10h.30 : samedi 11 avril: une cinquantaine de militants de la cause antinucléaire rassemblés à Cernay devant le Centre de secours; quelques associations d’outre-Rhin sont représentées. Ils attendent dans le vent et le froid Madame Segolène Royal, Ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie.
Ils vont à nouveau demander à la rencontrer puisqu’elle a déjà refusé de les recevoir à l’occasion de ce déplacement pour inaugurer une chaufferie biomasse à Cernay.
Banderoles en français et en allemand exigeant la fermeture de Fessenheim, quelques panneaux « Fermons Fessenheim et sortons du nucléaire», «C’est Sordi de laisser cette centrale en vie » (N.D.L.R : Sordi est le nom du député maire de Cernay, député de la circonscription où se trouve la centrale, ardent défenseur de celle–ci… comme d’ailleurs du stockage dans les anciennes mines de potasse des déchets hautement toxiques qui menacent la nappe phréatique du Rhin supérieur).
Je compte une quarantaine de C.R.S et de gendarmes qui « sécurisent » le périmètre et ne permettent à personne de s’approcher à moins de 150 mètre du lieu où la ministre et le député maire vont s’exprimer, invisibles de tout non officiel, dans l’enceinte du Centre de secours.
Je dialogue avec un C.R.S qui explique qu’il n’est ni de droite, ni de gauche, que les ordres sont les ordres et que ses collègues et lui ne laisseront personne franchir ce périmètre …mais qu’il mange bio et comprend tout à fait les demandes des personnes présentes.
11h 30 : arrivée de Segolène Royal, les manifestants scandent des slogans ; compte tenu de la distance et du faible nombre de manifestants, il n’est pas sûr qu’elle les ait même entendus.
Un responsables associatif me confirme ne plus croire à la fermeture de Fessenheim à l’horizon 2016, comme annoncé par le pouvoir, ni même à quelque horizon prévisible que ce soit avec ce gouvernement. Il me confirme aussi que la mobilisation a été faible parce que très tardive, d’autres options d’actions ayant été envisagées, puis abandonnées, par les organisateurs.
D’autres manifestations d’ailleurs sont programmées : 26 avril devant Fessenheim, 7 juin à Bure où devraient être stockés les déchets nucléaires ultimes – en ex- région Lorraine donc et désormais dans la nouvelle «grande région» commune.
La désinvolture d’une ministre
Sur l’antenne d’Europe 1, cet après-midi, la ministre a déclaré, pour justifier ce refus de tout dialogue à Cernay : «Il se passe plein de choses ailleurs en Alsace» (N.DLR : que Fessenheim).
Il va falloir effectivement qu’il «se passe plein de choses» pour que des citoyens et des associations qui ont amplement prouvé leur représentativité, l’importance et le sérieux de leurs arguments scientifiques, économiques et sociétaux dans leur combat contre le nucléaire et pour la fermeture de Fessenheim – centrale dangereuse s’il en est – soient traités avec moins de désinvolture et de mépris.
Madame Royal avait défendu, aux temps de sa candidature à l’élection présidentielle, l’intérêt du renouvellement de notre vie démocratique, de la consultation directe des citoyens, de modalités de dialogue rénovées entre la classe politique et les électeurs.
Mais à l’heure des grandes manœuvres politiques (politiciennes?), des remaniement ministériels avortés (?), des motions de congrès de son parti, du vote probable d’un projet de loi, présenté par le gouvernement dont elle est ministre, qui attente gravement à nos libertés publiques (loi sur le renseignement), les travaux pratiques sur le terrain de la démocratie directe semblent lui être pénibles, surtout quand il s’agit de sujets majeurs pour l’avenir de notre société, trop sérieux donc pour être discutés par les citoyens.
Dont acte…
Christian RUBECHI