé­rer qu’en la soli­da­ri­té pour vivre. Une asso­cia­tion, Urgence soli­daire des soi­gnants sacri­fiés de Col­mar (USSSC) étaient pré­sentes et récol­taient de l’argent pour ali­men­ter la cagnotte des­ti­née à la soli­da­ri­té avec les soi­gnants sanctionnés.

Ce qui émane de cette mani­fes­ta­tion, c’est que les soi­gnants réfrac­taires soit au passe, soit au vac­cin, ont un dis­cours qui se tient. On n’a certes tout loi­sir de ne pas le par­ta­ger en par­tie ou tota­le­ment, mais rien ne jus­ti­fie de stig­ma­ti­ser ces per­sonnes qui expliquent que leur tâche ne relève pas d’un « métier » mais d’une « mis­sion », celle de soigner. 

Les accu­sa­tions mal­saines que leur adresse à lon­gueur de jour­nées les médias domi­nants conduisent plus à mettre en oppo­si­tion les per­son­nels et à frag­men­ter encore plus la socié­té… Mais cela est peut-être le but recher­ché… Serait-ce une manière de pré­pa­rer les élec­tions présidentielles ?

Retrou­vez ci-des­sous la gale­rie pho­to­gra­phique rela­tive à la mani­fes­ta­tion, par Mar­tin Wil­helm :

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