Crédit photos : Martin Wilhelm
Poil à gratter particulièrement urticant au gout de Michèle Lutz, maire de Mulhouse (en raison des tambourins et trompettes entonnant leur envie d’être enfin entendues), une quarantaine d’agents techniques spécialisés des écoles maternelles (ATSEM), sur 175 personnels toutes catégories confondues, ont cessé hier le travail, et se sont réunies devant l’entrée A de la mairie, ainsi qu’elles procèdent lors de leurs manifestations.
Dans un des tracts de la CGT Territoriaux – Ville de Mulhouse, on peut d’ailleurs lire que « S’organiser, y associer les habitants et usagers, défendre le droit de manifester en faisant du bruit n’est en AUCUN CAS un manque de respect ». Par référence au propos du maire, particulièrement « vénère » (ce fut son expression) en raison du brouhaha causé par le personnel territorial lors de ces dernières semaines de grève, avait cru devoir leur préciser lorsqu’elle a reçu (à reculons) les agents en mairie, fin septembre 2022.
La première magistrate ayant cette fois choisi de les éviter (on l’a vue quitter les lieux au moment ou le rassemblement se constituait), les 40 grévistes et quelques parents d’élèves ont dû échanger avec Chantal Risser, adjointe déléguée à l’éducation.
En réponses aux demandes des grévistes, la municipalité annonce 15 recrutements (alors que la CGT annonce une vacance d’au moins 40 personnes) devant le questionnement de parents d’élèves inquiets, mais Chantal Risser n’en connait pas le calendrier exact.
Se pose en outre le problème de leur reconnaissance matérielle et des conditions d’accès à l’emploi d’ATSEM (le CAP petite enfance est requis, outre le concours), et le devenir des personnels précaires.
L’élue semble se défausser par ailleurs derrière les règlements de la fonction publique, afin de justifier l’impossibilité de titulariser les précaires. Enfin, le principe d’une ATSEM par classe est impossible à tenir en raison des restrictions budgétaires.
Tentative de diversion ? Chantal Risser blâmera une forme d’inertie de l’Éducation nationale face aux conséquences et aux difficultés liées au principe de l’école inclusive (enfants à besoin particulier), et au personnel AESH, insuffisamment formé, et souvent confondu avec les ATSEM. Elle se dit toutefois ouverte à « des solutions communes », impliquant l’ensemble des institutions engagées dans les actions éducatives et sociales.
Pour autant, l’échange restera informel et assez glacial. Il a eu lieu au dehors de l’enceinte municipale. Ce que Loïc Minéry, élu d’opposition présent sur place, fait remarquer, en suggérant à l’adjointe de recherche une salle à l’intérieur. Celle-ci fait mine de plaider son caractère impossible, puis disparait un moment avant de revenir bredouille…
Il reste que la confrontation entre des logiques sociales défendues par des salariées qui se sentent maltraitées (et méprisées, notamment par la maire en personne) et des logiques budgétaires tenues jusqu’à l’absurde par les élus de la droite républicaine, vaut d’être entendu par le détail, ci-dessous.
Martin Wilhelm, notre photographe, se trouvait en effet parmi les manifestantes, et a pu capturer tout ou partie des échanges.