De sources diverses, Emma­nuel Macron, lui-même, Satrape titu­laire de la chaire notoi­re­ment incom­pé­tente du Col­lège de Coro­na­phy­sique, aurait annon­cé ce jeu­di aux maires de France que le décon­fi­ne­ment ne devrait pas se faire région par région, mais selon une dif­fé­ren­cia­tion ter­ri­to­ria­li­sée, dont le sub­til équi­libre est encore le pro­duit de phos­pho­ras­sions diverses.

Une cla­ri­fi­ca­tion de la situa­tion en Alsace devrait être faite dans les pro­chaines heures, selon les cura­teurs inamo­vibles du savoir confiné.

Dans cette attente, une petite musique média­tique rai­sonne déjà dans les colonnes du quo­ti­dien matu­ti­nal unique alsa­cien DNA‑L’Alsace.

Garde-à-vous édi­to­rial

Des articles semblent en effet acter, l’air-de-ne-pas-instruire-au-garde-à-vous-la-requête-des dominants-sans-même-penser-à‑l’interroger, l’idée que le décon­fi­ne­ment pour­rait bien attendre quelques calendes, dans le Haut et la Bas Rhin, voire même dans les Vosges et la Moselle.

« L’Alsace pour­rait sor­tir plus tard du confi­ne­ment » titre, pas acca­blé pour un sou, et sans même recou­rir à l’exclamatif, l’article des DNA‑L’Alsace du 23 avril.  

Pour preuve, Édouard Phi­lippe, lui-même Pre­mier bar­bon Pro­vé­di­teur déblan­chi, s’en fut visi­ter la cité stras­bour­geoise ce jeudi.

Sans doute afin d’interroger les élus régio­naux (dont Jean Rott­ner, convié à déjeu­ner) et pré­fets qui eux-mêmes ne cessent de s’interroger sur le bien­fon­dé d’une telle ques­tion. Un véri­table dilemme à la Ray­mond Devos.  

Fré­dé­ric Bier­ry, pré­sident du dépar­te­ment du Bas-Rhin, en pro­fi­ta pour susur­rer à l’oreille de Phi­lippe Édouard l’ex­cel­lente idée de rou­vrir les éta­blis­se­ments sco­laires en date du 25 mai seule­ment, au motif de l’exténuation du per­son­nel soi­gnant, lequel ne pour­rait sup­por­ter une seconde vague virale. Ce dont on se doute bien.

Et pour­quoi pas le 30 juin ? Sinon la semaine des 4 jeu­dis de sep­tembre ? Tant il est fort peu pro­bable que les soi­gnants soient mieux dis­po­sés à souf­frir une nou­velle catas­trophe sani­taire lors de la ren­trée prochaine.

L’Alsace y revient : « Il est de moins en moins cer­tain que le décon­fi­ne­ment se fera au même rythme par­tout. En tout cas la ques­tion se pose de déca­ler la levée des contraintes les plus fortes pour les deux dépar­te­ments alsa­ciens, voire aus­si pour la Moselle et les Vosges ».

Ain­si, « l’hypothèse d’une sor­tie du confi­ne­ment éta­lée selon les régions fait son che­min. En Alsace elle est en train de s’imposer ».

Ah ? Elle s’impose donc. Voi­là. Mais a‑t-on deman­dé aux pre­miers inté­res­sés s’ils en pen­saient quelque chose ?

Par la même occa­sion, pour­ra-t-on en pro­fi­ter pour expli­quer le sens de ce cirque auto­ri­taire et pué­ril de tra­di­tion franco-française ?

Le cirque consis­tant à ren­sei­gner une attes­ta­tion, escomp­ter le bon sens du cer­bère muni­ci­pal ou natio­nal (alors que les abus sont légions, on en repar­le­ra ici), être empê­ché de sor­tir en la com­pa­gnie de sa famille, et être géné­ra­le­ment infan­ti­li­sé en per­ma­nence par un État qui pour­rait « ser­rer la vis » des habi­tants (l’expression est reprise ad nau­seam par la presse natio­nale) à la volon­té de son élite condes­cen­dante et méprisante.

Un seul cre­do semble d’ailleurs lui ser­vir de bous­sole idéo­lo­gique en ces temps de brouillard épais : ne sur­tout pas faire confiance. Pen­ser que la popu­la­tion ne fait aucun cas des gestes de pré­cau­tions, n’est pas hau­te­ment consciente de la souf­france du per­son­nel soi­gnant de Mul­house et d’ailleurs (dont ce jour­nal a ren­du compte).

La véri­té est ici, et ne s’a­vance pas masquée 

Ce fai­sant, il s’a­git éga­le­ment de faire diver­sion sur l’essentiel dont les repré­sen­tants de l’État sont seuls res­pon­sables: pas de volon­té poli­tique de déve­lop­per des tests à très grande échelle pour sor­tir objec­ti­ve­ment de cette situa­tion d’atrophie géné­ra­li­sée, liqui­da­tion déli­bé­rée des stocks d’État des moyens de pro­phy­laxie (masques, gants, sur-blouses, gels…) et, plus que tout, réduc­tion à l’état de mar­chan­dise ordi­naire du geste de soin et des infra­struc­tures sanitaires.

Par consé­quent, quoi de plus néces­saire que d’obliger « nos » poli­tiques de tous bords à por­ter eux-mêmes, et pres­te­ment, la cami­sole, et de ces­ser impu­né­ment leurs tirades altières et infan­ti­li­santes, à l’image de ce dont les voi­sins alle­mands sont capables de ne pas faire.

Et pour­tant, au pré­texte d’un chan­tage affec­tif mons­trueux, consis­tant à s’appuyer sur le sort actuel connu par le corps médi­cal enga­gé dans la lutte contre la pan­dé­mie, c’est la popu­la­tion tout entière qui est tenue en res­pect, assi­gnée à rési­dence, et demeure tou­jours sus­pecte de com­por­te­ments irresponsables.

His­toire d’enfoncer le clou de la sup­po­sée doci­li­té locale, DNA‑L’Alsace men­tionne oppor­tu­né­ment dans une tête de para­graphe du même article : « L’hô­pi­tal ne s’est pas encore remis de la pre­mière vague » (en fait 25% des consul­tants aux urgences de Mul­house le font encore au titre d’une sus­pi­cion de covid19, selon Marc Noi­zet, chef des urgences de Mul­house).

Têtes de plomb 

A cette cohorte de fief­fés imbé­ciles gavés de cer­ti­tudes néo­li­bé­rales et autres per­son­nels de la haute fonc­tion publique confis d’autosatisfaction mor­bide, il appa­rait judi­cieux de rap­pe­ler une chose, aus­si élé­men­taire qu’essentielle, avant de la retrou­ver sub­mer­gée par une vague de colère popu­laire : vous êtes à notre ser­vice. La réci­pro­ci­té ne valant pas.

Nous ne fai­sons pas corps avec vous. A moins que les termes du pacte social d’Ancien Régime qui liait le peuple au Roi pré­valent encore, ce qui ne sur­pren­drait pas plus que cela, soit dit en passant.

Les citoyens ne vous appar­tiennent pas. Ils ne vous sont rede­vables de rien, ne sont res­pon­sables en rien, ne sont pas à votre dis­po­si­tion, et ne servent pas plus de rats de labo­ra­toire à votre poli­tique malfaisante. 

Le spec­tacle de la folle déré­lic­tion de ce gou­ver­ne­ment est d’au­tant plus éprou­vant, que le citoyen peut avoir pour impres­sion que plus rien, sinon la mons­tra­tion mor­bide des gou­ver­nants, n’a d’exis­tence tan­gible. L’op­po­si­tion est inau­dible, les contre-pou­voirs sont muse­lés ou se sont auto-cen­su­rés, les médias relaient en l’am­pli­fiant l’atmosphère anxio­gène. Un spec­tacle déses­pé­rant d’impuissance. 

De ce fait, n’ayant pas de compte à vous rendre, cela contrai­re­ment à vous, et sans doute à une église évan­gé­lique mul­hou­sienne, nous renouons avec une cer­taine prise sur les évè­ne­ments par la ces­sa­tion de l’au­to-séques­tra­tion pré­vue en date du 11 mai. N’en déplaise à vos tristes sires, qu’ils soient locaux ou nationaux.

La popu­la­tion sait ce qu’elle a à faire pour se pro­té­ger, et pro­té­ger les autres, car elle n’a plus l’âge du bac à sable, dans lequel vous vous tor­tillez depuis 2 mois. Pas plus qu’elle n’a à subir les effets d’une double ou triple peine: confi­née plus tôt, décon­fi­née plus tard, car lieu ori­gi­naire, ain­si que l’illustre ter­ri­ble­ment cette ani­ma­tion ciné­tique.

Les mesures illé­gales et dis­cri­mi­na­toires se mul­ti­pliant d’ailleurs déjà dans cer­taines muni­ci­pa­li­tés, sur les­quelles nous aurons l’oc­ca­sion de reve­nir. Citons sim­ple­ment la situa­tion à Nice, où le maire Estro­si a pla­cé les quar­tiers popu­laires (et eux seuls) sous couvre-feu. 

Quant à Mul­house, le couvre-feu y a été recon­duit jus­qu’au 11 mai, sans jus­ti­fi­ca­tion particulière. 

Les pays voi­sins (Suisse et Alle­magne), n’ont quant à eux jamais eu recours à un sys­tème de contrôle social aus­si auto­ri­taire qu’ab­surde, et leur tra­jec­toire de reflux viral est la même que la nôtre (sans comp­ter une mor­ta­li­té 5 fois infé­rieure en Allemagne). 

Ce qui prouve que la méthode fran­çaise (ou ita­lienne et espa­gnole) est aus­si stu­pide que contre­pro­duc­tive du point de vue sani­taire. Et qu’elle demeure par ailleurs gros­siè­re­ment atten­ta­toire aux droits et liber­tés civiles.

Au reste, et contrai­re­ment à tous ses homo­logues euro­péens, Macron est le seul à ne pas même se sou­cier de don­ner l’exemple du « res­tez chez vous », en ne ces­sant de sillon­ner le ter­ri­toire, comme Saint Joseph d’A­ri­ma­thie, patron des fos­soyeurs, veillant sur l’é­ten­due du désastre. 

L’émission « Quo­ti­dien » illus­trait par­fai­te­ment une telle aber­ra­tion dans cette séquence de 5 minutes, dif­fu­sée le 22 avril sur la chaine TMC :

https://vimeo.com/411404457

Le Roi en son bon vou­loir, pour un si triste fou­toir : vrai­ment pas besoin d’une « attes­ta­tion déro­ga­toire de sor­tie » pour y croire.