Crédit photo : Martin Wilhelm
Alors qu’un comité sociale d’entreprise (CSE) extraordinaire se tenait par ailleurs, les syndicats CGT et CFTC de l’hypermarché Auchan de Mulhouse-Bourtzwiller (officiellement fermé pour « inventaire », conviaient leurs soutiens à une manifestation de solidarité au sein de la galerie commerciale, ce mercredi 11 janvier.
Une centaine de personnes s’y retrouveront. Dont de nombreux porteurs de chasubles rouges et bleues, aux couleurs respectives de la CGT et de la CFTC, les syndicats maison.
Passé une bonne heure d’échanges informels, au cours de laquelle tous les médias locaux auront dépêché un correspondant, et où se distinguaient seulement deux élus locaux (Loïc Minery et Joseph Simeoni du groupe d’opposition municipale « Cause commune »), une première information survint par la bouche d’un délégué syndical.
« Le groupe a décidé de fermer définitivement le magasin, c’est ce qu’on nous a transmis ». Micros, appareils photos et caméra s’agglutinent alors devant le délégué à la chasuble rouge. Après quelques secondes de détails fournis à la presse par le délégué, une salariée hurle de désespoir un peu plus loin, et se voit entourée par ses collègues en pleurs.
Quelques minutes plus tard, selon une source syndicale, le groupe Auchan Retail confirmera officiellement la nouvelle par la voie d’un communiqué de presse apparemment inaccessible, puisque la « newsroom » de leur site n’a pas été mis à jour depuis octobre 2022.
Justifiant sa décision par le fait que le magasin perdrait entre 500 000 à 1 000 000 d’euros par an depuis quelques années.
Plus de 120 postes de travail sont directement impactés par la fermeture de la grande surface, ouverte depuis 27 ans et ayant changé d’enseigne à quatre reprises : Mammouth de 1996 à 1998, Auchan de 1998 à 2010, Prixbas de 2010 à 2015 puis Auchan-Schiever (locataire-gérant) de 2015 à 2023.
La moyenne d’âge étant assez élevée puisqu’elle dépasse les 50 ans, le personnel aura sans doute des difficultés à se former vers d’autres carrières professionnelles.
Tenu à une obligation de reclassement, le groupe promet de proposer de la mobilité interne assortie de primes, aux salariés qui comptent intégrer un autre magasin de l’enseigne dans le cadre de négociations avec les instances représentatives du personnel.
Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) sera ouvert à partir du 18 janvier. Selon un délégué syndical, des menaces ont été formulées aux salariés si des résistances perduraient.
Production vidéo : Max-Emilien Silva
Enfin, l’invraisemblable atonie de la mairie de Mulhouse, longtemps dénoncée par les personnels, semble avoir eu quelques échos. Les délégués syndicaux et représentants du personnel devraient être finalement reçus en mairie de Mulhouse le 16 janvier.
La faiblesse et le peu d’empressement de la municipalité à prendre une initiative face à une crise économique et sociale de cette importance laissant pantois nombre de personnes réunies lors de la manifestation.
Seul le groupe d’opposition « Cause commune » sauve l’honneur des politiques en l’espèce.
Son communiqué de presse y évoque un « gâchis » et une « casse sociale », et manifeste sa solidarité envers les 124 salariés concernés. Il dénonce par ailleurs le délaissement social d’un personnel placé sous la coupe d’une famille milliardaire, et rappelle que la friche, que le site va immanquablement devenir, présage un renforcement de l’enclavement du quartier de Bourtzwiller…
Regrettant en outre « l’absence d’anticipation et de réaction de la ville de Mulhouse. Où était l’adjoint au commerce ? Que fait la maire de Mulhouse ? »
Communique-Auchan-fermeture-11.01D’après les personnels et représentants du personnel, deux ou trois repreneurs hypothétiques ont visité les lieux. Dont la chaine de consommation par adhésion « Costco », déjà citée dans quelques rumeurs circulant ces derniers jours.
Mais l’enseigne américaine aurait renoncé devant l’ampleur des travaux à mener, le groupe stockant ses produits sur des hauteurs supérieures à celles mises en oeuvre dans l’actuel magasin.
Les travaux de réfection et de mise aux normes s’élèveraient à au moins 5 millions d’euros, selon des représentants syndicaux.
Dans le cadre de son obligation de reclassement, le groupe s’engage à soutenir la mobilité interne, en l’assortissant de primes pour les salariés ouverts à un transfèrement vers un autre centre commercial de l’enseigne, en fonction notamment des négociations avec les représentants du personnel.
Les photographies de Martin Wilhelm



