La question est depuis des mois au centre des préoccupations des Français, elle a marqué les élections présidentielles et législatives au point que tous les candidates et candidats devaient en parler et proposer des mesures.
Le pouvoir d’achat était un sujet central bien avant la guerre en Ukraine. Mettre les hausses des prix et la progression de l’inflation uniquement sur le dos de Poutine est l’arbre qui cache à forêt : nous sommes en réalité devant les effets de la politique ultralibérale menée par les gouvernements occidentaux dont Macron est un des avatars.
Les économistes honnêtes savaient que le « quoi qu’il en coûte » (en œuvre dans toute l’Europe) se traduirait tôt ou tard par une facture. On ne peut pas asséner pendant des années aux Français le « poids de la dette » pour justifier les politiques de régression sociale (suppression du secteur public, liquidation de l’hôpital public, gains fiscaux faramineux aux plus riches…) et leur faire croire aujourd’hui qu’une distribution de milliards aux frais d’une augmentation de la dette, soit indolore…
En réalité, l’inflation est une politique sciemment menée pour amoindrir le montant de la dette en dévalorisant la monnaie. Et c’est ainsi qu’on fait payer aux salariés, retraités, chômeurs, les dépenses qui sont allées, prioritairement, vers l’économie et singulièrement vers les plus grandes entreprises.
Qui affichent des résultats et bénéfices indécents… Comme quoi la crise enrichit… quelques-uns et comme par hasard, les plus riches exclusivement ;
DES PROFITS RECORDS… PROFITEURS DE GUERRE ?
Les dividendes distribués en 2022 cavalent vers les sommets : 57 milliards d’euros, contre une moyenne de 40 milliards d’euros depuis 2006. Les bénéfices enregistrés en 2021 atteignent u montant record de 160 milliards d’euros. Plusieurs sociétés du CAC 40 ont connu, en 2021, l’année la plus faste depuis leur création : Airbus, le sidérurgiste ArcelorMittal, des banques comme la BNP Paribas, le Crédit Agricole ou la Société Générale ou encore le géant du luxe LVMH. L’armateur français CMA CGM continue de présenter des résultats financiers exceptionnels, à la faveur des tensions du transport maritime. Au premier trimestre 2022, le groupe a réalisé 7,2 milliards de dollars de bénéfices, un chiffre en augmentation de près de 243% !
Profitant de l’envolée des prix du gaz sur le marché mondial au second semestre 2021 et de la demande, Total Energie, deuxième producteur mondial de gaz naturel liquéfié affiche sur l’exercice 2021 un bénéfice net de 16 milliards de dollars (13,6 milliards d’euros) pour un chiffre d’affaires de 205,9 milliards de dollars. Des résultats records qui ont enrichi uniquement et exclusivement les actionnaires : les versements aux investisseurs ont augmenté de 11 % pour atteindre 302,5 milliards de dollars sur les trois premiers mois de l’année, un record pour cette période « traditionnellement plus calme », selon un rapport du gestionnaire d’actifs Janus Henderson.
Conclusion : la crise enrichit… les plus riches !
ET LES SALAIRES ALORS ? …
Les négociations de salaire de branche pour 2022 se sont jusqu’ici généralement conclues par des hausses de salaire se situant autour de 3% alors qu’elles étaient plus proches de 1% ces dernières années. L’inflation, plus soutenue depuis fin 2021, et les hausses récentes du SMIC contribuent à cette croissance plus dynamique des salaires négociés.
Depuis la fin de l’année 2021, l’inflation connaît un regain en France : selon l’indice européen harmonisé, elle a atteint 5,4% en avril 2022 alors qu’à la même période en 2021 elle était proche de 1%.
L’augmentation des prix devrait approcher la barre des 7 % en septembre. Elle resterait ensuite comprise entre 6,5 % et 7 % d’ici à la fin d’année, selon les prévisions de l’Insee présentées mi-juin. Encore faut-il prendre en considération que ce chiffre est une moyenne et que certaines hausses de prix frappent plus durement les plus démunis. Le coût du transport et de l’alimentation sont, par exemple, au-dessus des chiffres de l’indice.
Ainsi, le prix du litre de diesel a bondi de… 51% en un an (de 1,41 en juin 2021 à 2,13 en juin 2022) ! Dans le secteur de l’alimentation, les industriels de l’agroalimentaire facturent les huiles et graisses 53% plus chères qu’en 2021. Le coût des farines pour les distributeurs a bondi de 28%, et celui des pâtes de 19%.
Cette hausse n’est pas près de s’arrêter selon Allianz Trade, puisque les distributeurs, sortis de deux années de pandémie « très profitables à leur chiffre d’affaires comme à leur bénéfice », n’ont pas besoin de maintenir coûte que coûte leurs volumes de vente en abaissant les prix.
En clair, même M. Macron ne peut plus ignorer que si cela continue, on peut imaginer des émeutes de la faim dans la 6e puissance économique mondiale.
LA VRAIE SOLUTION : AUGMENTER LES SALAIRES, PENSIONS ET RETRAITES
Comme nous le constatons à la lecture de ce qui précède, le problème du pouvoir d’achat est, avant tout, une question de redistribution de la richesse créée : on constate une chute de la part de la valeur ajoutée dévolue aux salaires, passant de 73 points en 1980 à 65 aujourd’hui. Très concrètement, cela signifie que les richesses produites rémunèrent bien plus le capital depuis une trentaine d’années qu’auparavant et que la part rémunérant le travail a chuté puis stagné.
On peut tourner l’affaire comme on veut : un vrai traitement de la question du pouvoir d’achat ne peut passer que par, et exclusivement, une augmentation générale des salaires et pas uniquement du SMIC. Or, depuis 30 ans, les gouvernements successifs ont tout fait pour limiter les augmentations de salaire pour faire plaisir au patronat, privilégiant ainsi la rentabilité du capital. Cette limitation des salaires, la précarisation des revenus, a eu des effets sur l’ensemble de la vie : moins de salaires signifient moins de moyens pour la protection sociale et donc des déficits plus importants de la Sécurité sociale, déficits compensés, en partie, par la fiscalité…
Il faut cesser cet engrenage mortifère pour toute la société française et son système de solidarité. Pourtant, M. Macron ne veut pas modifier ce dogme comme le montre les mesures envisagées dans la « loi pouvoir d’achat » qui devrait, enfin, être présenté à l’Assemblée nationale début juillet.
DES MESURES ENTÉRINANT LA BAISSE DU POUVOIR D’ACHAT AVEC UN CYNISME
Fidèle à ses options très libérales, le gouvernement Borne ne veut pas impulser une politique salariale pour donner du pouvoir d’achat aux ménages. Il veut continuer, comme toujours, à « jouer » sur des artifices pour noyer le poisson.
Cyniquement, il veut faire du pouvoir d’achat une affaire politique de confrontation avec l’Assemblée nationale dans laquelle il a perdu la majorité absolue. Il compte sur le fait que la question du pouvoir d’achat étant tellement prégnante dans l’opinion publique, que les députés de tout bord devraient avaliser le projet au risque d’apparaître impopulaire auprès de la population en cas d’opposition.
Et pourtant, espérons que ce projet de loi démontrera qui sont les vrais opposants à la politique ultralibérale de la droite dans ce pays : car de LREM au RN en passant par les Républicains, tous sont d’accord pour ne pas toucher aux salaires, mais distribuer du pouvoir d’achat en réduisant le montant des cotisations sociales, en imposant du travail supplémentaire…
Aucun de ces partis ne pousse à l’augmentation des salaires ou alors du bout des lèvres, pour la galerie, en somme. Ce sera donc, une fois encore, le budget de l’État et des organismes sociaux qui seront mis à contribution, quitte à aggraver leur déficit… dont l’apurement sera demandé, le moment venu… aux salariés ! Qui devront donc donner de la main gauche ce qu’ils ont reçu de la main droite !
Rien n’est réclamé aux actionnaires ruisselant sous la poudre d’or des dividendes.
DES MESURES POUDRE AUX YEUX
Comme d’habitude, les détails du projet de loi sont annoncés par les médias avant que les députés n’en aient pris connaissance ! Pour préparer l’opinion, dans le cadre de la cynique campagne pour faire avaler la couleuvre ?
Au 1er juillet, les prestations sociales seront augmentées de 4 %, pour un coût de 6,5 milliards d’euros sur 2022. Ce sont les pensions du régime de base qui représentent l’essentiel de cette mesure – 5 milliards.
Viennent ensuite les prestations versées par la Caisse d’allocations familiales (CAF) comme le RSA, la prime d’activité et les allocations familiales, mais aussi l’allocation adulte handicapé ou les minima sociaux versés par Pôle emploi. On profitera de l’occasion pour faire passer l’obligation d’une activité pour ceux ou celles qui sont aux RSA… Évidemment, sans débat sur cette mesure indigne et dégradante…
Le projet de loi prévoit la mise en place d’un « chèque alimentation », d’un montant de 100 euros, augmentés de 50 euros par enfant, qui devraient être versés à 9 millions de foyers. Mais cette mesure ne rendra pas l’augmentation du pouvoir d’achat pérenne…
Pour la première fois depuis 2012, le point d’indice des fonctionnaires ce point sera « dégelé » et revalorisé au 1er juillet, de 3,5 %. En année pleine, le montant de cette augmentation est de 7,5 milliards d’euros.
Le gouvernement ne s’est donc pas privé de jouer la partition de sa générosité apparente à coups de « milliards d’euros » et de « première fois depuis longtemps ». Cela a notamment été le cas concernant le point d’indice des fonctionnaires.
La hausse moyenne sur l’année, seule donnée pertinente si l’on veut la comparer à l’inflation moyenne, ne sera donc que de la moitié de la hausse annoncée, soit 1,75 %.
LES RETRAITES QUI ONT SI BIEN VOTES : LES DINDONS DE LA FARCE ?
Entre janvier et juillet, les retraités ont perdu du pouvoir d’achat, et chaque mois un peu plus : 1,8 point en janvier, 2,3 points en février, 3,4 points en mars… jusqu’à 4,8 points en juin. Cette différence ne sera pas récupérée. La hausse promise pour juillet vient simplement réduire la perte sur la seconde partie de l’année, alors que l’inflation sur un an va dépasser les 6 % en juillet, et atteindre 6,8 % en décembre.
Il semble donc malhonnête (et mathématiquement osé) de simplement additionner les pourcentages de hausse de 1,1 % et de 4 % pour conclure à une hausse des retraites de 5,1 %. C’est notamment nier la perte de pouvoir d’achat du premier semestre. La vraie hausse des pensions est plutôt de 3,12 % en moyenne sur l’année. Soit une perte sèche de 1,88 point de pouvoir d’achat. Là encore, on est au-dessus de la moyenne des pertes attendues par l’Insee pour l’ensemble des Français.
Résumons-nous sur l’ensemble des mesures qui seraient proposées : TOUTES entérinent la baisse du pouvoir d’achat, car elles ne comblent pas les pertes dues à l’inflation.
La gauche ne peut évidemment pas voter ce train de mesures, et elle sera vilipendée dans les médias officiels qui lui reprocheront de ne pas agir pour améliorer la vie des citoyens… même si le projet de loi fait exactement le contraire !
La NUPES fera des propositions totalement opposées à celles du gouvernement : le blocage des prix, l’augmentation des salaires, une revalorisation des salaires dans les secteurs les plus exposés avec une grille rehaussée, l’égalité des traitements hommes-femmes, le retour de l’indexation des salaires sur les prix… A coup d’amendements, le débat va être vif et houleux… là où les « observateurs » considèrent que cette thématique nécessiterait un « consensus » !
Peu importe la déferlante médiatique des toutologues toujours au service du pouvoir : le vrai arbitrage se fera dans les entreprises dans lesquelles les luttes pour l’augmentation des salaires se répandent comme une traînée de poudre…
LA MANŒUVRE DE LA REDEVANCE TV
La semaine dernière, les personnels de la télévision et de la radio publique étaient fortement mobilisés, Radio France était complètement à l’arrêt. La raison de cette mobilisation : le gouvernement prétend rendre du pouvoir d’achat à la population en supprimant la redevance audiovisuelle.
Cela ferait 138 euros que les ménages n’auront pas à dépenser ! Toujours la même méthode : donner l’impression d’améliorer le PA en supprimant des contributions qui ont pourtant leur sens.
Car si on supprime cette redevance, comment l’audiovisuel public pourra-t-il continuer à assumer sa mission ?
Cette taxe doit rapporter cette année 3,2 milliards d’euros nets, mais 3,8 milliards seront versés à l’audiovisuel public, l’État apportant 600 millions d’euros pour compenser le non-paiement de la redevance par les ménages aux revenus les plus faibles.
Comment trouver 3,2 milliards d’euros ? Deux manières possibles :
- Par le budget de l’État, donc nos impôts
- Par la réduction des moyens donnés à l’audiovisuel public, ce qui entraînera irrémédiablement un affaiblissement des chaînes, voire la suppression de certaines d’entre elles, et une baisse de niveau des productions.
On le voit, il s’agit là aussi d’une entourloupe, un billard à trois bandes : cela fait longtemps que l’existence d’un service public de l’audiovisuel, pourtant très « voix de la présidence » est une épine dans le pied du président qui voudrait tellement aidé ses amis du privé gagner encore plus de téléspectateurs et d’auditeurs pour faire encore plus de publicité… qui nous emm… quand elle coupe régulièrement les programmes.
Inflation : les grèves pour des hausses de salaire se multiplient en Europe
Du ciel au rail, en passant par les stations-service, l’économie européenne est traversée par une vague de grèves en vue d’obtenir des hausses de salaire.
Les grèves se multiplient à travers l’Europe. Avec une revendication unanime chez les syndicats : des hausses de salaire dans un contexte de flambée inflationniste et de hausse du coût de la vie. La situation est particulièrement spectaculaire au Royaume-Uni, qui vient de connaître la plus grosse grève du rail en trente ans. Outre-Manche, d’autres débrayages sont prévus ou évoqués chez le personnel aéroportuaire, les avocats, mais aussi les enseignants, les postiers ou dans la santé.
Le transport aérien est particulièrement concerné par les grèves. Dans les compagnies aériennes comme Ryanair, Brussels Airlines ou EasyJet, plusieurs appels à la grève ont été lancés en ce début d’été en Espagne, en Italie et au Portugal. L’aéroport Bruxelles-Zaventem a été forcé d’annuler tous ses vols en début de semaine à la suite d’une mobilisation nationale des syndicats belges. En Allemagne, la puissante organisation IG Metal se lance dans une mobilisation depuis début juin pour l’ouverture de négociations salariales.
La France est aussi concernée par ces revendications. Toutes les industries sont ponctuellement touchées par des grèves aussi bien à la SNCF, dont les syndicats préparent une grève nationale le 6 juillet, qu’à la RATP ou chez TotalEnergies ce vendredi. L’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle a déjà connu des grèves le 9 juin dernier ou les magasins Marionnaud le 24 mai.
En Alsace, cela fait des mois, depuis janvier, que des conflits éclatent pour exiger des hausses de salaire. A l’Euroairport, les salariés de Sasca se sont mis en grève, tout comme ceux des Papillons blancs, les éboueurs strasbourgeois se disent prêts au conflit…
Comme l’ont montré les salariés de Kronenbourg et de Würth, qui ont obtenu des augmentations significatives de salaires après des mouvements de grève, un nombre conséquent des salariés ne se contentera pas des miettes que veut leur servir M. Macron : c’est ceux-là qui attendent que la gauche s’affirme dans cette nouvelle assemblée.
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