Confédération syndicale majeure d’Allemagne, le DGB fédère huit syndicats, et représente plus de 6 millions d’adhérents, parmi lesquels deux poids lourds qui constituent près des deux tiers du total : IG Metall (métallurgie) et Ver.di (services).

Dans une note de synthèse rédigée par Horst Raupp, secrétaire régional du DGB Südhessen, adressée au comité régional Grand Est de la CGT, elle y dénonce le recours au dispositif du temps partiel mais insuffisamment indemnisé. Tout comme en France, le nombre d’entreprises qui ont recours au travail à temps partiel a fortement augmenté.

Le 27 mars, 470 000 établissements avaient déposé une demande, et 650 000 le 6 avril. Depuis lors, 725 000 entreprises ont annoncé une activité à temps partiel, soit 33 % de toutes les entreprises ayant au moins un employé assujetti aux cotisations de sécurité sociale. À titre de comparaison, au cours de la crise financière de 2009, 22 913 entreprises avaient recouru au travail à temps partiel.

L’allocation de remplacement équivaut à 60% du dernier salaire net (67% pour les parents). Cela place l’Allemagne au dernier rang des pays européens dotés de réglementations similaires. En France, l’allocation de l’activité partielle est financée à hauteur de deux tiers par l’État, le tiers restant est à la charge de l’Unédic, dans la limite de 4,5 smic (pour les salaires allant jusqu’à 6 927 euros bruts mensuels), à raison de 84% du salaire net horaire. Pour de nombreux travailleurs allemands, cela signifie jusqu’à 40% de revenus en moins.

Pays où le droit du travail est principalement régi par les conventions collectives, les syndicats d’Outre-Rhin ont convenu par voie de conventions collectives que les indemnités de travail à temps partiel devraient être augmentées dans un certain nombre d’entreprises et de secteurs.

Ainsi, dans l’industrie chimique et dans la restauration rapide, les employés doivent bénéficier de 90% du dernier revenu. Dans l’industrie métallurgique et électrique du Bade-Wurtemberg, c’est jusqu’à 97% du salaire net. Dans d’autres secteurs aussi, il y a des compensations importantes par le biais de conventions collectives. Pour la première fois, une convention collective sur les indemnités de travail à temps partiel a également été négociée pour dans certains secteurs de la fonction publique. Il prévoit des augmentations pouvant aller jusqu’à 95% du salaire net.

En Allemagne, bien qu’il existe désormais un grand nombre de conventions collectives, celles-ci ne s’appliquent encore qu’à une minorité des salariés. Il existe donc un risque non négligeable pour que des millions de travailleurs basculent dans le régime  Hartz IV (équivalent du RSA), en particulier les employés des secteurs à bas salaires.

Si le gouvernement allemand a lancé de vastes programmes de sauvetage d’une valeur de 750 milliards d’euros pour amortir l’impact social et économique de la crise, le DGB redoute que des milliards ne soient déversés pour le compte des entreprises, et que de nombreux salariés ne soient placés au régime Hartz IV !

C’est pourquoi la confédération demande que l’allocation de travail à temps partiel soit portée respectivement à 80% et 87% du dernier salaire net.

Le ministre fédéral du Travail Hubertus Heil (SPD) et le groupe parlementaire du SPD ont annoncé leur soutien à la revendication syndicale. La CDU/CSU a jusqu’à présent refusé de le faire.

Pour les syndicalistes, plus de 40 millions de salariés paient impôts et cotisations de sécurité sociale chaque mois. Cet argent devant maintenant bénéficier aux travailleurs privés d’emploi.

Le DGB réclame par ailleurs la suspension des expulsions locatives, ainsi que celles relatives aux coupures d’électricité, de gaz et d’eau.

Par ailleurs, un bon nombre d’employeurs tentent de profiter de la situation actuelle pour démanteler les droits sociaux durement gagnés, selon la confédération syndicale. Parmi les employeurs de l’agriculture et dans d’autres secteurs, ceux-ci abusent de la crainte de la perte d’emploi par les travailleurs pour réduire les salaires et augmenter les heures de travail.

Selon les derniers rapports de l’Agence fédérale pour l’emploi, il n’y aurait actuellement pas d’augmentation significative du nombre de chômeurs. Mais cela peut changer rapidement et dépend de la façon dont la crise se développe et comment on parviendra à la contrer par des mesures politiques.

Tirer les leçons de la crise pour une réorientation fondamentale

Le DGB demande aux acteurs politiques de tirer les leçons de la crise. Celle-ci illustrant cruellement à quel point il est mauvais et nocif de soumettre les infrastructures publiques à la diète et de privatiser des pans du système de santé, alors que dans de nombreux établissements de santé, et dans les maisons de retraite médicalisées, les équipements de protection médicale font défaut.

“Les associations d’employeurs réclament un redémarrage rapide de l’économie. La position syndicale est que l’économie et la vie publique en Allemagne ne peuvent redémarrer progressivement, qu’en s’assurant que les gens soient protégés, en particulier sur le lieu de travail. En aucun cas, il ne peut être question de courir le risque d’une deuxième vague d’infection pour des raisons d’ordre économiques.  

Les décideurs politiques doivent assurer un financement équitable du fardeau de la crise et de la justice fiscale. Le centile le plus riche de la population d’Allemagne dispose d’une fortune nette de 3 800 milliards d’euros. Les grandes fortunes, les riches héritages, les bénéfices des entreprises, les revenus les plus élevés et les transactions financières doivent enfin être imposés dans de bonnes proportions.

Ce n’est qu’ainsi que le gouvernement fédéral, les Länder, les villes, les municipalités et les districts peuvent faire face aux fardeaux de la crise et investir dans des tâches importantes pour l’avenir dans l’intérêt de la population.

Les travailleurs de la santé, du soin et de la distribution alimentaire reçoivent beaucoup de soutiens de la part du public et du monde politique. À juste titre. Mais le seul hommage verbal ne peut suffire.

Les conditions de travail et la rémunération des employés doivent être radicalement améliorées. Ils doivent enfin obtenir beaucoup plus de rémunération pour leur tâches difficiles et importantes”.  

Le DBG avertissant enfin que “Le coronavirus ne connaît ni frontière ni nationalité. Nous ne pouvons lutter avec succès contre la pandémie et ses effets sociaux et économiques qu’ensemble et solidaires. Notre lutte commune pour une Europe sociale et solidaire et la solidarité internationale est plus importante que jamais !”

D’après une traduction de Raymond Ruck

Communiqué de presse du DGB (en allemand)