Si le 8 mai 1945 est la date de la capitulation de l’Allemagne nazie pour les Alliés occidentaux, c’est le jour suivant, le 9, qui a été retenu par l’Union soviétique.

Hans-Peter GOERGENS, ancien syndicaliste métallurgiste, est un infatigable dénicheur de la mémoire des crimes nazis. Il organise un hommage, ce 9 mai à 11h, au vieux cimetière d’Offenburg (le « Weingartenfriedhof », derrière le cimetière juif), aux 3,5 millions de prisonniers de guerre soviétiques morts de faim dans les camps de travaux forcés.

En parallèle à l‘évocation de ce crime de masse, il compte aussi remettre en mémoire un fait particulier survenu à Offenburg.

À partir des informations fournis par Hans-Peter :

« Le 15 avril 1945, l‘armée française avait pris la ville. Avant de quitter la ville, la Wehrmacht avait emmuré des bombes à retardement dans les bâtiments de la caserne.

Les Français eurent à faire face à un énorme problème : les travailleurs forcés des pays occidentaux purent être rapatriés assez rapidement, mais ceux de l‘est devaient être nourris et hébergés. Comme il y avait de la place dans les casernes, on les y installa. Puis les bombes explosèrent le 4 mai et firent 196 victimes parmi les forçats soviétiques.

Les Français obligèrent des pontes nazis de Bade à dégager les les trois bâtiments et à récupérer les cadavres. Plus tard, les corps furent enterrés derrière le cimetière juif et à côté des tombes des camps de concentration.

Les survivants se livrèrent ensuite à des pillages que l’armée française du stopper. Ils furent relogés dans des appartements à proximité des casernes, évacués à cet effet.

Certains d‘entre eux, dont des femmes, sont revenus à Offenburg. Elles se sont indignées du fait qu‘il ne restait rien du camp, pas même une plaque commémorative.

Ce sont en tout onze millions de personnes qui ont été déportées pour travail forcé en Allemagne, en provenance des pays occupés, ou après accord avec leurs gouvernements (ceux de Mussolini et Pétain).


À Heppenheim (Hesse), où se trouvait également un camp secondaire de Natzweiler-Struthof, une stèle dans un grand parc indique l‘emplacement d‘un camp de prisonniers de guerre de l‘Armée rouge que les nazis ont laissé délibérément mourir de faim. Ils ont été enterrés dans un cimetière. Reste à Hans-Peter à y retrouver les tombes des Russes.

L‘ouvrage « Pas des camarades“ – « La Wehrmacht et les prisonniers de guerre soviétiques 1941-1945,

évoque l‘existence d‘innombrables camps de prisonniers, y compris sur le territoire allemand.

Le travail de mémoire commence petit à petit. À Stukenbrock près de Bielefeld se trouvait un camp de 60 000 prisonniers dont seuls 9000 ont survécu.

Hans-Peter conclue « Nous devons, nous et nos descendants prendre conscience de cela : ce crime a jailli de notre peuple. Même si chacun n’y a pas participé personnellement, ce peuple a laissé un gouvernement de criminels au pouvoir. »

Et de clore son communiqué de presse par cette citation de Ernst Bloch : «  Nur jenes Erinnern ist fruchtbar, das zugleich erinnert, was noch zu tun ist. » (« Le seul souvenir fécond est celui qui nous rappelle en même temps ce qu’il reste à faire »).