Saison 1 : Résumé des épisodes précédents… (vous pourrez également retrouver ici notre premier article consacré au sujet)
Le projet de desserte forestière dans une zone boisée de 293 hectares du massif situé au-dessus des villages de Dolleren et Kirchberg dans la vallée de la Doller, est autorisé par arrêté préfectoral et les travaux prévus sur 2 ans pourraient donc commencer dès septembre.
Donc, en avant pour la série d’épisodes programmés par l’Association forestière autorisée du Sprickelsberg (A.S.A):
D’abord les travaux sur deux ans pour créer près de 8 kilomètres de « chemins » dans la forêt et permettre aux camions grumiers d’y circuler directement – camions de 44 à plus de 50 tonnes en charge tout de même -, un peu d’explosifs nécessaires en quatre points du tracé ou des brise-roches, création de pistes sur près de 2 kilomètres pour permettre la circulation d’engins de plusieurs tonnes, des abatteuses mécanisées ultra rapides puis le débardage, des troncs et leur amenée jusqu’aux zones de chargement.

Ensuite, la circulation des camions grumiers semi-remorque sur la seule route départementale de fond de vallée dans des conditions défiant le bon sens (et le code de la route puisqu’ils bloqueront la route durant leurs laborieuse manœuvres).
Puis la question de la sécurité des usagers sur certains tronçons routiers (vers le Lachtelweiher par exemple ou dans les traversées de villages, comme à Kirchberg où une maison a déjà été sérieusement endommagée par un camion de ce type.
Et, croyez – le, ce projet se situe dans le périmètre inscrit du Massif des Vosges et longe en partie la zone « Natura 2000 » !
Ne nous attardons pas sur les épisodes majeurs du film: atteintes multiples à la faune ‑y compris pour des espèces protégées- et à la flore, précisément détaillées dans l’étude d’impact réalisée à la demande de la DREAL (Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement), risques de multiplication des coupes rases si harmonieuses dans le paysage pour justifier le déplacement et la rentabilité d’engins dispendieux (voir déjà à Kirchberg et Rimbach par exemple !), risques importants pour les captages d’eau à usage domestique et les zones humides, emplois probables de produits phytosanitaires toxiques, refus de faire connaître les essences et la variété des arbres qui seront replantés et risques liés aux exploitations mono essence (insectes ravageurs en particulier).
N’évoquons pas l’épisode de la concertation bidon organisée en mairie de Dolleren, suite à la première et seule réunion publique (organisée par le collectif), avec la participation d’élus, de techniciens et experts, et de membres du Collectif, et présidée par le sous-préfet de Thann, qui a finalement débouché sur le refus de toute discussion sur les modes d’exploitation, de l’examen de normes connues de bonnes pratiques d’exploitation forestière raisonnée et raisonnable, de concertation avec les habitants de la vallée…sauf à ce que soit retirée la demande d’annulation de l’arrêté préfectoral autorisant le projet de desserte présentée par des représentants du collectif devant le Tribunal administratif de Strasbourg, acteur visiblement non souhaité par l’ASA…).
Les scieries industrielles sont pressées: elles portent ce projet et d’autres du même type (la SIAT en particulier), jamais en retard d’une forêt à couper à blanc pour alimenter les usines à palettes en Chine et au Pakistan, la production de pellets ou, bien pire et pourquoi pas, les centrales à biomasse qui alimentent les brûleries industrialisées en bois de coupes forestières : le temps c’est de l’argent bien sûr, les forêts sont des usines à cellulose, les citoyens responsables des « écolos enragés ».
Cette desserte forestière ne serait donc que la douzième du genre pour les seules vallées de la Thur et de la Doller mais c’est la première fois qu’une étude d’impact est réalisée dans le périmètre, une des trop rares fois où une résistance citoyenne s’organise, où une prise de conscience « environnementale et citoyenne » se manifeste…il est vrai dans un contexte sociétal qui évolue favorablement.
Saison 2: les épisodes de mobilisation…
Absence d’information des habitants, refus de prendre en compte les dégâts économiques potentiels à la richesse que représentent les paysages de la haute vallée de la Doller pour le tourisme, les loisirs, le cadre de vie, les emplois liés, une économie spécifique, ce projet totalement déraisonnable (mais qui coûte fort peu à nos « amis » pour qui la forêt n’est qu’une usine à bois puisque des fonds européens financent pour l’essentiel ces dessertes forestières) va-t-il passer en mode réalisation ?
Les intérêts financiers étroits de 2 ou 3 grandes scieries industrielles vont- ils dicter le scénario?
Rappelons que plus des trois quarts des propriétaires des parcelles forestières concernées (moins d’un hectare le plus souvent) n’ont jamais manifesté le moindre intérêt pour ce projet dont ils n’ont nul besoin pour leur exploitation … et que les contributions financières qui leur sont demandées ‑obligatoires dans le cadre d’une Association forestière autorisée‑, les interrogent déjà !
Mais nos sociétés de scieries industrielle poursuivent méthodiquement leur politique d’acquisition systématique et programmée de centaines et de centaines d’hectares – pour n’évoquer que la vallée de la Doller, où les parcelles forestières sont majoritairement privées, pour organiser et optimiser leurs projets d’exploitation industrielle forestière brutale… loin de toute préoccupation environnementale, de tout souci des évolutions sociétales actuelles sur ces sujets, sans consultation publique, sans contrôle réel d’un Office national des Forêts, s’agissant de forêts privées et d’un Office par ailleurs lui-même en danger de privatisation de fait.
Contre ces caricatures d’exploitation forestière, dans un contexte où les mobilisations pour l’environnement se multiplient, où la disparition des forêts et son impact climatique, les risques de sécheresse, deviennent réels y compris dans les Vosges, la mobilisation va donc s’amplifier.
Épisodes à venir
Un évènement festif et pédagogique en septembre puisque les travaux devraient débuter à cette période, information large médias et réseaux sociaux, projet de pétition, interventions d’autres associations soucieuses de lutter contre la prédation forestière, saisine d’élus sensibilisés à la question – notamment européens – …sans oublier les échéances des élections municipales dans la vallée qui ne se feront pas sans que ce dossier ne soit largement évoqué et porté.
2001 avait vu la création légale de ces formes associatives, les ASA, pouvant être imposées aux propriétaires minoritaires pour optimiser leurs gestions forestières.
« Préalables à la gestion forestière durable » pour « améliorer la desserte forestière, le transport des bois sur camions, le suivi sanitaire des peuplements, permettre l’évacuation d’un propriétaire ou d’un travailleur accidenté (voir le site forestiers d’Alsace) ». Pourquoi pas?
Mais nous en mesurons aujourd’hui les risques majeurs, les insuffisances, la capacité de structures capitalistiques à en détourner l’esprit… et l’impuissance d’élus locaux dépassés.
Dénoncer les dangers d’une exploitation forestière irresponsable qui ne voit dans les forêts que des usines à cellulose, imposer la prise en compte des impacts et des risques réels, imposer de véritables concertations … autant de raisons de suivre les épisodes de la saison 2 !
Pour s’informer auprès du Collectif citoyen de défense du Sprickelsberg, c’est par ici.
Pourquoi ceux que ca dérange n achetent pas simplement la foret?
L’achat d’un bien public n’est pas la solution, puisque un certain nombre de déjà-propriétaires ne souhaitent pas transformer leur forêt en usine ; il faut commencer par penser juste.…