Dans une lettre ouverte destinée au Premier ministre Édouard Philippe, des députés alsaciens LREM et MODEM, au premier rang desquels Thierry Michels, député LREM de la première circonscription du Bas-Rhin, réclament la dissolution du groupe bastion social de Strasbourg. C’est la seconde fois que ce député le réclame, de concert avec Roland Ries, maire de Strasbourg, dans le sillage de manifestations de citoyens excédés. La première tentative, effectuée en avril 2018, n’avait pas réuni les conditions juridiques nécessaires, selon l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb.

Bastion social est notamment constitué d’anciens militants du GUD (groupe union défense), une organisation étudiante d’extrême droite particulièrement active dans les année 70.

Cette franchise française de l’extrême droite néofasciste italienne s’est installée 29 rue Vauban à Strasbourg, le 9 décembre 2017, comme elle l’avait fait quelques mois plus tôt dans d’autres villes métropolitaines. Au premier rang desquelles Lyon, d’où elle émane initialement, et où elle exulte régulièrement par le moyen de tabassages en règle auprès de passants ou de curieux. Si bien que plusieurs de ses dirigeants ont déjà été condamnés pour faits de violence.

Le groupe manie « tactiquement » la carotte de l’aide alimentaire auprès des plus démunis, en contrepartie de quoi elle s’autorise l’usage immodéré du bâton, largement prodigué aux nécessiteux qui, par voie de naissance, souffrent de blancheur pigmentaire insuffisante, accroissant paradoxalement l’éclat de la sous-douance aryenne des membres du groupe.

Franchise française, disions-nous, car la maison-mère est italienne, et s’appelle « Blocco studentesco » (bloc étudiant), organisation étudiante d’inspiration mussolinienne, créée à Rome en 2006. Elle-même tributaire d’une holding transalpine de la haine, à vocation nationale-révolutionnaire, nommée « Casapound », baptisée ainsi en hommage à Ezra Pound, écrivain américain, et, accessoirement, apologiste de l’hitlero-fascisme aux USA à partir des années 1930, jusqu’à tenter de jouer (vainement) les entremetteurs entre des représentants du gouvernement américain et le pouvoir mussolinien.

Mais l’objectif du groupe strasbourgeois fut plus modeste depuis le mois de décembre 2017. Sa principale activité consista d’abord à écluser des bières entre soiffards de justice suprématiste blanche, dans des locaux occupés sans titres (mais les occupants strasbourgeois prétendent le contraire). Quant à la marque de leur estaminet, elle fut toute désignée : « l’Arcadia ». Un choix des plus judicieux, car si elle écume de violence totalitaire, subsumée à la chopine de blonde bavaroise, la doctrine du groupe demeure assez désarticulée au niveau de l’entendement politique. D’aucuns pourraient au demeurant la qualifier de « spatio-fasciste », tant le nom du bar choisi par ces noceurs à bouts cloutés, « l’Arcadia », renvoie, selon l’un d’entre eux, au « vaisseau qui, dans le dessin animé, permettait à Albator [personnage de pirate de l’espace créé en 1969] de saborder le système » (source : « L’Alsace » du 26 novembre 2017).

Et si on s’embarquait pour une autre planète ?

A écouter ci-dessous, Thierry Michels, député du Bas-Rhin, s’exprimant sur la demande de dissolution de bastion social Strasbourg. Il est interrogé par Luc Ueberschlag, pour Radio MNE et Alterpresse68.