Nicole Roe­lens a publié suc­ces­si­ve­ment depuis sep­tembre 2013, 5 livres chez L’Harmattan, qui, avec le der­nier actuel­le­ment en pré­pa­ra­tion, com­posent une œuvre à laquelle elle tra­vaille depuis 10 ans. Cette œuvre s’intitule :

Mani­feste pour la déco­lo­ni­sa­tion de l’humanité femelle

L’auteure y sou­tient que l’humanité ne pour­ra se déga­ger des rap­ports d’exploitation et de vio­lence que si, et seule­ment si, elle met enfin un terme à la pre­mière et la plus fon­da­men­tale des colo­ni­sa­tions qui fait des femmes dans le monde, aujourd’hui et depuis la nuit des temps, le plus grand peuple jamais colo­ni­sé. Quelles que soient leur eth­nie, leur culture, leur situa­tion sociale, leur orien­ta­tion sexuelle, les per­sonnes humaines sexuées femelles sont colo­ni­sées dans leur corps jouis­sif et leur corps fécond et oppri­mées de ce fait dans tous les registres de leur exis­tence. Ce mani­feste replace la ques­tion de la libé­ra­tion des femmes au cœur de la recherche des alter­na­tives à la crise sociale et éco­lo­gique pla­né­taire. Il apporte les outils concep­tuels néces­saires pour que s’or­ga­nise au niveau inter­na­tio­nal un nou­veau mou­ve­ment fémi­niste en lutte pour une déco­lo­ni­sa­tion réelle, c’est-à-dire ancrée dans la vie réelle des êtres incar­nés que nous sommes.

C’est pour­quoi le pre­mier tome, La Femel­li­té et le réel pro­saïque de la vie humaine, pose des mots sur l’ex­pé­rience de vivre dans un corps sexué femelle : la jubi­la­tion et les puis­sances de la femel­li­té, mais aus­si les hontes et les agres­sions qui résultent du colo­nia­lisme des mâles. Nicole Roe­lens affirme la digni­té femelle et situe le mépris phal­lo­cra­tique de la femel­li­té comme une volon­té d’ignorer le réel de la condi­tion humaine et de sau­ve­gar­der une illu­sion de toute puis­sance. Elle arti­cule cette expé­rience femelle avec l’ex­plo­ra­tion des sou­bas­se­ments objec­tifs de la condi­tion humaine, à savoir la sexua­tion, l’in­ter­dé­pen­dance mul­ti­di­men­sion­nelle des humains et la trans­la­tion géné­ra­tion­nelle des exis­tences. Ces don­nées fon­da­men­tales de la condi­tion com­mune sou­lèvent maintes révoltes exis­ten­tielles et expliquent pour­quoi l’en­fan­te­ment est un évè­ne­ment cri­tique dans les rap­ports sociaux de sexes.

Le deuxième tome, L’enfantement des humains, décrit le long et dif­fi­cile tra­vail exis­ten­tiel qui est réa­li­sé par les femmes à chaque géné­ra­tion pour mettre au monde des humains capables de vivre par eux-mêmes. Le choc de l’ac­cou­che­ment est une confron­ta­tion majeure au réel de la vie humaine et pour­tant ce choc qui bous­cule la sub­jec­ti­vi­té des femmes est inter­dit de parole par la pas­sion d’ignorance qui est insé­pa­rable de l’oppression sexiste. Les femmes ont pour­tant un besoin vital de signi­fier ce qu’elles ont éprou­vé là, com­ment cela bous­cule leur repré­sen­ta­tions d’elles-mêmes et du monde et à quelles ques­tions ver­ti­gi­neuses elles sont confron­tées. La conven­tion d’in­si­gni­fiance qui recouvre l’en­fan­te­ment entrave la méta­bo­li­sa­tion de cette expé­rience. La concep­tion sacri­fi­cielle de la mater­ni­té qui pèse sur la sub­jec­ti­vi­té des mères per­turbe les grands appren­tis­sages huma­ni­sants de la mater­ni­té et empêche la for­mu­la­tion de la sapience (sagesse et science) qui en découle et qui serait pour­tant fon­da­men­ta­le­ment utile à l’humanité.

Le troi­sième tome, Le sys­tème de reco­lo­ni­sa­tion per­pé­tuelle, com­mence par décrire l’engrenage colo­nial mis en place par le retour­ne­ment, contre les femmes, de leur puis­sance d’enfantement. Cet engre­nage se met en place, au moment de la nais­sance de chaque géné­ra­tion, Il fonde l’escroquerie colo­niale qui consiste en l’u­ni­la­té­ra­li­sa­tion vio­lente des rap­ports d’in­ter­dé­pen­dance laquelle fonc­tionne dans la pro­créa­tion, mais éga­le­ment dans toutes lesin­te­rac­tions entre les sexes, qu’elles soient éro­tiques, pro­créa­tives, exis­ten­tielles, socio- éco­no­miques, cog­ni­tives ou spi­ri­tuelles. La pré­da­tion sexuelle sert de modèle à toutes les formes d’exploitation. Nicole Roe­lens met en exergue les quatre opé­ra­tions de base pré­sentes dans toutes les colo­ni­sa­tions, à savoir : l’annexion, le pillage, l’humiliation et l’assujettissement. Dans la colo­ni­sa­tion de l’humanité femelle , elles sont pra­ti­quées à grande échelle dans les sept registres dif­fé­rents d’interaction entre les sexes. L’a­na­lyse du sys­tème de reco­lo­ni­sa­tion per­pé­tuelle abou­tit à une grille de lec­ture des situa­tions colo­niales qui révèle l’ampleur et la vio­lence de l’emprise sexiste exer­cée sur les femmes.

Le qua­trième tome Pous­sées d’é­man­ci­pa­tion et vio­lences colo­ni­sa­trices est une explo­ra­tion appro­fon­die de la vio­lence qui vient sys­té­ma­ti­que­ment s’op­po­ser aux pous­sées éman­ci­pa­trices de la lutte des femmes. Les méta­mor­phoses de la vio­lence colo­ni­sa­trice assurent l’a­dap­ta­bi­li­té du sys­tème colo­nial qui se res­taure grâce à une migra­tion des lieux de pou­voir occu­pés par les mâles hégé­mo­niques. A la vio­lence de la domes­ti­ca­tion patriar­cale, s’a­joute ou se sub­sti­tue par­fois la vio­lence idéo­lo­gique contre la femel­li­té par le biais de la récu­pé­ra­tion des acquis de la lutte des femmes. Les femmes se voient impo­ser un modèle d’é­man­ci­pa­tion mimé­tique selon lequel elles n’existent socia­le­ment que si elles imitent les mâles. A la vio­lence idéo­lo­gique, se rajoute une emprise accrue des mâles hégé­mo­niques sur les infra­struc­tures et l’exercice d’une vio­lence tech­no­lo­gique de plus en plus grande contre la vie et celles qui la donnent. Cette nou­velle vio­lence colo­ni­sa­trice pro­vient des mêmes sources que l’exploitation et la pré­da­tion mon­dia­li­sées qui s’attaquent aux êtres humains et à la pla­nète. La des­truc­ti­vi­té col­lec­tive des mâles s’alimente depuis tou­jours aux angoisses exis­ten­tielles refou­lées. L’ex­plo­sion actuelle de la des­truc­ti­vi­té col­lec­tive s’ex­plique par une dis­pro­por­tion entre la crois­sance expo­nen­tielle des moyens de des­truc­tion dont s’est dotée l’humanité mâle et sa capa­ci­té limi­tée de spi­ri­tua­li­sa­tion des flux pas­sion­nels qui tra­versent l’humanité. L’apartheid spi­ri­tuel qui conti­nue a frap­pé les femmes empêche la spi­ri­tua­li­sa­tion de l’in­son­dable désar­roi des humains.

Le cin­quième tome, Com­ment se fabrique l’hégémonie de l’humanité mâle ? four­nit un résu­mé du pro­ces­sus contem­po­rain et pla­né­taire d’asservissement de l’humanité femelle, en l’abordant par son autre ver­sant qui est le pro­ces­sus de construc­tion de l’hégémonie de l’humanité mâle. Com­ment se fabrique, très concrè­te­ment, cette hégé­mo­nie ? L’ouvrage décrypte ce pro­cès de fabri­ca­tion, pas à pas, en sui­vant les trans­for­ma­tions-fal­si­fi­ca­tions suc­ces­sives des rap­ports sexués d’interdépendance, comme on suit la trans­for­ma­tion d’une matière pre­mière le long d’une chaîne de pro­duc­tion indus­trielle. L’acte 1 consiste à défor­mer le réel de la double sexua­tion pour obte­nir une viri­li­té hégé­mo­nique et une fémi­ni­té cas­trée. Cha­cun des autres moments de cette chaîne de fabri­ca­tion va ajou­ter une nou­velle étape dans la pro­duc­tion du pou­voir machiste d’exploitation des femelles. Le pro­cès de fabri­ca­tion fait un usage sys­té­ma­tique et gra­dué de la vio­lence. La vision pano­ra­mique de la situa­tion colo­niale qui découle de cette ana­lyse ser­vi­ra dans le pro­chain volume, à bali­ser une démarche auto­gé­rée et trans­na­tio­nale de décolonisation.

Le sixième tome, La déco­lo­ni­sa­tion ins­ti­tuante est en cours d’écriture. Il pro­po­se­ra une double démarche : ‑d’une part une démarche de déprise colo­niale pour sor­tir de la socié­té de pré­da­tion, de mépris et de vio­lence pro­duite par l’ordre sexiste.

- et d’autre part, une démarche d’institution des fon­de­ments d’une socié­té moins dis­cri­mi­na­toire et moins vio­lente. La déco­lo­ni­sa­tion ins­ti­tuante fait appel à la pers­pi­ca­ci­té des femmes de tous âges qui sont capables aujourd’hui de pro­duire une autre orga­ni­sa­tion de la vie commune.

L’auteure se défi­nit comme ana­lyste des inter­ac­tions et éco-fémi­niste. Son expé­rience de psy­cho­logue cli­ni­cienne du tra­vail et de la for­ma­tion l’a ame­née à pré­sen­ter une thèse en 96 sur La crise de l’habilitation inter­sub­jec­tive à l’existence sociale qui expli­cite le blo­cage inter­gé­né­ra­tion­nel de la socié­té contem­po­raine. En 2000, Intoxi­ca­tion pro­duc­ti­viste et déshu­ma­ni­sa­tion des rap­ports humains ana­lyse les pro­ces­sus de dis­qua­li­fi­ca­tion en chaîne et de vio­lence au tra­vail. En 2003, elle a publié Inter­ac­tions humaines et rap­ports de force entre les sub­jec­ti­vi­tés sur les conflits inhé­rents à l’interprétation du monde et à la construc­tion de la réa­li­té. Depuis elle s’est atta­chée à obser­ver la vio­lence sous-jacente à toutes les autres que consti­tue la colo­ni­sa­tion de l’humanité femelle. Nicole Roe­lens est aus­si mili­tante anti­nu­cléaire, artiste, mère et grand-mère, liber­taire et amou­reuse de la vie.

En cli­quant ici vous décou­vri­rez, pla­cé dans la média­thèque du site de L’Alterpresse68, un texte par lequel Nicole Roe­lens sou­haite ouvrir le débat sur le pro­jet social, poli­tique et civi­li­sa­tion­nel de déco­lo­ni­sa­tion de l’hu­ma­ni­té femelle. Il est inti­tu­lé : « Déco­lo­ni­sa­tion inter­na­tio­nale des femmes et restruc­tu­ra­tion des socié­tés ».

Vous pou­vez com­man­der les ouvrages déjà parus sur : http://www.editions-harmattan.fr ou chez votre libraire habi­tuel ou encore sur ama­zone. Pour tous com­plé­ments d’in­for­ma­tion, vous pou­vez consul­tez la bio­gra­phie et la biblio­gra­phie de Nicole Roe­lens sur sa page auteur du site de L’Har­mat­tan ain­si que deux inter­views : http://www.teledoller.com/index.php?option=com_hwdvideoshare&task=viewvideo&Itemid= 2&video_id=1853

https://www.youtube.com/watch?v=yd_0aaU-I2E.