Concert de cas­se­roles et de tam­bou­rins le same­di 14 jan­vier devant la mai­rie de Wihr-au-val, vil­lage buco­lique situé à 15 km de Col­mar. Les habi­tants y pro­tes­taient contre un pro­jet d’urbanisation de 5 hec­tares sur des terres vouées aux jar­dins et aux prés, au sein du vil­lage.

Le lieu-dit « Gaer­ten », espace de pro­me­nade pour les habi­tants, devrait se trans­for­mer en une zone de 120 loge­ments selon le col­lec­tif d’opposants « Terres durables », pour lequel le pro­jet consti­tue un modèle de déve­lop­pe­ment épui­sé à l’heure de l’urgence cli­ma­tique, alors même que les pou­voirs publics pro­meuvent une « zéro arti­fi­cia­li­sa­tion nette » (ZAN), dont les por­teurs du pro­jet s’affranchiraient.

En plus des pro­blèmes d’eau, de tra­fic rou­tier, d’é­ta­le­ment du bâti, de la mono­po­li­sa­tion des res­sources au détri­ment de la réha­bi­li­ta­tion de l’exis­tant, la réa­li­sa­tion du lotis­se­ment arti­fi­cia­li­se­rait en espace natu­rel, de vie et de jar­dins remar­quables, selon lui.

On dénom­bre­rait 29 espèces ani­males pro­té­gées sur le site, lequel est par­tiel­le­ment consti­tué de zones humides.

De sorte que le pro­jet de lotis­se­ment dans une zone ins­crit au PLU de 2017 n’est aujourd’­hui plus accep­table, au nom de l’ap­pau­vris­se­ment ver­ti­gi­neux de la bio­di­ver­si­té et des pro­blèmes envi­ron­ne­men­taux tels le réchauf­fe­ment cli­ma­tique, les­quels inter­rogent sur notre modèle de civi­li­sa­tion et la manière de vivre et d’a­bor­der un futur durable. 

Le col­lec­tif pro­pose que les « dents creuses », men­tion­nées au plan local d’urbanisme (PLU), c’est à dire une sur­face équi­va­lente construc­tible répar­tie dans tout le vil­lage, soit mise en oeuvre à la place du pro­jet pré­vu au « Gaer­ten », moyen­nant un remem­bre­ment des terrains.

Il sug­gère en outre la construc­tion d’un immeuble pour per­sonnes âgées, étant don­né le nombre de loge­ments occu­pés par les per­sonnes seules qui pour­raient être mieux prises en charge dans le cadre d’un habi­tat collectif. 

Le col­lec­tif, s’a­dres­sant tout à la fois au maire, Gabriel Bur­gard (UDI), et à Louis Lau­gier, Pré­fet du Haut-Rhin, réclame un arrêt immé­diat du pro­jet de lotissement. 

Une péti­tion consti­tuée pour l’occasion a déjà recueilli 800 signa­tures d’habitants, dans un vil­lage qui en compte 1200.

Pour le maire, ces ter­rains étaient déjà « urba­ni­sables » dans le pré­cé­dent POS (plan d’occupation des sols), sans que cela ne sus­cite d’opposition citoyenne.

Le col­lec­tif soup­çonne en outre la muni­ci­pa­li­té de se pré­ci­pi­ter dans ce pro­jet afin d’anticiper les effets de la révi­sion iné­luc­table du SCOT (sché­ma de cohé­rence ter­ri­to­riale) Col­mar-Rhin-Vosges, lequel entrai­ne­ra une révi­sion du PLU, du fait de l’ap­pli­ca­tion de la loi « cli­mat et rési­lience », issue pour l’es­sen­tiel du tra­vail de la Conven­tion citoyenne pour le cli­mat.

L’ob­jec­tif de l’exé­cu­tif muni­ci­pal étant mani­fes­te­ment d’at­ti­rer dura­ble­ment les urbains fuyant la ville, phé­no­mène mani­feste lors du confi­ne­ment, alors que la demande n’est plus sou­te­nue en la matière, de manière à évi­ter que la zone ne soit clas­sée incons­truc­tible si elle n’est pas immé­dia­te­ment exploitée… 

Il demeure tou­te­fois un sérieux pro­blème pour le pro­mo­teur éven­tuel : les 5 hec­tares de sur­face se divisent en 290 par­celles, jamais remem­brées. Mais celui-ci peut com­men­cer à agir après avoir acquis 50 ares… 

Avan­tage majeur pour le maire, et quelques lob­bys fores­tiers, qui craignent les contraintes inhé­rentes à l’ap­pli­ca­tion de la loi « cli­mat et rési­lience » : les décrets d’ap­pli­ca­tion ne sont tou­jours pas publiés !

Réa­li­sa­tion vidéo : Max-Emi­lien Silva
Cette ressource est accessible gratuitement pour une période de temps limitée. Pour nous permettre de continuer à vous proposer articles, documentaires, vidéos et podcasts, abonnez-vous à partir de 3 euros seulement !